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Affaire Safiatou Lopez : «Je cherche en vain à savoir ce qui est reproché à ma cliente»(Me Silvère Kiemtaremboumbou)

 

«Safiatou Lopez était en complicité avec d’autres personnes pour libérer des putschistes», voilà l’explication que «Dame Rumeur» a donnée ont suite à l’arrestation de la militante de la société civile. Cela est-il vrai ou faux ? Joint au téléphone à la gendarmerie le jeudi 30 août 2018, son avocat, Me Silvère Kiemtaremboumbou, soutient ne pas être au courant des motifs qui on conduit la gendarmerie à perquisitionner le domicile de sa cliente et à la retenir à la gendarmerie de Paspanga.

 

 

 

 

Quand avez-vous appris que la gendarmerie a débarqué chez Safiatou Lopez ?

 

 

 

Hier dans la mi-journée autour de 13h - 15h. Je l’ai sus par mes moyens. Nous communiquons, elle m’a appelé et j’ai vu effectivement à travers ses caméras de surveillance que la gendarmerie était à sa porte et avait pratiquement encerclé sa cour.

 

 

 

A quel moment avez-vous eu accès à votre cliente ?

 

 

 

Personnellement, c’est ce matin (NDLR : jeudi 30) que j’ai eu accès à elle. Jusqu’à hier c’était au téléphone parce que la gendarmerie m’a en empêché.

 

 

 

Elle est actuellement détenue où ? 

 

 

 

Elle est actuellement retenue au niveau de la brigade de recherche de la gendarmerie de Paspanga.

 

 

 

A ce qu’on dit, les pandores ont débarqué mercredi soir sans mandat, qu’en savez-vous ?

 

 

 

Effectivement, je puis vous affirmer sans risque de me tromper que c’est sans mandat. Aucun mandat n’a été présenté à madame Lopez. De toutes les façons, c’est depuis hier (NDLR : mercredi 29) dans la mi-journée que les gendarmes se sont présentés. Et c’est pratiquement autour de 21h qu’ils ont forcé son portail. Et c’est par une des fenêtres que la gendarmerie a eu accès à l’intérieur de son logement. C’est à ce moment qu’elle a été obligée d’ouvrir la porte. Sinon, ils sont entrés par effraction. Non seulement ils ont cassé le portail mais ils sont entrés par la fenêtre. Ils n’ont présenté à madame Lopez aucun titre, ni un mandat d’arrestation, ni aucun mandat de perquisition. Sans oublier qu’elle n’avait jamais été convoquée par aucune autorité, que ce soit le procureur ou la gendarmerie. Elle était extrêmement surprise de voir la gendarmerie débarquer chez elle.

 

 

 

Parlant de la porte qui a été forcée, est-ce qu’on peut assimiler cela à une violation de domicile ? Dans le cas d’espèce, qui en prend en charge les frais de réparation ? 

 

 

 

Lorsque les forces de l’ordre travaillent de manière illégale, elles viennent sans mandat, sans titre particulier, elles engagent leur responsabilité personnelle. L’Etat aussi est responsable du fait de ces agents. Il faut dire que les gendarmes qui ont forcé la porte et la fenêtre sont directement responsables ainsi que l’Etat. Donc c’est l’Etat qui doit endosser la responsabilité définitive sur les réparations. C’est une violation de domicile plus dégradation volontaire de matériels.

 

 

 

La perquisition a eu lieu finalement ce jeudi 30 août au matin ; si ce n’est pas indiscret, qu’est-ce que les gendarmes ont trouvé ? Qu’est-ce qu’ils ont emporté ?

 

 

 

Absolument rien de particulier n’a été retrouvé chez madame Lopez. Tous ses téléphones portables ont été saisis, les portables qu’elle utilise actuellement ainsi que ceux qu’elle n’utilisait plus depuis très longtemps. Il y a aussi ses téléphones professionnels, ceux de son mari et de ses enfants, les ordinateurs portables, les disques durs qui ont été saisis. Les agents qui étaient sur le terrain ne savaient même pas ce qu’ils cherchaient spécialement. Je leur ai posé la question de savoir ce qu’ils cherchaient, ils ont dit simplement qu’ils viennent perquisitionner. J’en ai conclu qu’ils ne le savent pas. Toute la maison a été perquisitionnée : ses chambres, sa cuisine, ses véhicules. Tout a été perquisitionné mais ils n’ont absolument rien vu de particulier sauf ses téléphones portables et l’ensemble des éléments que je viens de vous indiquer. Cette perquisition a été suspendue parce que, tout simplement alors que nous y étions, le service technique de recherche judiciaire a fait son apparition pour désactiver tout ce qu’il y avait comme système de sécurité personnelle de madame Lopez, à savoir ses caméras. Ce qui me paraissait assez absurde parce qu’on ne peut pas empêcher une personne d’assurer sa propre sécurité. Les caméras de surveillance ont tout simplement été désactivées afin d’emporter son disque dur. Sur ce point, je n’étais pas du tout d’accord, et à celui qui est venu pour cette tâche j’ai demandé s’il était muni d’un titre particulier. Il m’a dit non. Donc nous nous sommes achoppés, raison pour laquelle cette perquisition a été suspendue et on ne sait pas jusqu’à quand cela va reprendre.

 

 

 

Au juste, qu’est-ce qu’on reproche à Safiatou Lopez ? On vient d’apprendre qu’elle était en complicité avec certains éléments pour libérer les putschistes.

 

 

 

Jusqu’à l’heure où je vous parle, je cherche en vain à savoir ce qui est reproché à madame Lopez. J’ai posé cette question à l’adjudant-chef major Bélem qui est celui qui dirige les opérations sur le terrain.  Il m’a dit ne rien savoir, que ce sont des ordres reçus du parquet militaire. Jusqu’à présent aucun chef d’infraction n’a été notifié à madame Lopez. A l’heure où je vous parle, je suis à la gendarmerie, et absolument rien ne lui a été notifié. C’est vous qui m’informez d’une opération de complicité avec X ou Y.

 

 

 

 

 

Ce n’est pas la première fois que votre cliente à des soucis avec l’institution judiciaire ; est-ce que vous avez l’impression qu’elle est persécutée ?

 

 

 

Ohhh ! Je n’ai pas d’impression particulière.

 

 

 

J. Benjamine Kaboré

 

Rabiatou Congo (Stagiaire)

 

 

 

Dernière modification ledimanche, 02 septembre 2018 17:30

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