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Maouloud 2018 : «Nous sommes de plus en plus musulmans sans l’islam» (Dr Aboubacar Doukouré, guide spirituel)

 

L’Institut Al Elmi franco-arabe, sis au quartier Hamdalaye à Ouagadougou, a vibré au rythme de cantiques religieux, de récitation du Coran et de prêches, dans la nuit du 19 au 20 novembre 2018. Des fidèles, de tous horizons, y ont accouru pour célébrer le Maouloud ou la naissance du prophète de l’islam, le modèle le plus achevé du musulman. Le responsable de l’association Ittihad Islami du Burkina, le Dr Aboubacar Doukouré, a saisi cette occasion pour rappeler aux mahométanes et aux mahométans qui a été le prophète Mohammed. Quelle a été sa mission ? Quels sont ses enseignements pour un monde débarrassé de violence et de comportements aux antipodes du vivre-ensemble ? Pour le Mufti, «nous sommes de plus en plus musulmans sans l’islam» d’où un appel à revenir ou à redoubler d’efforts dans l’adoration d’Allah.

 

L’Institut Al Elmi franco-arabe n’a pu contenir ses ‘’élèves’’ dans la nuit du 19 au 20 novembre 2018, en marge de la célébration du Maouloud ou naissance du prophète Mahommed. L’enceinte a été inondée dans ses moindres centimètres carrés par des fidèles venus des quatre coins de Ouagadougou, des villes du pays et d’au-delà des frontières. Ils étaient vêtus de boubous blancs ou en tailleur ordinaire avec des chapelets dans leurs mains qu’ils ne cessaient d’égrener. Deux projecteurs sont mis à contribution afin de permettre aux fidèles les plus éloignés d’avoir une vue sur l’aire où sont installés des autorités administratives, des députés, des coutumiers, des représentants d’autres confessions religieuses, entre autres. La récitation des cantiques vont bon train en attendant l’arrivée de l’organisateur en chef, le cheik Aboubacar Doukouré, dont le domicile est à quelques pas de l’Institut «Le Savoir» (Al Elmi, en arabe).

 

Dès 23h, le guide spirituel échange des amabilités avec ses invités de marque, des accolades par-ci, des bras en l’air par-là, pour saluer l’assistance à la manière des chefs d’Etat au moment des bains de foule. Mais ici, pas de politique, c’est une veillée de prêche pour célébrer l’anniversaire du prophète de l’islam, né à la Mecque vers 570 après Jésus Christ et mort à Médine en 632. Le dernier des messagers est issu de l’union entre Abdullah ibn Abdil-Mouttalib et Amina bint Wahb. Après une brève lecture du Coran, en lever de rideau, le Mufti a rappelé à ses coreligionnaires que la personne célébrée a été envoyée en mission ; celle qui consiste à demander à l’humanité d’adorer Dieu, de faire du bien et d’éviter le mal, d’aider les pauvres, d’instaurer la paix, la justice sociale pour tout le monde, de vivre heureux. «L’islam que nous a enseigné le prophète Mohammed n’a jamais dit de vivre dans la violence, le sang et les troubles. C’est plutôt l’entente, la collaboration, car les gens se complètent », a souligné le Dr Aboubacar Doukouré pour qui il y a une nécessité de rappeler instamment «le vrai message de l’islam aux fidèles pour qu’ils comprennent et pratiquent au mieux cette religion». Il fait allusion aux turbulences que connaît le monde entier ainsi qu’aux agissements d’individus se réclamant de l’islam mais aux penchants funestes. «Le Burkina Faso ne fait pas exception à cela, mais l’arme du croyant, c’est la prière. Il y a des moments dans la nuit où les prières et les vœux sont exaucés, c’est le dernier tiers de la nuit. Après les prêches, à partir de 4h du matin, nous lirons tout le Saint-Coran avant de demander à l’assistance d’avoir de bonnes intentions pour nous-mêmes, nos familles et notre pays», a expliqué le cheik, convaincu que dans «ce monde fou, sorti par milliers, il y a des pieux, voire des saints» dont les supplications produiront les effets escomptés.         

 

Il a invité les fidèles à revenir ou à redoubler d’effort dans l’adoration d’Allah, «car de nos jours, nous sommes de plus en plus musulmans sans l’islam. L’islam nous enseigne d’aimer Dieu et son prophète plus que tout au monde. Mais est-ce que nous sommes dans cette dynamique ? Est-ce que nous sommes prêts à mettre nos obligations religieuses et notre obéissance au Seigneur devant nos intérêts personnels ? Beaucoup d’entre nous préfèrent les conversations avec les amis sur Whatsapp que d’aller accomplir la prière », a-t-il dit. Il s’est aussi exprimé sur des vices dont le musulman doit se départir (orgueil, jalousie, calomnie, hypocrisie, médisance) comme l’a enseigné le dernier messager.   

 

Le gouvernement burkinabè par la voix du ministre en charge du culte, Siméon Sawadogo, lui, a transmis à l’assistance les salutations et les remerciements du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, et du Premier ministre,  Paul Kaba Thiéba. «A un moment donné, nos autorités avaient demandé à toutes les confessions religieuses de faire des prières pour le pays. Cela a été fait, il y a eu des doua, des demandes de protection pour le pays, nous avons la certitude qu’ils ont été exaucés et grâce à vous, nous allons redresser la barre de telle sorte que le Burkina demeure débout et fier», a indiqué le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui n’a pas manqué de louer les efforts du guide spirituel pour la promotion du vrai islam.

 

 

Aboubacar Dermé

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