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Défections dans les rangs de Fayulu: Ewanga veut « étaler son linge sale là où y a soleil »

La défaite est toujours orpheline, et la victoire a plusieurs pères. Martin Fayulu est en train d’en faire l’amère expérience. Probable vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, mais floué de cette victoire suite à un hold-up savamment orchestré par Joseph Kabila, le président de la coalition Lamuka doit maintenant faire face à la multiplication des défections dans ses rangs : l’Alternance pour la République (AR) vient ainsi de prendre acte et donc de reconnaître l’élection de Félix Tshisekedi, l’opposant accommodant que Petit-Kabila s’est choisi comme successeur et qui a prêté serment le 24 janvier dernier.

L’AR, ne l’oublions pas, est un groupement politique proche de l’opposant Moïse Katumbi qui avait décidé avec Jean-Bertrand Ewanga, l’autre exclu du scrutin, de rouler pour Fayulu. Rien ne dit qu’en volant au secours de la victoire, JBE, qui a signé l’acte d’allégeance, prêche l’évangile selon saint Moïse, mais le coup est néanmoins rude quand on le revoit encore presque bras dessus bras dessous avec le porte-drapeau de la coalition Lamuka.

La saignée, peut-être, ne fait que commencer. Signe de résignation face à des braqueurs électoraux contre lesquels ils ne peuvent pas grand-chose, ou realpolitik pour ne pas insulter l’avenir ? Il y a tout lieu de croire que c’est cette deuxième hypothèse qui a incité au virage l’AR, l’une des principales composantes d’Ensemble pour le changement, la plateforme de l’ancien gouverneur aujourd’hui exilé. Ewanga a certes démenti  la rumeur selon laquelle il se rapprocherait du nouveau locataire du palais de la Nation, mais on peut parier que c’est une question de temps. Tôt ou tard, nombreux sont ceux qui vont entrer dans les rangs, ne serait-ce que par pur opportunisme, question «d’étaler leur linge là où y a soleil», comme on dirait à Abidjan. La politique du tube digestif, pour reprendre l’expression de l’homme politique feu Issa Tiendrébéogo, va très vite prendre le dessus. Et peut-être que d’ici quelques mois, il ne va rester autour de Fayulu que le dernier carré de résistants et ceux qui n’ont pu monnayer leur ralliement.

Il faut reconnaître cependant qu’avant Ewanga, le panurgisme politico-diplomatique a été entamé par l’Union africaine et l’Union européenne qui, après avoir dénoncé les conditions frauduleuses de l’élection et exigé sans succès la suspension des résultats définitifs  délivrés par la Cour constitutionnelle, ont fini par abattre la carte du pragmatisme. Le président français, Emmanuel Macron, lui-même, n’a-t-il pas pris sa plus belle plume pour écrire à son désormais homologue, Félix Tshisekedi, alors que son ministre des Affaires européennes et étrangères Jean-Yves le Drian, avait été le premier à ruer dans les brancards, estimant que les résultats de l’élection n’étaient pas conformes ? Hélas, ainsi va la démocratie en Afrique.

Issa K. Barry

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