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Syndrome tetra-amélia : De bons Samaritains chez Wendaabo

 

Dans notre édition du vendredi 13 septembre 2018, nous vous faisions découvrir l’émouvante histoire de Wendabo, la fillette de neuf ans, née quasiment sans membres. Durant les jours qui ont suivi, nombre de nos lecteurs nous ont appelés pour nous dire à quel point ils avaient été touchés par cet article qui retraçait le dur quotidien de cette famille originaire de Gogo, un département situé dans la province du Zoundwéogo. Certains d’entre eux ont même fait un geste au profit de la victime du syndrome de tetra-amélia. Depuis, la vie est devenue on ne peut plus supportable aussi bien pour la mère que pour la fille, autrefois abandonnées de tous. Constat !

 

 

 Jeudi 14 février 2019. Arrivée au service aux environs de 8 heures, on nous fait savoir qu’il y a un certain Ahmed Diallo qui cherche à nous joindre. Sur le bout de papier qu’on nous tend, figurent ses coordonnées. « Qui est ce monsieur et qu’est-ce qu’il peut bien nous vouloir ? » Très rapidement, nous composons ledit numéro et nous lançons l’appel. L’homme qui décroche a une voix claire, forte et aiguë. Il paraît sympathique. Après les présentations d’usage, la personne à l’autre bout du fil ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet. « Je vous appelle de la part de ma sœur qui vit en Australie. En visitant le site de L’Observateur Paalga, elle a vu votre article sur Wendabo Yaogo et souhaiterait, dans le cadre de son association, faire un don à la famille. Seriez-vous disposée à nous accompagner sur le terrain ? », a-t-il annoncé. Comment refuser cette proposition qui venait égayer cette journée de Saint-Valentin ? Après avoir obtenu notre accord, notre interlocuteur promet de nous rappeler pour nous tenir au courant de la date. A partir de là, il fera jouer ses relations qui se trouvent à Manga pour entrer en contact avec Pascaline Kabré, la mère de Wendabo, afin de s’enquérir de leurs besoins.

 

Samedi 16 mars 2019, soit un mois après. A bord d’une Honda noire, nous prenons la route en direction de la cité de l’Epervier. Inévitablement, nos pensées nous ramènent à la dernière fois où nous avons effectué le même trajet. Mais, contrairement à ce jour-là, nous n’avions pas les mêmes appréhensions. Nous avions hâte d’arriver sur les lieux car, à travers notre article qui est paru le 13 septembre 2018, nous allions contribuer, d’une certaine manière, à améliorer les conditions de vie de cette fillette de neuf ans, née sans membres et qui s’est vue abandonnée de tous depuis sa naissance. Devenue un objet de curiosité pour les habitants de son village, elle a même eu sa vie menacée par son père qui a tenté de l’éliminer. Pour l’épargner, sa génitrice a dû quitter le domicile conjugal. Abandonnée de sa propre famille, elle se retrouve finalement seule avec ses deux filles, errant comme une âme en peine. Sans une aide conséquente, elle finit par s’adonner à la mendicité, tirant profit du handicap de sa progéniture.

 

 

 

La famille vit maintenant sur sa propre terre

 

 

 

Une fois à Manga, chef-lieu de la province du Zoundwéogo, nous nous faisons escorter jusqu’à Gogo par des ressortissants de la localité. Mais chose bizarre, nous ne reconnaissons pas la voie empruntée. Avant que nous ne puissions ouvrir la bouche pour poser la question, le véhicule s’est immobilisé sur le petit chemin en terre. En face de nous, nous remarquons deux maisonnettes qui viennent à peine d’être construites. Sous un arbre, un groupe de personnes étaient assises à côté de Wendabo et de sa mère. Lorsque nous nous approchons d’elles, nous apercevons tout de suite la différence. La mère et la fille semblaient plus radieuses, plus agiles, comme si elles avaient été déchargées d’un lourd fardeau. Elles nous accueillent avec un large sourire. On avait l’impression que le temps des pleurs était révolu. Elles étaient aussi loin de la petite case ronde isolée du reste des concessions du village que Pascaline Kabré louait au prix de 2 000 francs CFA le mois. Avec ses deux filles, cette mère, autrefois abandonnée de tous, habite aujourd’hui sur leur propre terre. En effet, lors de notre dernière visite, on nous avait expliqué que le curé de la paroisse de Gogo, l’abbé Jean Baptiste Ouiya, avait obtenu une parcelle d’un propriétaire terrien de la localité. Selon les explications de Denis Zongo, directeur du programme Réadaptation à base communautaire (RBC), qui est sous la tutelle de l’OCADES-Caritas Manga (l’Organisation catholique pour le développement de la solidarité), c’est grâce au financement de l’un de leurs partenaires qu’ils ont pu construire une première maison. « Ensuite, il y a une religieuse qui, après avoir lu son histoire dans le journal, nous a apporté un appui pour construire une deuxième maison », a indiqué M. Zongo. Toujours selon lui, la petite vient également de recevoir un nouveau fauteuil roulant. Il était visiblement ému par tout cet élan de générosité. Il n’a d’ailleurs pas manqué de le dire à Ahmed Diallo qui a apporté les vivres (riz, mil, maïs, huile alimentaire, savon… au nom de l’association African sisterhood (Solidarité des sœurs africaines). « En découvrant l’histoire de la petite, ma sœur a vraiment tenu à faire un petit geste. Au départ, on avait pensé à lui offrir un fauteuil mais on a vu qu’elle en avait déjà. C’est pourquoi on a préféré apporter des vivres. On voulait également payer sa scolarité mais on a appris que cet aspect est déjà pris en charge par le programme RBC. Du coup, comme on a vu dans l’écrit qu’elle voulait un répétiteur pour travailler à la maison, on a décidé de lui en trouver un à nos frais », a-t-il souligné. Nul besoin de vous dire à quel point les bénéficiaires étaient heureuses d’apprendre une telle nouvelle. Pour Wendabo, c’est un rêve qui devient réalité, car avoir un maître de maison est ce qu’elle désirait le plus. Pour finir de convaincre la délégation de son envie de réussir à l’école, elle se mit à griffonner, sous les regards ébahis de ses hôtes, quelques mots sur un calepin. « Elle passe tout son temps à écrire. Voyez comme le cahier est plein », dira sa mère d’une voix empreinte de fierté.

 

Zalissa Soré

 

 

 

 

 

Encadré 1

 

 

 

« Nous avons encore besoin de sécuriser leur maison avec une clôture »

 

 

 

C’est en 2006 qu’une animatrice du programme RBC, Angèle Bouda, a repéré Wendabo. C’est à partir de là que le projet a entamé un accompagnement. Lorsque la petite a eu l’âge d’aller à l’école, le programme a mené un plaidoyer auprès de l’ONG Light for the world qui a permis de l’inscrire au CP1 et d’aménager la devanture de sa classe par une rampe pour lui faciliter l’accès à la salle. Le Programme envisage également de sécuriser leur nouvelle maison en mettant une clôture. Il souhaite en outre construire une cuisine et des toilettes et aider la maman à développer des activités génératrices de revenus. « Convaincu que c’est par la conjugaison des efforts que cette famille pourra vivre dignement, Denis Zongo, directeur du Programme RBC, fonde beaucoup d’espoir sur le partenariat qui vient de s’établir avec l’association African sisterhood.

 

 

 

Z.S.

 

 

 

 

 

Encadré

 

 

 

« Depuis l’Australie, je visite régulièrement le site de L’Observateur paalga »

 

 

 

Fatoumata Diallo vit en Australie depuis douze ans maintenant. Malgré les 15 000 kilomètres qui la séparent du Burkina Faso, la jeune femme est régulièrement informée de tout ce qui se passe dans son pays natal. En effet, comme elle nous l’a expliqué dans un échange qui a duré plusieurs jours compte tenu de la distance et des onze heures de décalage horaire, au moins une fois par semaine, elle lit les articles sur le site web de L’Observateur paalga. C’est d’ailleurs de cette manière qu’elle a appris le sort de Wendabo et qu’elle a voulu faire ce don par le biais de l’association African sisterhood (Solidarité des sœurs africaines) dont elle est membre. Basée en Australie (le siège social est à Melbourne), cette structure, créée en juin 2014, est composée de quinze filles et femmes africaines originaires de divers pays comme le Cameroun, le Congo, le Soudan, la Tanzanie et le Burkina Faso. Leur mission est de faciliter l’inclusion sociale des migrantes venant d’Afrique. Elles essaient aussi de venir en aide à des personnes qui sont dans le besoin dans leur pays d’origine.

 

 

 

Z.S.

 

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