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Boycott des audiences par les avocats : Levée partielle à partir d’aujourd’hui

En mouvement d’humeur depuis plus d’un mois, les avocats viennent de décider de lever partiellement, dès ce mardi, la mesure de suspension de leur participation aux audiences des Cours et tribunaux. C’est ce qui est ressorti de leur assemblée générale tenue hier 27 mai 2019 à Ouagadougou. S’ils décident de participer aux audiences civiles, commerciales et administratives en raison de la fin du mouvement de grève des greffiers, les maîtres de la parole brilleront par leur absence aux audiences pénales à cause de la poursuite du mouvement de débrayage de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) entamé il y a près de 9 mois.

 

Marche de protestation, sit-in, conférence de presse, assemblées générales extraordinaires… Le moins que l’on puisse dire, c’est que les avocats ont multiplié les actions pour dénoncer, au cours des dernières semaines, ce qu’ils qualifient de «graves dysfonctionnements de l’appareil judiciaire». L’une des décisions par lesquelles les hommes en robe noire auront le plus marqué l’actualité reste, sans conteste, la suspension de leur participation à toutes les audiences.

Les «dysfonctionnements» décriés ne sont autres que les effets collatéraux de la grogne des greffiers et des Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) qui paralyse la justice. En effet, les audiences de flagrants délits, celles de citations directes et les auditions devant les juges d’instruction ont du mal à se tenir depuis octobre 2018. Le 19 avril 2019, s’y ajoutait une interruption de toutes les autres audiences, notamment civiles, commerciales, administratives, sociales, etc., du fait de la grève des greffiers. Cette dernière interruption a connu son épilogue le 20 mai dernier avec la reprise des activités de ceux qui tiennent le plumitif de l’audience. C’est d’ailleurs ce dernier développement qui a motivé les avocats, réunis en assemblée générale ce 27 mai, à mettre de l’eau dans leur vin en décidant de lever partiellement leur mesure de boycott des audiences. Une levée partielle puisque seules sont concernées les audiences civiles, administratives et commerciales, les audiences pénales n’étant pas prises en compte.

«L’assemblée a fait le constat que la lutte a porté des fruits en ce qui concerne la situation des greffiers», a expliqué le chargé de communication du Conseil de l’ordre des avocats, Me Ignace Tougma, au sortir de l’assemblée générale.

La non-prise en compte des audiences pénales s’explique, selon Me Tougma, par le fait que ce pan des activités juridictionnelles est toujours dans une paralysie qui «occasionne une violation des droits humains», chose que les avocats dénoncent dans leurs protestations. Et le communicateur du barreau burkinabè d’assurer que cette levée partielle n’est pas synonyme d’abandon total des protestations, car «l’assemblée s’est fixée un délai de deux semaines afin d’entreprendre les démarches nécessaires pour qu’au niveau de la chaîne pénale, les activités puissent reprendre». Autrement il s’agira de pousser davantage le plaidoyer pour une reprise des activités des GSP.

Cette levée partielle du boycott des audiences met une fois de plus en pointillé la reprise du procès du putsch manqué de septembre 2015 qui, consécutivement à ce mouvement des avocats, est suspendu depuis la dernière semaine d’avril 2019. Et Me Tougma de rappeler que ce procès du putsch n’est pas un procès à part et ne saurait faire l’exception, car faisant partie des procès pénaux, «s’il y a une mesure qui touche l’ensemble des procès correctionnels, il est de l’ordre normal des choses que celui du putsch aussi en prenne un coup».

 

Bernard Kaboré

(Stagiaire)

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