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Grève des postiers : Le travail a repris mais…

Les agents de la Poste ont repris le travail le lundi 27 mai 2019. C’est le constat fait par le ministre du Développement de l’économie numérique et des Postes, Hadja Fatimata Ouattara/Sanon, lors de la visite qu’elle a effectuée au niveau de la direction générale de l’institution à Ouagadougou.

 

 

Il est midi passé de quelque cinq minutes lorsque la voiture du ministre du Développement de l’économie numérique et des Postes franchit les portes de la direction générale de la Poste Burkina Faso. Là, l’attendent son secrétaire général, Kizito Traoré, et le président du Conseil d’administration de la Poste, Abdoulaye Kondé.

Une fois sortie du véhicule, Hadja Fatimata Ouattara/Sanon ne perd pas une minute. Accompagnée d’une petite délégation, elle se dirige vers les différents services de la société d’Etat pour constater que les agents ont effectivement repris du service, après les événements regrettables que la structure a connus au cours de ces dernières semaines, notamment le fait que les fonctionnaires ont chassé leur directeur général, Nabi Issa Coulibaly, le 8 mai dernier. Que ce soit au niveau des guichets (Western union, Teliman, etc.) ou de la section Chronopost (transport de marchandises) en passant par le Centre national de traitement du courrier, Mme le ministre a échangé quelques mots avec le personnel mais aussi avec les clients pour les encourager à rester confiants. A notre passage au niveau des guichets de paiement (pour les comptes), 5 sur 11 fonctionnaient avec de longue file par endroits.

 

« Menaces contre un journaliste »

 

De retour dans la cour où des agents, debout au niveau des différents bâtiments, semblent épier les différents faits et gestes du groupe, le ministre a eu un bref entretien, loin des oreilles indiscrètes, avec les responsables syndicaux. Malheureusement, ceux-ci n’ont pas voulu se prêter au jeu en se faisant filmer ou photographier en compagnie de leur ministre de tutelle par les journalistes. Certains sont allés jusqu’à menacer pour un rien un confrère d’une télévision. « Si je retrouve mon image sans mon consentement sur une télévision ou dans un journal de la place, je porterai plainte contre X », a-t-il vociféré. Une scène plutôt difficile à croire surtout que les journalistes étaient les bienvenus aux premières heures du  mouvement d’humeur des postiers.

Après plusieurs minutes d’échanges avec les responsables syndicaux, Hadja Fatimata Ouattara va finir par répondre aux questions de la presse. « L’institution est commune  et ce sont les acteurs qui font la Poste. C’est un secteur aujourd’hui stratégique et le gouvernement nourrit de nombreuses ambitions pour la Poste qui aura des lendemains meilleurs. Mais cela passe d’abord par les travailleurs et les dirigeants. Nous sommes venus avec un message de cohésion et d’encouragement vis-à-vis des travailleurs », a-t-elle assuré, ajoutant qu’ils sont dans une bonne dynamique de poursuite du dialogue social et qu’ils cherchent des solutions aux préoccupations qui sont posées.

Le ministre a saisi l’occasion pour remercier les personnes ressources, les institutions comme le Haut Conseil pour le dialogue national, les anciens directeurs généraux de la Poste et les députés qui  leur ont  prêté main forte pour la résolution partielle de la crise.

Reprise du travail oui, mais à quand la signature de l’accord entre les parties ? « Nous sommes dans une bonne dynamique. Il n’y a pas eu d’accord mais le personnel a choisi de reprendre le boulot et nous allons continuer d’entretenir le dialogue social. Ce n’est pas en un seul jour que nous allons résoudre le problème. Nous allons nous mettre à la table des négociations pour que chacun trouve son compte », a-t-elle déclaré.

C’est au cours des interviews que nous avons pu remarquer la présence du DG Nabi Issa Coulibaly aux côtés de son ministre de tutelle.  M. Coulibaly ne dira pas mot. « Aucun membre de la direction, ni les syndicats ne sont autorisés à parler à la presse », finit par lancer un fonctionnaire de la structure. Mais, avec un peu de persévérance, nous tombons sur Ali Sawadogo qui travaille dans la section du tri, communément appelé Centre national de traitement du courrier.  « On va essayer de rattraper le retard car la satisfaction de la clientèle est notre souci même si nos revendications sont importantes. On va s’atteler à récupérer la confiance des clients », a-t-il indiqué, ajoutant qu’il y a une soixantaine de sacs qui se sont accumulés. « Il faut d’abord les ouvrir car le nombre d’envois varie en fonction des sacs qui contiennent chacun un bordereau d’accompagnement nous permettant de dénombrer les envois qui y sont contenus », a expliqué le fonctionnaire.

En rappel, c’est depuis le 6 mai 2019 que les agents de la Poste ont commencé leur mouvement d’humeur avec un sit-in puis une grève de 48 heures pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail à travers l’adoption d’un statut particulier du personnel. Le 8 mai, les choses dégénèrent car, comme la plupart des gens le savent, le DG sera hué et chassé des locaux de la société. Nabi Issa Coulibaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, va reprendre service deux jours plus tard. Le nouveau statut a été adopté par le conseil d’administration de la Poste le 14 mai 2019. Néanmoins, le Syndicat des travailleurs de la poste (SYNTRAPOST) continue de réclamer le départ du DG, arguant que c’est le souhait du personnel.

 

Harold Alex Kaboré

Zalissa Soré

 

 

Encadré

Affectés par la crise, des clients s’expriment

 

 

Boukaré Ouédraogo, administrateur financier Expertise France

« Je voulais faire un envoi de 16 millions lors de la grève »

 

Dans le cadre de notre projet qui vise la sécurité des soins dans les hôpitaux, nous travaillons avec des partenaires qui sont dans les CHR (Centre hospitalier régional) et les CHU (Centre hospitalier universitaire). Lorsque nous avons des activités, nous leur envoyons des ressources pour qu’ils s’organisent. C’est dans ce cadre que je viens souvent à la poste pour faire des envois Teliman. C’est rapide, efficace et je n’ai jamais eu de problème. De plus, comme la poste se trouve dans plusieurs localités, le retrait est facile. Cependant la fois passée, je suis venu et c’était fermé ; j’ai appris qu’ils voulaient faire partir leur directeur général. Je suis revenu à plusieurs reprises mais rien. Pendant ce temps, certains de nos partenaires n’avaient pas pu toucher l’argent que j’avais envoyé à cause de la grève, pour d’autres le délai était même passé. C’est ce problème que je suis venu pour résoudre ce matin. J’espère qu’il y aura un bon dénouement.

C’est vrai que les grèves permettent de revendiquer mais il faut penser à la clientèle. Peut-être que moi je n’ai pas été frustré mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Certains vont aller ailleurs. Moi j’avais amené près de seize millions pour envoyer. J’étais obligé d’utiliser d’autres moyens de paiement mobile. Pourtant ce n’est pas évident. Dans certaines localités, il n’y a personne qui puisse avoir le montant que le client veut retirer sans compter qu’il y a une somme limite. Au regard de tout cela, ils n’ont qu’à songer à instaurer un service minimum.

 

Roch Sawadogo, retraité

« Nous n’avions pas accès à nos virements »

 

Nous avons vécu difficilement la grève. J’ai été plusieurs fois à l’agence de la Poste logée dans l’immeuble du Building Lamizana. Aujourd’hui, on a pris mon carnet et j’espère enfin que cela va marcher… Nous sommes en dehors du système, se précipiter pour donner son jugement sur cette grève ce n’est pas nécessaire pour l’instant. Ce que l’on constate c’est qu’on subit les effets. Le mouvement d’humeur a duré et nous les retraités on en a souffert énormément. Nous n’avions pas accès à nos virements.

 

Abdoul Karim Traoré, fonctionnaire

« J’étais mécontent de constater qu’il n’y a pas de service minimum »

 

Je suis là pour un retrait. Je peux dire que j’ai bavé. Je suis passé plusieurs fois et je n’ai pas pu avoir accès à la Poste du fait de la grève. Le lendemain je suis tombé sur la même situation. J’étais mécontent de constater qu’il n’y avait pas de service minimum. Après avoir effectué un voyage sur Bobo-Dioulasso j’ai constaté à mon retour que le travail minimum avait repris mais le service de transfert d’argent qui m’intéressait était toujours inactif.

Ce matin tout est opérationnel. Ce que je déplore c’est le manque de communication et le fait qu’on n’ait pas été avisé.

Je crains fort qu’il y ait encore des perturbations si les attentes des travailleurs ne sont pas comblées. Le déroulement de la grève sans permanence a causé d’énormes dégâts. Les frondeurs ont fait fi des besoins des clients. Certains  pouvaient avoir besoin d’argent pour parer au pire, soigner des malades par exemple. Je suis persuadé que c’est  sous la pression des usagers que les postiers ont repris.  Les prochaines fois, qu’il y ait le sens de la responsabilité afin d’assurer une permanence.

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