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6 morts à Banfora : Activités interdites sur les parcelles litigieuses

Le 29 juin 2019, un litige foncier entre les villages de Djongolo et de Sitiéna faisait 6 morts, plusieurs blessés ainsi que des maisons et des vivres incendiés. Constat d’une journée cauchemardesque dans ces villages où les autorités s’attellent à la fois à présenter leurs condoléances et à appeler au calme les protagonistes. La zone litigieuse est, quant à elle, interdite d’activité jusqu’à nouvel ordre.

 

 

Un calme précaire régnait encore sur les lieux au lendemain des affrontements meurtriers entre les villages de Djongolo et de Sitiéna, des bourgades rattachées à la commune de Banfora. Les forces de l’ordre étaient depuis déployées afin de parer à toute éventualité. « Nous sommes positionnés ici pour constituer une zone tampon et éviter toutes représailles. On nous avait même dit que du côté de Djongolo, il y avait un regroupement pour une attaque mais nous avons patrouillé et nous n’avons rien constaté », nous a expliqué le responsable de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) sur les lieux. Armés jusqu’aux dents, ils se reposaient sous un arbre aux environs de 14h à Sitiéna, cette localité qui a enregistré 4 morts après l’expédition punitive de Djongolo. « Ils sont allés chercher des chasseurs dozos de Toussiana pour les aider à nous attaquer », affirme, indigné, un habitant de Sitiéna.

Là-bas, la tension était encore perceptible avec un groupe d’hommes qui devisait devant une boutique, des fusils  et des coupe-coupe à portée de main. L’expédition punitive des chasseurs dozos venus de Djongolo aux environs de 16 la veille avait traumatisé plus d’un avec ces 4 morts sur le carreau. C’était la débandade, le sauve-qui-peut, nous explique un autre habitant qui soutient que jusqu’à présent il y a des portés disparus, des femmes qui ont fui et on ne connaissait pas encore la destination. Une moto calcinée gisait sur le bas-côté de la route et l’on procédait aux différentes inhumations des victimes dans la tristesse et l’inquiétude du lendemain.

Dans la zone querellée, c’est la désolation : 24h après, la fumée se dégageait toujours des maisons et des greniers incendiés. Certains greniers laissaient même dégager des flammes comme si elles venaient d’être allumées, consumant doucement et sûrement leur contenu. Un spectacle de ruines. Des vivres calcinés et éparpillés çà et là faisaient le régal des moutons et des chèvres devenus maîtres des lieux ainsi que des poulets abandonnés à eux. Pas âme qui vive : tous ont fui. Faute de témoins, nous retournons à Sitiéna où nous tombons sur le cortège officiel, constitué d’autorités, à savoir Aminata Sorgho/Gouba, haut-commissaire de la Comoé, madame le préfet de Banfora ainsi que le maire, Aboubacar Hema, en compagnie de la gendarmerie et de la police.

« C’est vu les événements qui se sont produits au niveau de l’administration. Madame le gouverneur déplore la situation. Elle aurait aimé éviter ce qui s’est produit, malheureusement, il y a eu déjà des dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Nous sommes arrivés dans les villages, nous sommes passés dans les concessions où il y a eu des pertes en vies humaines pour souhaiter prompt rétablissement aux blessés et présenter nos condoléances aux familles des victimes », a expliqué le haut-commissaire. Des blessés par balles, une dizaine, séjournaient toujours au Centre hospitalier régional (CHR) de Banfora. «Nous avons profité de l’occasion pour lancer un appel à la population, un appel à l’endroit des 2 parties en les invitant à rester calmes et à utiliser les voies légales pour résoudre leurs conflits », a poursuivi le haut-commissaire. La suite, c’est la justice, précisera-t-elle car, des armes à feu ont été utilisées et le Procureur doit ouvrir une enquête afin que les responsabilités soient situées. A l’entendre,  il y a déjà eu un premier affrontement entre ces villages il y a 3 semaines et le problème était en discussion à la préfecture et on invitait déjà les protagonistes au calme. Ces derniers étaient même attendus ce mardi 2 juillet 2019, pour la signature d’un PV et « nous avons été surpris hier d’apprendre qu’il y a eu un affrontement  qui a conduit à ce drame», regrette Aminata Sorgho/Gouba (cf. l’Observateur Paalga du 1er juillet 2019).

Aboubacar Hema, maire de Banfora, déplore ce drame entre ces villages et indique que c’est un problème qui perdure déjà depuis plusieurs décennies. Il a remercié les forces de sécurité qui ont permis de contenir et de limiter les dégâts. Au lendemain de ces affrontements, des questions subsistent et les villageois n’ont pas fait dans la langue de bois. Que deviendra la zone querellée avec les déplacés ? Les autorités ont tranché tout net : personne ne doit encore s’aventurer sur les parcelles cultivables qui ont engendré l’affrontement pour une quelconque activité.

Des familles ont tout perdu : maisons d’habitation, vivres, etc., et leur situation est de ce fait préoccupante. Les autorités les ont invitées à rester dans leurs familles d’accueil et invitent ceux qui peuvent rejoindre leur village à le faire, rassurant que leur sécurité sera assurée. Les forces de sécurité veillent au grain et la consigne est claire. Les protagonistes doivent continuer à vaquer à leurs occupations. « Si vous voyez des gens de Djongolo circuler sur la route, laissez-les. Ne les attaquez pas. C’est la même chose que nous avons dite à Djongolo, l’armée est là et elle est armée. Si vous continuez ils ont des armes, ils vont ouvrir le feu », a prévenu le maire, comme pour appeler davantage au calme.

Luc Ouattara

 

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