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Attaques terroristes au Centre-Nord : «Si les populations n’arrivent pas à cultiver leurs champs … » (Ousmane Zango, maire de Dablo)

 

Plusieurs villages de la commune rurale de Dablo ont été les cibles d’attaques terroristes les samedi 20 et dimanche 21 juillet 2019. Le bilan, encore provisoire, fait état de 11 personnes tuées, de biens matériels emportés et de lieux de commerce incendiés par les assaillants. Dans un entretien qu’il nous a accordé le lundi 22 juillet dernier, le maire de la commune de Dablo, Ousmane Zango, encore sous le choc, a déclaré que le souhait le plus ardent des populations, c’est le renforcement de la sécurité pour leur permettre de vaquer librement à leurs occupations en cette période d’hivernage.

 

 

 

 

Dablo est devenu célèbre depuis l’assassinat d’un prêtre et de 05 fidèles lors de l’attaque terroriste perpétrée en pleine messe le 12 mai 2019. Comment est-ce que vous avez vécu ce drame ?

 

 

 

Ce drame nous a beaucoup attristé en ce sens que les populations de la commune vivaient en parfaite harmonie depuis toujours. Les actions des terroristes ont créé la psychose générale dans tous les villages et un accroissement des personnes déplacées internes dans le centre-ville de la commune. A la date d’aujourd’hui, nous enregistrons environ 15 000 personnes déplacées venues des villages de Dablo et de certaines localités d’Arbinda et de Tongomael dans le Soum.

 

 

 

Quelles sont leurs conditions de prise en charge ?

 

 

 

C’est l’une des préoccupations à laquelle le CODESUR (Ndlr : Comité départemental de secours d’urgence et de réhabilitation), présidé par le préfet du département, doit faire face. En dépit du soutien du gouvernement, à travers le CONASUR, et d’organismes humanitaires tels que Plan International Burkina Faso, OXFAM et ATAD, les besoins en vivres et autres sont énormes. Cela en raison de l’accroissement du nombre des populations déplacées de jour en jour.

 

 

 

Le bétail des populations déplacées fait aussi l’objet de vols par des individus armés. Quelles sont les mesures qui ont été prises pour faire face à ce phénomène ?

 

 

 

Il est très difficile pour l’administration au niveau communal de trouver des solutions pour faire face à ce phénomène de vols des biens des populations par les assaillants. Ceux qui attaquent les populations sont lourdement armés. Plusieurs villages se sont déjà vidés de leurs habitants. Nous assistons impuissant aux pillages et aux saccages des biens de nos administrés.

 

 

 

Plusieurs villages de votre commune ont de nouveau été attaqués les 20 et 21 juillet derniers. Disposez-vous du bilan de ces dernières attaques ?

 

 

 

Le bilan, encore provisoire, de ces attaques terroristes fait état de 8 personnes assassinées à Banwené et de 3 autres tuées à Doffi. Ils ont aussi emporté du matériel dont des vivres et des animaux et incendié des boutiques.

 

 

 

Comment fonctionne le conseil municipal que vous présidez dans ce contexte d’insécurité ?

 

 

 

La majorité des services de l’administration, de l’éducation, de la santé et même des projets fonctionnent au ralenti depuis l’attaque de l’église catholique. Notre conseil municipal n’est pas en reste parce que la plupart des personnes-ressources sont ciblées par les terroristes. Cette situation d’insécurité a contraint beaucoup de conseillers municipaux, de chefs coutumiers, de leaders religieux et de membres des comités villageois de développement à fuir les villages de Dablo pour se réfugier dans d’autres localités du pays. L’économie est aussi très touchée en raison de l’insécurité et de la fuite des grands commerçants. Même la mise en œuvre de nos projets de développement pour la commune rencontre des difficultés.

 

 

 

Quel appel avez-vous à lancer aux autorités au niveau national ?

 

 

 

Nous remercions le gouvernement pour les actions qui sont faites pour sécuriser notre commune et aider à la prise en charge  des personnes déplacées. Mais, face aux attaques récurrentes des groupes terroristes, nos populations ne demandent que le renforcement de la sécurité pour vaquer librement à leurs occupations en cette période d’hivernage. Il y a des risques de crise humanitaire si nos populations, dont la majorité vit de l’agriculture, n’arrivent pas à cultiver leurs champs.

 

 

 

Entretien réalisé par

 

D.D. Windpouyré

 

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