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Royaume de Boussouma : Les derniers hommages au 31e roi de la principauté

 

Décédé le mardi 30 juillet 2019 à l’hôpital universitaire de Tengandogo, à Ouagadougou, le Dima Naaba Sonré de Boussouma et par ailleurs député à l’Assemblée nationale, a eu droit à des hommages dignes de son rang pendant toute la journée du mercredi au palais royal. Décoré à titre posthume par l’Etat burkinabè, l’illustre disparu a été inhumé le jeudi 1er août dans la discrétion par les dépositaires de la tradition du royaume après un office religieux à l’église paroissiale de Boussouma. Le nom du successeur du 31e souverain du Ringou (Ndlr : royaume en langue mooré), nous a-t-on dit, devrait être connu d’ici la fin de la semaine.

 

 

Si l’on en croit les témoignages, l’annonce de la disparition du Dima Naaba Sonré par les médias et les réseaux sociaux dans l’après-midi du mardi 30 juillet a plongé Boussouma, la capitale du royaume, dans la tristesse. Sans pourtant donner officiellement l’information sur le décès du Dima, la cour royale a publié le mercredi au lever du soleil le programme de la cérémonie d’hommage posthume au Naaba Sonré, par ailleurs député à l’Assemblée nationale. Excepté les stations d’essence, tous les commerces sont restés fermés toute la journée dans la ville de Boussouma. Pour bon nombre d’habitants, c’est la première fois qu’ils sont témoins de la disparition d’un Dima. En effet, la génération actuelle dans sa grande majorité n’a connu que le regretté Naaba Sonré, intronisé le 30 décembre 1967 à la mort de son père, le Naaba Wobgo. La mobilisation était grande au palais de Boussouma mais l’ambiance était morose : pas de coups de fusils traditionnels ; pas de battements de tam-tams et de tambourins ; pas de voix de griots. Les notables s’étaient tous décoiffés en signe de respect au défunt roi. La tristesse se lisait sur les visages de tous ceux qui avaient pris place à l’intérieur de la dizaine de tentes dressées pour la circonstance. Certains se rappelaient toujours, comme si c’était hier, que le palais a accueilli, le samedi 27 juillet, sous l’égide du Dima en personne, la cérémonie de salutation des nouveaux chefs coutumiers qu’il avait intronisés le 29 juin dernier. Outre la population de Boussouma, les familles alliées, les amis du roi, les forces vives de la région du Centre-Nord et les communautés étrangères, on notait la présence d’éminentes  personnalités administratives, politiques, militaires, paramilitaires, religieuses, du monde économique, des ONG et des associations qui, durant toute la journée du mercredi, ont présenté leurs condoléances à la famille royale et se sont aussi inclinées sur la dépouille du Dima à l’intérieur du palais. Parmi elles : Alassane Bala Sakandé, le président de l’Assemblée nationale, une délégation gouvernementale conduite par le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo, les corps constitués de la région, avec à leur tête le gouverneur Casimir Séguéda, le directeur de cabinet de la présidence du Faso, Saïdou Zagré, Clément Sawadogo du MPP, Achille Tapsoba du CDP, le Pr Etienne Traoré de Burkina Yirwa, le président du Conseil régional, Adama Sawadogo, et les maires des communes du Centre-Nord. Les députés étaient aussi fortement présents malgré les vacances parlementaires. A cette occasion, l’illustre disparu qui siégeait à l’Assemblée nationale avant sa disparition a été élevé à titre posthume par l’Etat burkinabè au rang de Commandeur de l’ordre de l’Etalon.

 

La levée du corps a eu lieu dans la matinée du jeudi 1er août au palais royal. A la suite de l’office religieux à l’église paroissiale, la dépouille du Dima Naaba Sonré a été remise dans l’après-midi aux coutumiers. Ceux-ci ont effectué l’inhumation du corps dans la discrétion selon la tradition à Boussouma où il repose désormais aux côtés de son père, le Naaba Wobgo, et de son grand-père, le Naaba Koutou. A noter qu’une pluie bienfaisante est tombée après l’inhumation. De sources concordantes, le successeur de Naaba Sonré, qui a régné pendant 52 ans, sera désigné dans moins d’une semaine par un collège électoral qui siégera à Kougri-Zoug de Korsimoro. Certaines indiscrétions annoncent même la désignation du nouveau roi d’ici la fin de cette semaine. 

 

 

 

D.D. Windpouyré Ouédraogo

 

 

 

 

 

Encadré 1 :

 

 

 

Quelques réactions et témoignages recueillis au palais royal

 

 

 

Alassane Bala Sakandé, président de l’Assemblée nationale :

 

«Pour la jeune génération, la disparition du Dima est vraiment une grande perte parce que nous n’avons pas encore fini de nous abreuver à sa source. Ce n’est pas Boussouma seulement qui pleure sa disparition mais le Burkina tout entier ».   

 

 

 

Siméon Sawadogo, ministre d’Etat et chef de la délégation gouvernementale :

 

« Les plus hautes autorités de l’Etat, à savoir le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, ont été profondément attristées à l’annonce de la disparition de Sa Majesté Dima Naaba Sonré. C’est une grande personnalité que nous perdons aujourd’hui.    Nous sommes venus en forte délégation du gouvernement pour signifier notre compassion à la famille éplorée et à l’ensemble de la cour royale ».

 

 

 

Clément Sawadogo, 2e vice-président du MPP et coordonnateur de l’alliance des partis de la majorité présidentielle :

 

«C’est une grande figure de la scène politique nationale qui s’en est allée. Au-delà des fonctions et des responsabilités qu’il a occupées, nous voulons saluer la mémoire d’un grand homme qui avait de la personnalité et de l’autorité. En conformité avec ses idéaux, le Dima Naaba Sonré de Boussouma laisse à la jeunesse un exemple de fermeté et de leadership ».

 

 

 

Achille Tapsoba, vice-président du CDP :

 

« Le Dima est pour moi un papa, un aîné politique. C’est un grand chef qui a vraiment travaillé pour sa principauté sur le plan coutumier et pour le pays sur le plan politique. C’est un aîné qui a contribué largement à l’avènement de l’indépendance du Burkina Faso et au rétablissement de la démocratie. C’est un homme qui avait des options politiques très claires qu’il défendait de manière brillante sans adversité. Je lui rends hommage en tant que vétéran de la politique burkinabè. En tant que grand chef coutumier, il a toujours participé, aux côtés des autres rois et chefs coutumiers de grande envergure, à l’œuvre de réconciliation nationale ».

 

 

 

Pr Etienne Traoré, président du parti Burkina Yirwa :

« Il était un exemple pour sa simplicité. Le Dima était l’un des seuls grands chefs à rester avec le Pr Joseph Ki-Zerbo dans l’opposition. Je crois qu’il était une personnalité qui croyait profondément aux idéaux progressistes. C’est pour cela que nous tenons particulièrement à lui et que nous sommes très attachés à lui. Nous regrettons tous sa disparition ».

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