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Commune de Nouna: Ces machines qui avalent les sous des jeunes

Depuis plus de six mois, Nouna est inondée de machines à vomir de l’argent. On en trouve dans tous les grands axes de la ville et aussi dans tous les villages de la commune. Comme si la jeunesse n’attendait que ça, elle en a fait une affaire personnelle. Du matin jusque tard dans la nuit, les sites de casino «flipper» refusent du monde au grand bonheur des propriétaires. Autant le phénomène prend de l’ampleur, autant il inquiète et laisse percevoir une jeunesse adepte de la facilité.

 

« Jouer, c’est rêver avec tout son corps », affirme Georges Duhamel. Et le rêve des joueurs de casino est de faire fortune.

Ce qui explique l’affluence monstrueuse autour de ces machines. Lorsque nous nous sommes rendu sur l’un des nombreux sites de jeu, c’est une foule très agitée et très bruyante que nous avons trouvée. Les cris de joie comme de détresse attirent l’attention des passants. « Tous les jours, c’est comme ça ; la foule autour de la machine est immense. Nous avons des clients inconditionnels mais aussi des passants qui succombent à la tentation au vu de l’attroupement », nous explique le gérant. Pour jouer, adultes et enfants se bousculent, se piétinent et échangent le plus souvent des expressions vulgaires dignes de ce genre d’endroits. Il s’agit d’introduire dans la machine une ou plusieurs pièces de cent francs, selon la somme que l’on veut miser, puis d’appuyer sur des boutons. A l’issue de ces actions, le joueur attend que la machine crache son gain ou au cas contraire, il constate qu’il a perdu.

Il est fréquent que les machines « vomissent » de l’argent au point que certains joueurs considèrent le jeu comme une sorte d’investissement. Cependant, beaucoup de larmes coulent et beaucoup de rêves s’évanouissent au fond de ces machines. Elles avalent plus de sous qu’elles n’en crachent, selon Traoré Yacouba, un ancien accro qui l’a appris à ses dépens. Alors que ses activités florissaient, il s’est livré au jeu de casino dans l’espoir de multiplier ses chances de devenir riche. La suite ? Ses deux bœufs, sa moto et toutes ses économies avalés par la machine. Mais Yacouba ne s’arrête pas là. Il contracte des prêts auprès de ses amis pour forcer le « flipper » à le satisfaire. C’est finalement à la maison d’arrêt et de correction de Nouna qu’il prendra véritablement conscience de sa déchéance. « Je veux que mon cas serve d’exemple aux autres », souhaite-il après avoir purgé sa peine.

Dans les villages, la situation est chaotique. L’on vend qui ses poules, qui ses moutons pour espérer la générosité de la machine à sous.

A Kakin, village situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Nouna, un jeune homme au bord de la ruine s’est vu convoqué en conseil de famille. En effet, la victime « investissait » par jour et à perte près de trente mille francs dans le jeu. Les conseils n’ayant pas pu le soustraire à son élan, la famille nous confie avoir dû passer aux menaces de bannissement. Pire, les enfants sont aussi dans la danse. Réputés pour l’imitation des adultes, les bambins tentent par tous les moyens de se procurer quelques sous pour aller tenter leur chance. Ce qui inquiète plus d’un, car ces enfants innocents sont exposés au penchant du gain facile avec ses conséquences que sont la paresse, le vol et l’escroquerie. Il s’impose alors des mesures de réglementation de ce jeu, ne serait-ce que pour épargner les enfants car « la vie du présent tisse celle de l’avenir », prévient Gustave le Bon.

 

Issa Mada Dama

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