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Procès Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire: Cette balance judiciaire qui penche toujours d’un côté

Pour Charles Blé Goudé, ce n’est sans doute qu’un petit répit, car son procès, qui devait s’ouvrir hier à Abidjan, a été reporté sine die. Et pour cause ! son avocat s’est pourvu en cassation contre l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Abidjan qui avait décidé en novembre dernier de renvoyer l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo devant les juges. Pour son conseil, le seul à encore suivre le dossier, la procédure viole les droits fondamentaux de l’accusé, et le procès serait même illégal. La balle est donc désormais dans le camp de la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire de Côte d’Ivoire qui dira si celui qu’on avait surnommé « le ministre de la rue publique » aux temps forts de la crise, va passer sous les fourches caudines de la loi. Mais la justice ivoirienne ayant été rarement indépendante depuis l’arrivée aux affaires d’Alassane Ouattara, on ne voit pas comment le leader de la COJEP pourrait échapper à cette justice des vainqueurs dont la balance, comme la tour de Pise, penche toujours d’un côté.

L’incriminé, rappelons-le, est poursuivi pour actes de torture, homicide volontaire et viol qui auraient été commis en 2010- 2011 pendant la crise postélectorale qui a fait quelque  3 000 victimes. On ne sait pas si l’affreux Blé Goudé est vraiment responsable à titre personnel des crimes dont on l’accable, mais une chose est sûre, dans ce Far-West qu’était devenu le pays d’Houphouët, où tout le monde tirait sur tout le monde, les Guillaume Soro, Wattao, Fozié, Morou Ouattara et autres com’zones des Forces nouvelles qui ont permis à ADO d’aménager au palais présidentiel ne sont pas moins comptables, voire coupables, des nombreuses atrocités qui ont émaillé ces mois de braise.

Cette procédure ressemble d’ailleurs à un tir de barrage des nouveaux maîtres du pays contre les ambitions de CBG acquitté en janvier en première instance à la CPI en même temps que son mentor, Laurent Gbagbo. Il faut dire que l’ancien gourou des Jeunes patriotes n’a jamais fait mystère de sa volonté de  se jeter une fois de plus dans l’impitoyable marigot politique ivoirien en participant, pourquoi pas, à la présidentielle de 2020. Mais on a bien peur que son dessein, même s’il ne s’est pas formellement déclaré, ne soit contrarié. Bloqué aux Pays-Bas, Charles Blé Goudé attend un éventuel procès en appel devant la CPI. Et quand bien même celui qui n’est pour l’instant qu’en liberté conditionnelle serait déclaré définitivement libre à La Haye, encore faudra-t-il qu’il parvienne à se dépêtrer du piège judiciaire qui est en train de se refermer sur lui du côté de la Perle des lagunes. C’est probablement le même sort qui est réservé à l’enfant terrible de Mama. Et c’est à se demander si les deux hommes n’auraient pas mieux fait d’attendre d’être totalement libres avant d’annoncer leur retour sur la scène politique, s’ils l’ont jamais vraiment quittée.

 

H. Marie Ouédraogo

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