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Kaya : Noël pas joyeux chez les déplacés internes

A l’instar de nombreuses personnes déplacées internes du Burkina qui ont fui l’insécurité et les attaques terroristes dans leurs localités d’origine, celles du Centre-Nord, estimées à plus de 500 000, fêteront différemment Noël cette année. A Kaya, le chef-lieu de la région, où l’on enregistre selon les dernières données plus de 270 000 déplacés internes, les chrétiens déplacés internes placeront cette célébration sous le signe de la sobriété et de la prière pour le retour de la paix.

 

A Kaya, la fête de Noël se prépare difficilement du côté des déplacés internes. Au bâtiment abritant les bureaux du service social de la mairie, où nous nous sommes rendu dans la matinée du lundi 23 décembre, il y avait un attroupement de déplacés constitués en majorité de femmes. Selon des témoignages, c’est le même constat tous les jours depuis environ 6 mois. Les déplacés, a précisé un des agents de la municipalité, ignorent même les jours non ouvrables et les fériés. « La ville a enregistré un afflux massif de déplacés internes en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans certaines localités des régions du Centre-Nord et du Sahel. Chaque jour que Dieu fait, ceux-ci accourent au service social de la mairie, espérant bénéficier de l’aide humanitaire ou se faire recenser », nous a-t-il confié. C’est donc sur ces lieux que certains déplacés de Kaya préparent la fête de Noël. Dame Z.F. (pour ne pas la nommer) dit être venue d’Arbinda avec ses enfants et sa belle-mère. De religion musulmane, elle déclare avoir toujours fêté la naissance du Christ avec les chrétiens de son village d’origine. « Cette Noël est différente des autres. Nous avons fui de chez nous pour nous retrouver dans une ville où notre vie repose sur l’aide. On ne peut pas fêter dans la tristesse », a indiqué Dame Z.F. Quant à K.B., une déplacée venue d’un village de Barsalogho, l’esprit n’est pas à la fête de Noël. Accueillie avec ses enfants dans une famille à Kaya, elle ne se préoccupe pas de Noël. « Je n’ai rien à faire ici et je n’ai pas de moyens pour subvenir à mes besoins. Mes enfants doivent se réjouir d’avoir eu la chance de poursuivre leur scolarité. Pour ce qui est de la célébration de Noël, tout dépend de Dieu », a-t-elle déclaré. Même son de cloche pour A.S., une rescapée de l’attaque terroriste du 12 mai 2019 perpétrée à l’église catholique de Dablo. « Nous n’avons rien préparé de spécial pour la fête. Nous allons prier pour le retour de la paix et nous contenter du repas communautaire qui nous sera servi à l’issue de la veillée de prière à la chapelle de notre quartier », a-t-elle fait savoir. Selon P.S. et S.S., tous des catéchistes précédemment en service dans des villages de Dablo, il est très difficile pour un déplacé de célébrer Noël dans la ferveur. Tout en espérant être redéployé par leur diocèse dans des localités épargnées par l’insécurité, les deux catéchistes déplacés invitent les chrétiens à privilégier les prières pour la paix dans le pays. En voulant noter les contacts de certains de nos interlocuteurs, nous avons été assailli par les déplacés qui, visiblement désemparés, croyaient recevoir la visite d’un agent recenseur de la mairie. Nous avons eu du mal à quitter les lieux malgré les explications d’un agent social de la mairie. Avant de prendre congé des déplacés massés sous le soleil devant le bâtiment du service social de la mairie, une source nous a appris qu’une remise de don au profit des pasteurs déplacés avait lieu dans la même matinée dans l’enceinte de l’église protestante des Assemblées de Dieu (AD) du secteur n°4 de la ville. Après une dizaine de minutes de route, nous voici sur les lieux où l’ambiance est joyeuse contrairement au site de la mairie. Selon les explications du pasteur Théodore Sawadogo, président régional des églises AD du Centre-Nord, l’initiative vise à soutenir les pasteurs déplacés et leurs familles à l’occasion de la Noël. Ce sont au total 92 pasteurs et leurs familles venus des huit régions ecclésiastiques (Ndlr :Arbinda, Barsalogho, Djibo, Dori, Kongoussi, Tougouri, Pissila et Kaya) qui ont été accueillis à Kaya. « Grâce au soutien du pasteur Josias Yanogo, secrétaire général du CREDO à Ouaga, et de ses amis, nous avons reçu un appui en vivres, en non-vivres et en espèces pour leur permettre de fêter Noël dans la joie avec leurs familles », a indiqué le pasteur Théodore Sawadogo. Outre les vêtements pour les enfants, chaque pasteur déplacé a reçu un sac de riz de 50 Kg, un sac de maïs de 100 Kg et une enveloppe de 10 000F CFA. Cette aide vient à point nommé pour les pasteurs déplacés de Kaya. Selon un bénéficiaire venu d’un village d’Arbinda, toutes les actions de solidarité à leur égard témoigne de la présence de Dieu à leurs côtés. « Nous allons toujours Lui rendre grâce et prier pour la paix au Burkina Faso et dans les pays voisins », a-t-il déclaré.

                                                                                                              D.D. Windpouyré Ouédraogo

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