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Les Humeurs de Barry : Le jour où ma femme va prendre mon portable…

 

«Le jour où ma femme va prendre mon portable, je te jure qu’elle va me tuer… Et ensuite me pendre». Ce refrain d’une chanson, je l’ai entendu la dernière fois, un bon matin pendant que je me rendais à mon lieu de travail, aux encablures de la forêt classée Bangrwéogo et du quartier Somgandé. Elle m’a sorti de mes rêveries souvent joyeuses et malheureusement toujours assombries par les nouvelles matinales du front, généralement pas bonnes. Pendant que je me laissais bercer par cette musique dont j’ignore jusque-là l’auteur, je me suis dit à quel point la gent  masculine se retrouvait dans cette chanson, tant elle interpelle ; le téléphone portable se révélant être un véritable problème.

 

 

Et les petits embouteillages matinaux qui essaiment ma route ce jour-là m’ont donné le temps de faire le procès de cet outil de communication qui se révèle être une véritable bombe qui a fait exploser bien des couples qui étaient pourtant soudés. Il se raconte même que dans les palais de justice, elles sont légions les demandes de divorce dont le principal responsable est le téléphone portable, ce véritable mouchard de poche. Et rares sont les hommes qui peuvent dire qu’ils n’ont pas eu leur lot de mésaventures conjugales liées à ce joujou qui se révèle décidément dangereux.

 

Une de mes connaissances, un quinqua comme moi, m’a raconté qu’un soir, à la maison, il est sorti de la douche et a buté sur le regard sombre de son épouse qui, plutôt que de l’inviter comme d’habitude à passer à table, lui demanda à brûle-pourpoint : «Ah bon…Tu as un enfant dehors… Je ne suis pas au courant». «Comment ça ??? Pourquoi cette question ?», lui demanda l’époux affolé.  «Que fait donc l’expression «Mn bb» dans ton portable ?». Un flash-back mental permit à l’incriminé de se rappeler que dans un SMS lors de ses envolées… romantiques, il avait usé de cette formule si haïssable pour son statut d’homme marié mais qu’il avait malheureusement oublié de supprimer le fameux message. Et son épouse, comme un crachat sur le visage lança d’une voix teintée de mépris : «Où est la dignité si à cet âge-là on continue de prénommer ainsi des personnes du dehors qui ont l’âge de ses enfants ?» Il nous a confié qu’il était rouge de honte. Une soirée de gâchée en perspective.

 

Pour éviter pareille mésaventure, plus d’un homme a échafaudé sa propre stratégie pour brouiller les pistes. C’est ainsi que les Sali deviennent des Salif, les Marceline des Marcelo; les a sont en réalité des b, les c des d, les e des f. En somme, un cryptage des messages digne des services de  transmission  ou de renseignement. On oublie au passage le  verrouillage du téléphone par les empreintes, dont l’avènement a été salué  comme il se doit. Malgré tout, comme il n’y a pas de crime parfait,  certains fidèles finissent par se faire débusquer. On raconte l’histoire de ce monsieur qui avait verrouillé son téléphone portable au grand dam de madame qui ne pouvait plus suivre ses actualités. Elle ne s’avoua pas vaincue pour autant. Une nuit alors que son époux était dans les bras de Morphée, elle essaya d’ouvrir son téléphone avec les empreintes des dix doigts. Sans résultat. La tentative de déverrouillage se poursuivit avec les orteils du dormeur un à un, jusqu’au gros du pied gauche qui s’est révélé être la clé.

 

La morale de toute cette histoire: les moments les plus dangereux pour l’homme quand il rentre à la maison, c’est quand il est sous la douche ou pendant son sommeil.

 

 

 

Issa K. Barry

 

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