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Les Humeurs de Barry : J’ai un rêve …

 

Martin Luther King avait fait le rêve d’une Amérique multiraciale où Blancs et Noirs ne s’observent plus en chiens de faïence et où les deux communautés pouvaient se partager les sièges d’un bus. Son aspiration a été quelque peu comblée. Aussi ambitieux que ce virevoltant pasteur noir américain, j’ai moi aussi un rêve pour le Burkina Faso, mon pays.

 

 

Convaincu que le Covid-19 sera bientôt un vieux souvenir et que la population aura fini de se laver les mains à tout bout de champ, je rêve qu’aussitôt après, une loi d’une grande portée bénéfique soit votée à l’Assemblée nationale et, pourquoi pas, gravée dans le marbre de la Constitution. C’est l’interdiction qui sera faite à nos hautes personnalités (chef de l’Etat, présidents d’institutions, ministres, députés, présidents de partis, cadres de l’administration du public et du privé) d’avoir la latitude de se soigner à l’étranger. Basta, le tourisme médical. Qu’ils restent avec nous, on va mourir ensemble, du côté de Yalgado, de Tengandgo, ou ailleurs comme bon leur semble, pourvu que ce soit dans nos limites territoriales. La raison en est toute simple : étant vivants et provisoirement en bonne santé, ils auront à cœur le développement des infrastructures sanitaires du pays.

 

Malheureusement, la plupart de nos dirigeants ne jurent que par le Val-de-Grâce ou l’hôpital américain de Neuilly.

 

L’hospitalisation dans un hôpital parisien est une histoire de gros sous. A titre d’exemple, le coût d’un séjour à l’hôpital américain de Neuilly, en région parisienne, va jusque dans les 300 000 euros, soit le budget  annuel de fonctionnement d’un hôpital en Afrique noire. Selon le journal Le Monde, l’aller-retour d’un avion médicalisé pour acheminer à Paris un ministre coûte 120 000 euros, l’équivalent d’une vingtaine de bourses d’études en médecine à Dakar.

 

En mars 2019, le Niger avait pris la décision de limiter autant que possible les dépenses énormes faites par l’Etat pour les évacuations sanitaires des cadres de l’administration. Je me rappelle ce (méchant ?) titre d’un chroniqueur du journal Le Monde Afrique qui s’interrogeait en ces termes : «Présidents africains, pourquoi ne restez-vous pas mourir au pays». Et pourtant, une « belle image » de cette situation a agité la toile en 2016. Celle du président tanzanien, John Pombé Magufuli,  allé rendre visite à sa femme malade dans un hôpital public européen. Celui qui est décrit par son peuple comme intègre et travailleur en avait profité pour y rendre visite à plusieurs autres malades.

Issa K. Barry

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