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CEDEAO et le COVID-19 : Sommet virtuel pour un virus bien réel

 

Une fois n’est pas coutume : ils étaient tous présents, une façon de parler, puisque le Sommet extraordinaire s’est déroulé par visioconférence, chacun des dirigeants prenant la parole confortablement installé dans son palais. Pour la première fois dans l’histoire de l’organisation, une rencontre de chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se tient par écrans interposés.

 

 

Des retrouvailles 2.0 certes, même si ceux qui devaient s’occuper de la logistique avaient pris le soin d’assurer que le même protocole et la même procédure que lors d’une réunion physique seraient de rigueur ; avec bien sûr la chaleur liée aux retrouvailles en moins. Les dieux de la technique étant particulièrement capricieux en Afrique, le grand défi était la réussite de l’événement, en s’assurant de la fluidité de la bande passante et en veillant surtout à contrecarrer toute intrusion malveillante dans l’application utilisée.

 

C’était en fait une rencontre express, en l’espace de deux heures, qui a permis de faire le tour des modalités de lutte contre le Covid-19 dans la sous-région, notamment l’évolution de la maladie et son impact sur les différents Etats de l’espace CEDEAO, la Côte d’Ivoire (953 cas), le Burkina Faso (609 cas) et le Sénégal (479 cas) étant jusque-là les plus touchés. Pour le moment, la riposte des Etats a été individuelle. Comme le dit si bien un proverbe africain, «quand un caillou tombe du ciel, chacun protège sa tête». Chacun y allait de son «copier/coller avec la fermeture de ses frontières, des marchés et lieux de culte et exhortait ses concitoyens aux gestes barrières. Rares sont cependant les pays qui sont arrivés  à confiner leurs populations, exception faite du Ghana et du Nigeria, la plupart s’étant limités à la mise en quarantaine de certaines villes et à l’instauration du couvre-feu.

 

Le mérite de ce sommet, qui a vu la participation pour la toute première fois du nouveau président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoko Embalô,  c’est déjà de s’être tenu. Il a pour objectif principal de mutualiser les moyens pour venir à bout de la pandémie. Au cœur des échanges, la création d’une structure chargée de piloter la prévention et la riposte, à l’image de celle créée en 2014 contre Ebola. Au cours du sommet, mandat a été donné au président nigérian, Mahamadu Buhari, de superviser la mise en place d’un plan de riposte. La CEDEAO a par ailleurs appelé au renforcement de la coopération entre les instituts de recherche  médicale  et les laboratoires de la zone, et l’Agence ouest-africaine de la santé (OAS), basée au Burkina Faso, est choisie pour conduire ce travail communautaire. Résolution a été également prise de  faire des achats groupés des médicaments et des équipements au sein de l’espace commun.

 

Il faut espérer qu’il ne s’agisse pas d’une simple action de com. pour se donner bonne conscience et donner l’illusion qu’on veut lutter résolument contre la maladie. Souhaitons seulement que le Covid-19 ne passe pas avant que les achats groupés ne se fassent, et que les mesures fortes ne restent pas des vœux pieux. Ce serait bien dommage, parce que l’urgence  commande d’agir rapidement et ensemble.

 

 

Issa K. Barry

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