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Zone non lotie de Belle Ville: «Nous déguerpir en ce début de saison pluvieuse est criminel»

Ils sont dans la peur et l’angoisse depuis leur dernière rencontre avec les autorités municipales qui sont restées inflexibles sur leur décision de démolir les habitats spontanés. En effet, l’ultimatum de déguerpir, lancé aux habitants de la zone non lotie de Belle Ville par le maire de l’arrondissement 4, Hermann Sirima, arrive à expiration. A quelques jours de la date butoir, les futurs déguerpis ont rencontré la presse pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’injustice et de mépris de l’autorité municipale à leur égard. C’était au cours d’un point de presse organisé hier mercredi 6 mai 2020 à Belleville.

 

 

Ils en avaient visiblement gros sur le cœur et ne cessaient de dénoncer l’injustice dont ils se disent victimes depuis cette décision de l’autorité municipale de démolir tous les habitats spontanées installés dans cette zone non lotie. Les plaignants s’en sont ouvertement pris au maire, Hermann Sirima, qu’ils accusent d’agir sans le moindre scrupule et au mépris des règles les plus élémentaires de l’urbanisation. Pour eux en effet, «ces terres sur lesquelles nous avons construit  nos logements nous ont été vendus par les propriétaires terriens. Alors nous estimons que nous sommes en train d’exercer nos droits sur notre propriété même si le maire pense que nous ne disposons d’aucun document officiel faisant de nous les propriétaires de ces terrains». Et depuis, c’est une sorte de bras de fer qui semble engagé entre les habitants de la zone non lotie et le maire, Hermann Sirima. Située dans la périphérie est de la ville de Sya, la zone non lotie de Belle ville compte environ 200 habitats et une trentaine de tentes érigées au profit de déplacés. Sur le site, que nous avons visité hier dans la matinée, on apercevait plusieurs dizaines d’habitats construits pour la plupart en matériaux définitifs. Pour les résidents, c’est ce qui semble irriter le maire qui parle d’investissements à perte. Et pourtant «nous ne pouvons plus nous permettre de construire en banco avec cette pluviométrie abondante dans la région. C’est pour éviter les éternels recommencements que nous faisons l’effort de construire en ciment. Ça nous coûte excessivement cher, mais c’est le prix à payer pour pouvoir nous loger décemment», ont expliqué les conférenciers. Cette rencontre avec la presse aura aussi permis d’évoquer la situation très peu enviable de certains résidents de la zone non lotie ci-dessus citée : des déplacés venus de très loin et qui doivent aujourd’hui leur survie à cet élan de solidarité qui ne cesse de se développer dans la zone. D’autant plus que  les démarches auprès des autorités compétentes pour une amélioration de leurs conditions de vie sont restées sans suite, a dit le porte-parole des résidents, Karim Ouédraogo. «Nous avons approché l’action sociale pour qu’elle leur vienne en aide, mais en vain. Alors nous cotisons par moments pour leur donner de quoi se nourrir. Ils sont arrivés ici les mains vides, et nous les avons accueillis. Ils dorment sous des tentes en attendant des jours meilleurs. Leur situation est vraiment déplorable», affirme l’un des porte-parole de la zone non lotie. Visiblement déterminés à se faire justice, les résidents de la zone non lotie se disent prêts à partir. Mais à une condition : «Nous avons besoin de mesures d’accompagnement parce qu’on est en train de nous chasser de  terres que nous avons achetées aux propriétaires terriens. Et nous déguerpir en ce début de saison des pluies est criminel. Qu’on nous trouve des sites d’accueil si vraiment le maire ne veut pas renoncer à son projet», déclare Karim Ouédraogo. La tension était bien réelle au cours de ce point de presse où les conférenciers, qui avaient à cette occasion mobilisé le maximum de résidents, disent faire appel au président du Faso pour son implication personnelle dans la résolution de cette crise avant le 15 mai 2020, date butoir pour le lancement de l’opération de démolition. Mais en attendant, une audience avec le maire qui, dit-on, refuse toujours de les rencontrer, serait, à l’heure actuelle, un vœu cher des résidents.

 

                                                                  Jonas Apollinaire Kaboré

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