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Volontaires pour la défense de la patrie : Mode d'emploi avec le colonel Moussa Diallo

 

Le 21 janvier 2020,  l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité la loi sur les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont la contribution sur le terrain de la lutte contre le terrorisme est aujourd'hui de plus en plus saisissante. Si d'aucuns les assimilent aux groupes d'auto-défense "Koglewéogo" nés  pour contrer le banditisme, mais sans une reconnaissance formelle de l'Etat, ceux-ci sont sous la responsabilité de l'armée. A la faveur des concertations  entre les élus de la région de l'Est sur la crise sécuritaire, lesquelles ont été initiées par le président de l'Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, les 8 et 9 juin à Fada, le commandant de la 3e région militaire,  le colonel Moussa Diallo, a exposé sur l'état de mise en œuvre de ladite loi dans son ressort de commandement.

 

 

 

 

L’article 2  de la loi définit le Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) comme " une personne de nationalité burkinabè, auxiliaire des Forces de défense et de sécurité, servant de façon volontaire les intérêts sécuritaires de son village ou de son secteur de résidence, en vertu d’un contrat signé entre le volontaire et l’Etat". Comment  sont-ils recrutés ? A quoi est due la lenteur observée dans leur mise en place alors même qu'il y a une urgence vitale sur le terrain ?

 

Dans son exposé sur l’état de mise en place des VDP dans la troisième région militaire sous son commandement,  le colonel Moussa Diallo,  dans son introduction, a fait remarquer  que  celle-ci couvre 6 régions administratives avec près de 9 millions d'habitants sur une superficie de 91000 km2. Selon lui,  la mise en place de cette loi sur les VDP était devenue un impératif à partir du moment où cette guerre asymétrique ne pouvait  être  laissée entre les mains des seuls militaires. Si sa mise en œuvre concerne le territoire national, elle est implémentée dans certaines régions en fonction de l'urgence sécuritaire. En effet,  il y a  les zones sous emprise terroriste celles fortement affectées et celles en prospection. La stratégie de mise en œuvre est fonction de chaque groupement de force et  les effectifs en fonction de la taille de la population mais partout on commence par " les points les  plus chauds" vers les "moins chauds". C'est ce qui fait que dans la 3e région,  l'accent est mis pour le moment à l'Est et au Centre-Est.

 

"Si on a pris du retard à l'Est, c'est qu'il y avait au début la réticence de certains maires. Pour le petit effectif,   il faudrait s'en prendre à nous-mêmes ; d'abord je ne veux pas citer les noms mais  certains maires n'ont pas été coopératifs contrairement à celui de Matiakoali qui a réagi promptement. Maintenant on est débordé par la demande mais on ne peut pas aller au-delà de notre rythme. Nous avons un millier en instance de formation ", a dit sans ambages  le chef militaire avant de lever un coin du voile sur le processus de recrutement : "les concertations se mènent dans les villages pour arrêter les listes qui seront transmises par les élus au gouverneur. Elles sont par la suite remises, en ce qui concerne l'Est, au chef de corps du 34e RIA qui les achemine au commandant de région à mon niveau. La liste est soumise par la suite à l'ANR (ndlr agence nationale de renseignements) pour des enquêtes suivies de  validation avant la formation. Avant la  dotation en armes, les VDP signent des contrats chez le commandant de la région où on spécifie leurs droits et devoirs; ils choisissent librement et sans aucune interférence leur responsable. C'est le chef d'état-major de l'armée de terre  qui est le  responsable des VDP sur le terrain ainsi que les commandants au niveau des trois régions.  Chaque groupe est sous la responsabilité directe du chef de détachement ou à défaut du commandant de la brigade  de gendarmerie". Mais quid des Koglwéogo ?

 

"Les VDP sont en contrat avec nous mais je ne peux pas répondre des Koglweogo. Certains ont intégré les VDP sous certaines conditions, notamment  le renoncement à leur tenue ainsi qu’à la justice privée ", a répondu le colonel Diallo. A ses côtés, le commandant du 34e Régiment inter-armes (RIA), le commandant Serge Kiendrebéogo, a tenu à répondre aux accusations d'attentisme de l'armée pendant les attaques. Selon lui, les effectifs de l'armée ne permettent  pas de couvrir 1/100 des villages du pays, ce qui est difficile de faire face à une guerre d'une partie de la population contre une autre. " Nous étions préparés à faire face à une invasion  de notre pays par une autre armée mais  pas à une guerre de cette nature ; cela dit, nous sommes en train de nous adapter au fur et à mesure et sur le terrain, nous ne reculons pas face à notre devoir", a-t-il souligné.

 

"Est-ce que le Burkina Faso a un avion de guerre ? Si oui à quoi sert-il ? Ce n'est pas mieux qu'on le vende pour payer le riz au profit des déplacés ?" A cette question provocante d'un élu, le commandant de la région militaire a répondu : "Oui, nous en avons ; nous avons des hélicoptères de reconnaissance et de combat mais actuellement tout est prioritaire et les fronts multiples alors que ce sont des appareils qui ont des nombres d’heures de vol déterminés par jour. Nous les avons, ils nous sont utiles  et les choses vont en s'améliorant sur ce volet".

 

Le maire de Logobou a lancé un cri du cœur  pour l'accélération du processus car  selon lui, ceux qui nous attaquent sont des bandits assoiffés de gain et de sang et non des terroristes comme on en voit ailleurs. " Si les autorités accompagnent la population, cette guerre que les bandits nous ont imposée finira bientôt ", a-t-il dit.

 

Tous les participants se sont félicités de cette communication qui, selon eux, renforce la confiance entre civils et militaires.

 

 

Abdou Karim Sawadogo

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