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Traitement de l’endométriose : «Tant que la femme aura ses règles…» (Pr Blandine Bonanet/Thiéba)

 

Le 28 mai, journée mondiale de l’hygiène menstruelle ; le 07 juin, fêtes des mères. A l’occasion de ces deux célébrations, Carnet de santé a choisi d’aborder le sujet de l’endométriose. Vous ne percevez pas le lien ? Eh ! bien, pour être mère, il faut voir ses règles et avoir une fécondation après des rapports sexuels. Un passage pourtant très difficile pour de nombreuses femmes, confrontées à des problèmes liés aux règles, qui peuvent les empêcher définitivement de jouir du statut, tant rêvé, de mère. C’est le cas de l’endométriose, cette maladie gynécologique qui provoque des règles extrêmement douloureuses et peut être cause d’infertilité. Le Pr Blandine Thiéba/Bonanet, chef du service Gynécologie-Obstétrique de l’hôpital Yalgado, nous parle amplement de ce mal, destructeur d’espoirs.

 

 

 

 

Qu’est-ce que l'endométriose ? 

 

 

 

L’endomètre est la muqueuse qui est à l’intérieur de l’utérus. L'endométriose, c’est une maladie gynécologique qui se caractérise par la présence d’un tissu de l’endomètre en dehors de la cavité de l’utérus. Normalement cet endomètre est éliminé pendant les règles, en l’absence de grossesse.Quand il y a une grossesse, l’endomètre se modifie et reçoit l’œuf. Mais cet endomètre, en période menstruelle, est évacué, mis hors de l’utérus et parfois refoulé avec les trompes dans la cavité abdominale. Normalement l’abdomen nettoie cet endomètre, et le cycle reprend mensuellement. Mais on ne sait pas pourquoi des fois ce nettoyage n’est pas totalement fait et ce tissu  s’implante dans les organes de la cavité et se développe, alors qu’il est sous l’influence des hormones produites lors du cycle. 

 

 

 

Est-ce pour cela qu’on évoque des règles douloureuses en cas d'endométriose ?

 

 

 

Oui. Dans la mesure où les règles sont constituées de sang et d’endomètre par le vagin mais une partie minime reflue dans les trompes et va dans le bas-ventre. Cette partie sera nettoyée dans les jours qui suivent. L’endométriose se constitue quand ce nettoyage n’est pas effectué normalement. Ces débris  d’endomètre se disséminent entre les organes du pelvis. Les  lésions peuvent aussi se disséminer sur les intestins, la paroi vésicale, la trompe et derrière l’utérus et être à l’origine des  douleurs.

 

 

 

Avez-vous une idée de la prévalence de cette maladie au Burkina ?

 

 

 

C’est une maladie relativement fréquente, de diagnostic difficile dont la découverte, parfois fortuite, peut se faire aussi lors de l’apparition des signes. Par conséquent sa prévalence est faible, car la maladie n’est pas diagnostiquée le plus souvent.Mais on la retrouve dans 10 à 15% des causes d’infertilité.

 

 

 

Quel est l’âge le plus à risque de faire l'endométriose ?

 

 

 

Le plus souvent, c’est entre 20 et 35 ans

 

 

 

Outre la douleur, quels signes caractérisent l'endométriose ?

 

 

 

Je tiens à décrire cette douleur qui peut se ressentir à plusieurs niveaux. Il peut s’agir de douleurs au bas-ventre. Des douleurs au moment de l’ovulation qui se prolongent jusque pendant les règles  ou  des douleurs pendant les règles, d’intenses douleurs lors des rapports sexuels, des douleurs au nombril, des douleurs lors de la défécation et des douleurs lors de la miction. Ces derniers signes sont en rapport avec une dissémination des nodules de l’endométriose vers ces organes et dans le ventre.

 

D’autres signes sont des règles trop abondantes, des douleurs  qui entraînent la fatigue. La stérilité, qui est associée dans 40% des cas à l’obstruction des trompes par les nodules endométriosiques.

 

La maladie peut également évoluer vers l’hématurie (urine sanglante) ou du sang dans les selles.

 

 

 

Quelles peuvent être les causes d’une telle maladie ?

 

 

 

Elles sont inconnues. On retrouve seulement des facteurs de risque comme les antécédents de chirurgie pelvienne notamment sur l’utérus.

 

C’est une maladie qui est hormono dépendante (liée au cycle menstruel), qui croît sous l’influence des œstrogènes et dégénère à la  ménopause.

 

Elle peut être secondaire au reflux, par les trompes, des fragments de la muqueuse au cours des règles ou à une greffe de la muqueuse sur les cicatrices de chirurgie ou encore une propagation par des veines. Est-ce des restes embryonnaires ?

 

La recherche est en cours.   

 

 

 

On dit qu'au Burkina, le diagnostic de l’endométriose n'est pas toujours évident… Qu’est-ce qui fait défaut ? 

 

 

 

Effectivement, on n’y pense pas souvent, car avant on croyait que cette maladie n’existait pas en Afrique. Il y a aussi le fait que les femmes ne viennent pas toujours en consultation.  

 

L’accessibilité aux examens complémentaires comme l’hystérosalpingographie ou l’IRM (Imagerie par résonnance magnétique : Ndlr) est aussi difficile.  

 

 

 

Justement, comment se fait le diagnostic ?

 

 

 

Généralement la maladie est soupçonnée grâce à la survenue des symptômes suscités et à un examen gynécologique. Il est confirmé par les examens complémentaires comme la radiographie de l’utérus et des trompes (hystérosalpingographie), la cœlioscopie, l’hystéroscopie, l’échographie, l’IRM et l’examen histologique des tissus prélevés par cœlioscopie. Ce sont des examens qui coûtent cher.

 

 

 

Et en matière de traitement…

 

 

 

Il est long et cher. Il y a deux méthodes de traitement : le traitement médicamenteux, qui va consister à bloquer le cycle menstruel et en la prise d’antidouleurs. Le blocage du cycle consiste à faire une castration médicale, c’est-à-dire qu’on arrête la production hormonale des ovaires, donc il n’y a plus de cycle, et l’endomètre, qui est sous l’influence des hormones ovariennes, ne croît plus. La femme peut ainsi faire 6 mois sans avoir des règles, elle devient comme une ménopausée ;   

 

la deuxième méthode est la chirurgie qui peut être faite par cœlioscopie. Elle est moins invasive que la chirurgie à ventre ouvert, et doit être à minima ou radicale.

 

Si on associe les deux méthodes, le traitement est plus efficace. Mais tant qu’elle aura ses menstrues, la malade fera l’endométriose.   

 

 

 

Donc on ne peut pas guérir de l’endométriose ?

 

 

 

Oui et non. On en guérit à la ménopause ou en cas de traitement à type de castration hormonale ou chirurgicale. Mais si le cycle menstruel persiste, on ne peut pas en guérir. 

 

Toutefois nous avons des cas de guérison après la chirurgie et le traitement médical avec comme résultat la survenue de grossesse. Et c’est le cas de quelques-unes de mes patientes.

 

 

 

L’endométriose peut-elle évoluer vers un cancer du col de l’utérus ?

 

 

 

Au regard du mécanisme, l’endométriose ne se transforme pas en cancer.   

 

Si des facteurs de risque du cancer du col existe, il faut faire un dépistage et une prise en charge adaptée.

 

 

 

Vos conseils…

 

 

 

Consulter quand il y a des douleurs anormales. Consulter régulièrement son gynécologue devant tout signe inhabituel, car, si c’est détecté tôt, on a toujours une chance avec les différents traitements. Inviter les femmes qui ont une endométriose à accélérer la procréation pour que la maladie ne soit pas handicapante et n’entraîne pas la stérilité.   

 

Alima Séogo/Koanda

Tél. : 79 55 55 51

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