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Albinos du Burkina : Ces préjugés qui leur collent toujours à la peau

Le 13 juin de chaque année est déclaré « Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme » par l’assemblée générale des Nations unies (depuis une résolution de juin 2014). Cette année, la célébration avait pour thème : « Faits pour briller ». Question d’amener les personnes atteintes d’albinisme à dépasser les préjugés qui pèsent sur elles et à s’imposer dans la société. Au Pays des hommes intègres, c’est l’Association burkinabè pour l’inclusion des personnes albinos (ABIPA) qui a ouvert ses portes aux hommes de médias dans le cadre de la sensibilisation. Des anecdotes sur les brimades faites aux personnes atteintes d’albinisme étaient au rendez-vous de cette rencontre.

 

 

Des anecdotes, les personnes albinos en ont à la pelle. Et c’est toujours avec un pincement au cœur qu’on les écoute. Que dire du sort de ce petit dont le malheur a été de naître avec une anomalie génétique ? A sa naissance, quand son père a appris qu’il était atteint d’albinisme, il a refusé d’entreprendre les démarches pour lui offrir le premier document qui fera de lui un citoyen : l’acte de naissance. Et la défense du père ne vole pas haut. « Comme il est ça », dit-t-il en guise de réponse pour expliquer son attitude.

 

 

Parce qu’il souffre d’un déficit de production de mélanine, ses beaux-parents se sont opposés à la relation qu’il entretenait avec sa future femme. Les parents de la fille ne cessaient de poser à celle-ci cette question : « Dans cette multitude de garçons à Ouagadougou, tu n’as pas trouvé mieux qu’un albinos ? » Une question qui n’a pas suffi pour éteindre cet amour qui brillait de mille feux. Pour forcer la main à ses parents, elle tombe enceinte. Mais eux non plus ne lâchent pas prise. Ils persistent. Le couple prend la résolution de faire un autre enfant afin de faire fléchir les opposants. Cette stratégie a été la bonne. A contre cœur, les parents ont accepté. 

 

Tout autre histoire qui peut paraître drôle, mais qui était une question de vie ou de mort. Atteint d’albinisme, il a appris au téléphone que l’épouse de son voisin a eu un bébé. En temps normal, une telle annonce est accueillie avec beaucoup d’enthousiasme ; mais ça ne sera pas le cas ici. Son interlocuteur au bout du fil ne lui laissera pas le temps de manifester sa joie. Il lui dira par la suite de se trouver une planque parce que l’enfant était albinos. Allez-y comprendre !

 

La gérante d’un restaurant est à la recherche d’une fille pour l’aider dans ses tâches. Elle en parle à ses proches et à un de ses clients atteint d’albinisme. Ce dernier fouille à ce niveau et arrive à dénicher une aide-ménagère pour la restauratrice. Après les présentations, la patronne est restée longtemps dans un mutisme. La bonne volonté la relance. Elle décide de s’ouvrir : « Tu veux chasser mes clients ? Si cette fille albinos travaille ici, je vais perdre des clients ».

 

Voilà tout le sens du combat de l’Association burkinabè pour l’inclusion des personnes albinos (ABIPA). Elle compte à ce jour 1 750 personnes atteintes d’albinisme : des hommes, des femmes et des enfants.

 

La Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, la 6e du genre, est célébrée cette année sous le thème : « Faits pour briller ». Ce thème a été choisi pour magnifier les réalisations et les succès des personnes atteintes d’albinisme dans le monde, malgré les nombreux défis auxquels elles font face : assassinats, attaques, brimades et stigmatisation déshumanisante. Et ce n’est pas tout, selon le président de l’ABIPA, Fabéré Sanon.  « Il y a cette ultime discrimination : des gens ont tenté de nous étiqueter ‘’corona’’ dans certains pays ».   Le 13 juin se veut un rappel aux personnes atteintes d’albinisme de continuer à faire preuve de résilience pour triompher de l’adversité, en apportant des contributions à la société, où qu’elles se trouvent. Car, dira le président de l’ABIPA, elles sont faites pour briller de tout leur éclat.

 

La situation des personnes atteintes d’albinisme est marquée au Burkina Faso par une non-compréhension de la maladie, un manque d’information, des problèmes de santé cutanée et oculaire de ceux qui en souffrent ainsi que des difficultés sociales. Pour inverser la tendance de la courbe, l’association mène des activités de sensibilisation, d’information et apporte du soutien pour la prise en charge sanitaire des albinos.

 

Akodia Ezékiel Ada

 

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