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Insécurité à l’Est : Ils stigmatisent la stigmatisation

 

Les Peulhs de la région de l’Est ont organisé, le samedi 13 juin 2020 à Fada N’Gourma, une marche pour protester contre la stigmatisation de leur communauté dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Une marche qui a mobilisé toutes les couches de cette communauté : hommes, femmes, enfants, vieux, vieilles, venus de toutes les localités de la région. Sur les pancartes et banderoles, on pouvait lire, entre autres : Peulh est différent de terroriste - Soutien aux FDS - Pourquoi nous priver des marchés et des axes routiers ? L’Etat est-il légitime ? », etc.

 

 

Pourtant, la veille, un communiqué du maire de la ville interdisait la marche. Le samedi, à partir de 8 heures, le rassemblement a commencé au rond-point de la mairie, faute d’accès à la place des Martyrs, occupée par les forces de l’ordre. Les marcheurs, dans une discipline religieuse, entamèrent la marche, passant devant la mairie, empruntant la route de Pama et rejoignant la jonction de la route du Niger. Malgré la canicule, ils ont mis le cap sur le marché à bétail. Là, un meeting a été organisé, au cours duquel, en leur langue, les responsables ont expliqué les raisons de leur action.

 

Si vous voulez, il s’agit de la traduction en langue peulhe du contenu de la déclaration qui était destinée au gouverneur de la région pour transmission au gouvernement. Ladite déclaration constate que certaines communautés du Burkina Faso, notamment celle peulhe, se trouvent aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. Tandis que toute la population de la région est confrontée à une situation d’insécurité sans précédent, c’est la  communauté peulhe qui paye le lourd tribut sans raison.

 

Les terroristes sèment la terreur en tuant, en pillant, en enlevant des citoyens et en détruisant tout sur leur passage et de l’autre côté, les arrestations arbitraires suivies de décès sans explications, des exécutions sommaires et extrajudiciaires sont commises par les FDS et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Pour les organisateurs de la marche, qui interpellent les autorités, la stigmatisation s’est développée et a même atteint son paroxysme. Et désormais pour certains, Peulh est synonyme de terroriste. C’est pourquoi cet appel à la cohésion des fils et filles de la région de l’Est et du Burkina Faso à protéger ce jardin de cohésion sociale et du vivre-ensemble qui, jadis faisait notre force et notre fierté. La marche avait donc pour objet de dire non à la stigmatisation ;

 

Rappeler à tous qu’être peulh, ce n’est pas nécessairement être terroriste. Pour eux, selon le président de l’Assemblée nationale, «les terroristes n’ont ni religion ni ethnie». Ils ont également dit non aux arrestations arbitraires, aux exécutions sommaires et extrajudiciaires dans le cadre des opérations de lutte contre le terrorisme ; non aux enlèvements, non à l’interdiction à une tierce communauté d’accéder à certains marchés, d’emprunter certains axes routiers ou de se rendre dans certaines structures sanitaires.

 

Par ailleurs, exigent une commission d’enquête indépendante et rigoureuse telle que l’a promis le président du Faso suite à la mort des douze détenus à la gendarmerie de Tanwalbougou et la sanction des auteurs et complices ;

 

exigent l’arrêt immédiat des assassinats ciblés et des crimes de guerre ; Vérité et justice pour tous les crimes de masse dans la région de l’Est tels qu’à Tanwalbougou, Natiaboani, Kompienbiga, Tambiga, Pendima, Paladoubé, etc..

 

Ils exigent en outre une réorganisation et un encadrement rigoureux des VDP tout en procédant à un recrutement impliquant toutes les communautés locales ;

 

exigent du gouvernement une prise en charge convenable des personnes déplacées internes incluant l’alimentation, les soins, le logement et l’éducation, ainsi que des mesures concrètes pour permettre le retour effectif des personnes déplacées dans leurs villages respectifs. Saluant l’initiative de l’opération «Otapoanu», ils réaffirment leur soutien aux FDS tout en les invitant au respect des droits de l’homme dans leurs interventions.

 

Pour terminer, la communauté peulhe de la région de l’Est appelle tous les Burkinabè à cultiver la cohésion sociale et le vivre-ensemble, rêve d’une seule communauté, celle burkinabè.

 

 

 

S.  Dimzilgdu

 

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