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« Il faut éviter que la bombe foncière au Burkina explose »: Docteur Alfred Sanou, député

Il incarne aujourd’hui l’ex-parti majoritaire dans la province du Houet. Député à l’Assemblée nationale sous la bannière du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ex-maire de la commune de Bobo est incontestablement l’un des porte-flambeaux du parti de la daba et de l’épi dans cette partie ouest du Burkina. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le docteur Alfred Sanou aborde la situation de son parti sur le plan national, sa préférence pour Eddie Komboigo comme candidat du CDP à la présidentielle, les échéances électorales à venir, la question du foncier, etc.

 

 

Comment se porte le CDP/Houet

Je vous remercie de venir à moi, et je saisis cette opportunité pour saluer la contribution importante de votre journal au combat pour livrer la vraie information aux populations, pour la liberté de presse et l’enracinement de la démocratie au Burkina. Pour répondre à votre question, je dirai que les structures du CDP/Houet fonctionnent normalement et dans le strict respect des textes du parti ; nos activités sont de grandes occasions de ferveur populaire. Le CDP se porte très bien tant sur le plan national qu’à l’échelle de la province du Houet.

 

Pourtant des observateurs affirment que la section provinciale n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis la chute du régime Compaoré. Qu’en dites-vous ?

 

Ces affirmations, qui sont aux antipodes de la réalité, sont l’œuvre d’individus qui se plaisent à se chatouiller pour rire. Ce qui se passe, c’est qu’au CDP/Houet, les camarades sont des hommes et des femmes de terrain ; quotidiennement ils sont auprès des populations alors que certains pourfendeurs du CDP sont des individus si non, des mercenaires sur la toile ou dans la presse écrite. Malheureusement, leurs allégations, qui sont en fait leurs désirs qu’ils prennent pour la réalité, infestent la presse et la toile. Mais le CDP/Houet est serein, sa force est intacte, le soutien des populations est sans faille. Au Houet, les militants, irréversiblement engagés, sont prêts pour les batailles électorales qui s’annoncent.

 

Récemment on a vécu cette crise entre les pro Kadré et les pro Eddie dans le Houet. Ne pensez-vous pas que cela a porté préjudice à la cohésion au sein de votre parti ?

 

Je n’aime pas raisonner en termes de « pro » un tel. En politique, on a un idéal et, à un certain moment, on peut penser qu’un tel camarade est à même d’incarner l’idéal que l’on poursuit. Cela ne devrait pas faire de vous un pro ou un inconditionnel de la personne au point de vous donner le droit de transgresser les textes du parti. Des camarades ont eu des comportements qui ont été jugés contraires aux textes du parti, et les décisions qui s’imposent en pareille circonstance avaient été prises. Mais avec le concours du fondateur et l’esprit de rassemblement dont fait preuve la direction du parti depuis le congrès de mai 2018, les positions ont été aplanies, et le parti s’organise en rangs bien serrés autour de son candidat, le camarade Eddie Komboigo, à la présidentielle de 2020.

 

Avec la désignation d’Eddie Komboigo comme candidat du parti à la présidentielle, est-ce qu’il faut dire que la rupture est définitivement consommée ?

 

Je ne sais pas ce que vous appelez rupture, par contre, je sais que certains camarades, qui voyaient en Kadré Ouédraogo le porte-flambeau du CDP à la présidentielle de 2020, ont participé pleinement au processus de désignation du candidat du CDP. Ils ont accepté avec élégance la désignation du camarade Eddie Komboigo pour défendre les couleurs du parti à la présidentielle. Aujourd’hui le choix du candidat du CDP est bien acté, et tous les efforts des militants du parti concourent  désormais à porter le parti au sommet de l’Etat afin de disposer des leviers nécessaires pour remettre le pays, tant éprouvé ces dernières années, sur l’orbite du développement économique et social. 

 

En tant qu’élu parlementaire de la province, pourquoi avez-vous porté votre choix sur Eddie plus que sur tout autre candidat ?

 

Eddie n’est pas un politicien de carrière ; c’est un opérateur économique bien établi. Il a suffisamment démontré qu’il vient en politique pour servir et non pour se servir. Il va apporter une nouvelle vision, une nouvelle approche de la chose politique. Sa gestion transparente et rationnelle du CDP nous en convainc davantage. Bien sûr, il est difficile de faire l’unanimité absolue, mais la réalité est là : Eddie a fait un travail abyssal pour remettre le CDP à l’endroit. Il a su surmonter de grands obstacles, ce qui témoigne de sa capacité et de sa carrure  à conduire un pays. Il a su remobiliser le parti, et tous les militants, du sommet à la base, sont en ordre de bataille. Enfin, après l’insurrection, le CDP se devait d’opérer une mue générationnelle, le camarade Eddie Komboigo symbolise cette dynamique.

 

Votre champion reste cependant très peu connu dans les Hauts-Bassins. Est-ce que cela ne suscite pas des inquiétudes dans la section provinciale du parti ?

 

Les populations des Hauts-Bassins sont très matures sur le plan politique. Elles s’intéressent à l’idéal, au message et à l’espoir que le camarade Eddie porte pour le Burkina Faso et pour les Hauts-Bassins en particulier. Le message d’Eddie est clair, et son projet pour les Hauts-Bassins, qui sera décliné très bientôt, est solide et réaliste. Le camarade Eddie est venu plusieurs fois dans les Hauts-Bassins et à Bobo particulièrement. Il a fait plus de deux fois le tour des chefs coutumiers et responsables religieux. L’accueil digne d’une visite présidentielle qui lui a été aussi réservé à l’occasion de l’assemblée générale de la section du Houet après son élection à la tête du parti à l’issue du congrès de mai 2018 témoigne à souhait que les populations du Houet l’ont totalement adopté. Enfin, le CDP qui porte la candidature du camarade Eddie Komboigo est plus que jamais un parti populaire et adulé dans les Hauts-Bassins.

 

On remarque que les cadres politiques de la région des Hauts-Bassins rechignent le plus souvent à jouer les premiers rôles en politique. Qu’est-ce qui explique selon-vous la rareté des candidatures issues de la région et particulièrement du Houet aux présidentielles ? 

 

Je dois quand même rappeler que les Hauts-Bassins ont produit de grands hommes politiques dont le combat pour la république et leur impact sur la vie politique nationale sont restés dans la mémoire collective du pays. Je pense notamment à Daniel Ouezzin Coulibaly ou encore à Nazi Boni. Les jeunes générations dans les Hauts-Bassins sont pleines d’ambition contrairement à ce que vous pensez, et s’affirment de plus en plus sur le plan national. Ils sont au cœur de tous les grands combats politiques et défis nationaux du pays.  

 

Quels sont les atouts dont dispose le CDP/Houet pour réussir à la présidentielle ?

 

Le CDP est implanté dans tous les confins de la province du Houet. Le parti malgré les multiples attaques est resté debout et fort. Aujourd’hui, avec Eddie Komboigo, les militants sont mobilisés comme un seul homme pour une victoire éclatante aux échéances électorales à venir. Enfin, le CDP est porté dans la province par les populations qui lui vouent un soutient inconditionnel.

 

Pour de nombreux Bobolais, le pouvoir central ne fait pas suffisamment pour le développement des Hauts-Bassins. Est-ce votre avis ?

 

Je ne dirai pas les choses exactement ainsi. Je pense qu’il y a plutôt une mauvaise planification spatiale des investissements publics qui s’est malheureusement approfondie ces dernières années. Mais c’est vrai, le niveau de développement de Bobo est largement en dessous de ce à quoi les Bobolais devraient s’attendre au regard des énormes potentialités dont dispose la région. Notre combat de tous les temps, qui explique notre engagement en politique, est que Bobo retrouve et dépasse son lustre d’antan afin que l’appellation « Bobo la capitale économique » ait un contenu. En dehors de Ouaga, et excepté Bobo-Dioulasso aussi, il n’y a pas beaucoup de villes au Burkina qui disposent vraiment des attributs d’une ville. C’est dire que beaucoup d’efforts restent à faire, pas seulement à Bobo, mais dans le reste du pays. C’est pourquoi le choix des hommes pour conduire notre destinée est déterminant. Les populations doivent éviter d’élire les hommes et femmes qui viennent pour s’enrichir en politique ou pour servir un clan. 

 

En tant qu’ancien maire, quel regard portez-vous aujourd’hui sur la gestion municipale ?

 

Je sais combien c’est difficile d’être maire, et je me garde de porter un jugement radical même si je pense que le maire se doit d’être plus présent et plus proche des populations. C’est ce qui peut lui permettre de mieux connaître les préoccupations et surtout de les impliquer dans la gestion des affaires  communales pour leur bien-être.

 

La ruée des promoteurs immobiliers dans le Houet pour la construction des logements ne fait toujours pas l’unanimité avec notamment les divergences sur les choix et les conditions d’attribution des sites.  Quel commentaire faites-vous ?

 

La question des logements est importante au Burkina Faso du fait que la demande en la matière est sans cesse croissante. Les promoteurs immobiliers ont donc, à ce titre, leur place aux côtés de l’Etat. Je pense tout de même que leur rôle et leurs activités doivent être étroitement contrôlés et encadrés pour éviter que la bombe que constitue désormais le foncier au Burkina explose.

 

A quand peut-on espérer le lancement des travaux de construction de l’hôpital de référence de Bobo ?

 

Je ne saurais répondre à cette question à la place du gouvernement. C’est vrai, beaucoup de Bobolais commencent à penser que le problème du choix du site de cette infrastructure, dont les populations ont tant besoin, a été créé de toutes pièces pour faire de la diversion. Et on se demande à quelle fin.

 

Propos recueillis par

Jonas Apollinaire Kaboré

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