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Saison des pluies : C’est bon, mais c’est dépassé

 

Samedi dernier, je suis passé par le pont du barrage n°3 pour rallier la ville. Et de mémoire de journaliste, pour ne pas dire de Ouagalais tout court, le barrage n’avait jamais été rempli à ras-le-bord.

 

Le moment d’émerveillement passé, hydrophobe et Sahélien que je suis, j’ai vite fait de quitter le pont, appuyant sur l’accélérateur pour ne pas être emporté par les flots. Cela fait près d’un mois que le ciel a ouvert toutes ses vannes, déversant des torrents d’eau sur le Burkina Faso, notamment Ouagadougou, ville pour laquelle  Dame Nature semble avoir fait une fixation. A tout seigneur, tout honneur !

 

Et aujourd’hui, je suis agréablement surpris de voir les Ouagalais circuler comme si de rien n’était quand il pleut. Fini  l’époque où, lorsqu’il y avait un crachin, c’était le sauve-qui-peut. Actuellement les citadins  respectent par ailleurs les feux rouges et boudent les imperméables que leur proposent les vendeurs ambulants sur la chaussée. Pas plus tard que la saison passée, ils s’achetaient comme de petits pains. Les Sahéliens que nous sommes avons vraiment évolué ! Vu notre sérénité, les Anglais, qui ont la pluie dans leur ADN, font désormais pâle figure.

 

Plus sérieusement, mon coup de gueule cette fois-ci, c’est contre la pluie. Qu’elle ne m’en tienne surtout pas rigueur et ne m’envoie pas sa cousine La Foudre. Trop, c’est trop ! Il ne se passe pas un jour, que dis-je, deux heures sans qu’elle s’invite dans notre train-train. Que de rendez-vous d’affaires ou galants ajournés en effet ! Au moment même où j’écrivais, il pleuvait. Tout suinte la flotte. Vous avez déjà vu du bitume suinter et dégouliner ? Moi j’en ai vu, du côté de Bargo s’il vous plaît. Même les plantes qui applaudissaient l’arrivée d’une pluie sont aujourd’hui dubitatives, elles qui ont besoin, pour s’épanouir, du soleil, un astre qu’elles n’ont pas vu depuis belle lurette.

 

Vous avez certainement été au moins une fois le destinataire de cette ritournelle de nos chers marchands qui, pour encourager le client à plus d’efforts, lui assène ceci : « C’est bon, mais c’est pas arrivé !». Eh bien, si tant est que Dame nature nous apporte la pluie pour notre épanouissement, je lui dirai ceci en guise de holà : « C’est bon, mais c’est dépassé !». Je lui saurais gré de faire l’espacement des pluies, à l’image de celle des naissances, chère à certaines civilisations. Ma requête de la fin, je la formule à l’endroit de notre météo nationale : si toutefois la saison pluvieuse prochaine devrait être dans la même tonalité, qu’elle en prévienne à temps. Ainsi   aurons-nous la latitude de boire les changements climatiques jusqu’à la lie.  En lieu et place de nos maïs, sorgho et  petit-mil habituels, nous nous investirions dans d’autres spéculations comme la banane, l’ananas, le café et le cacao.

Issa K. Barry

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