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Dialogue politique en Côte d’Ivoire : Satisfaction générale à l’issue des préliminaires

 

Réélu pour un 3e mandat contesté et au terme d’un bras de fer entre le pouvoir et l’opposition qui a entraîné la mort de plus de 80 Ivoiriens, le président Alassane Ouattara a choisi dès l’entame de son quinquennat de jouer la carte de l’apaisement.

 

 

En effet, lors de sa cérémonie d’investiture le 14 décembre dernier, le locataire du palais de Cocody a annoncé la couleur avec notamment la création d’un ministère en charge de la Réconciliation nationale. Et comme pour montrer à l’opinion publique sa bonne foi, il a dans la foulée nommé le titulaire de ce département ministériel à qui reviendra la lourde tâche de rapprocher les protagonistes de la scène politique ivoirienne. Et c’est à Kouadio Konan Bertin, dissident du PDCI arrivé 2e à la présidentielle avec 1,99% des suffrages exprimés, qu’a échu ce maroquin vers lequel se tournent les regards.

 

Une semaine après ces annonces, le dialogue tant attendu entre le pouvoir et l’opposition s’est effectivement ouvert hier lundi 21 décembre par un premier contact sous l’égide du Premier ministre, Hamed Bakayoko.

 

Au sortir de ces préliminaires, qui auront duré un peu plus d’une heure, toutes les parties prenantes ont affiché leur satisfaction, car, estiment-elles, cette première phase va dans le sens de l’apaisement politique. C’est donc dire que les fleurs de ce dialogue, dont le principal objectif est de préparer les élections législatives de 2021, promettent des fruits à la hauteur des enjeux.

 

Mais sans pour autant jouer aux Cassandre, le chemin qui doit mener à une réconciliation véritable entre les acteurs politiques sur les bords de la lagune Ebrié reste long, et de surcroît semé d’embûches qu’il va falloir contourner pour parvenir à la paix des cœurs.

 

Un de ses obstacles et non des moindres est la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI). L’institution, depuis sa création, a été critiquée pour sa composition et le mode de désignation de ses membres, en l’occurrence par nomination. C’est que ses 15 commissaires se répartissent comme suit :  un représentant du Président de la République, un représentant du ministre de l’Intérieur, un représentant du Conseil supérieur de la magistrature, six représentants de la société civile et six autres issus des partis politiques, équitablement répartis entre le pouvoir et l’opposition. Concernant cette dernière, le pedigree d’un grand nombre de commissaires ne laisse guère de doute sur leur partialité. Une réserve qui a même abouti devant la Cour africaine de justice qui, dans un arrêt rendu en 2016, avait jugé la CEI déséquilibrée et invité le gouvernement ivoirien à revoir sa copie.

 

La question reste donc de savoir si les appels itératifs de l’opposition à une refonte de l’institution seront entendus pour que les législatives ne se déroulent pas dans le même contexte que la présidentielle du 31 octobre dernier.

 

Autres récifs avec lesquels le capitaine du navire battant pavillon réconciliation nationale devra compter dans ses manœuvres, ce sont les préalables édictés par le chef de l’opposition, Henri Konan Bédié, à savoir l’organisation de nouvelles élections, un dialogue placé sous l’égide de l’ONU, et la libération de tous les prisonniers politiques. Le « Sphinx de Daoukro » sera-t-il entendu ? Autre question : dans le cas contraire qu’adviendra-t-il du processus de réconciliation nationale qui vient d’être entamé ?

 

Mais comme dans toute négociation il faut savoir faire des concessions, il faut espérer que chaque acteur va mettre un peu d’eau dans son vin de palme. La paix sociale en Côte d’Ivoire vaut bien ce sacrifice si c’en est un.

 

 

Hugues Richard Sama

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