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Incivisme au Burkina : La solution par un SND nouvelle formule ?

Le dernier conseil des ministres, tenu ce 29 janvier, a adopté, au titre du Premier ministère, trois décrets portant réorganisation du Service national pour le développement (SND).

 

 

Outre de nouveaux statuts, de nouvelles modalités de recrutement, on note surtout que cette réorganisation institue une formation civique et militaire de 3 mois pour tous les appelés au SND. Elle concernera les jeunes de 18 à 30 ans et son objectif premier, selon les explications du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, c’est de pallier l’incivisme grandissant au Burkina, surtout dans la couche juvénile de la population.

 

 

En effet le constat est amer qu’au Burkina, le respect du drapeau national, des forces de l’ordre, du code de la route et du bien public fout le camp. Que d’accidents mortels, ou tout au moins avec blessures graves ou des séquelles irréparables du fait de l’attitude cavalière de certains usagers de la route ! On se souvient de ce drame, le 9 décembre 2020, où un jeune fermier a été abattu par un policier à Tanghin-Dassouri, bourgade à la sortie ouest de Ouagadougou. Le jeune homme conduisait un tricycle et avait refusé de s’arrêter à un poste de contrôle : incivisme outrancier du jeune fermier pour les uns, manque de professionnalisme de la police pour les autres, toujours est-il que le coup de feu fatal au jeune homme avait suscité le courroux des populations de la localité qui y ont saccagé le commissariat de police.

 

Triste exemple de non-respect du code de la route, des forces de l’ordre, du bien public, bref un cas d’école d’incivisme qui s’est soldé par un drame parfaitement évitable. Ils sont malheureusement nombreux, pour ne pas dire quotidiens, ces actes de désinvolture des Burkinabè vis-à-vis des lois et des normes de la vie en société. Outre l’incivisme des usagers de la route,  il faut citer à bon escient, l’attitude dilettante de certains agents publics qui accomplissent mal leur travail, use de trafic d’influence, si ce n’est carrément des comportements de ripou qui desservent l’Etat et la communauté nationale.

 

Il y a une vingtaine d’années, un président d’institution avait déclaré que la morale agonisait au Burkina. L’incivisme actuel est un avatar de cette morale en perdition. C’est donc tout à l’honneur du gouvernement de vouloir prendre cet immonde  taureau par les cornes. L’éducation de la jeunesse par la formation civique est un moyen, sinon de juguler le mal, en tout cas de la réduire de manière significative. On ne perd rien en essayant d’inculquer à nos jeunes les valeurs du patriotisme, du respect du bien commun, de l’honnêteté, de la tolérance, du travail bien fait, etc.

Si en plus de ces fondamentaux du civisme, le SND devrait renouer avec ses premières amours de l’enseignement d’un rudiment de l’art militaire au maximum de jeunes Burkinabè, c’est du tout bénef pour le pays avec le péril terroriste qui a pignon sur rue dans la région du Sahel. A vrai dire, en supprimant la formation militaire du programme du SND en 1990, les autorités burkinabè avaient manqué de vision prospective. En effet, aucune armée professionnelle, aussi puissante soit-elle, ne peut assurer à elle seule la défense du territoire national en cas de guerre. C’est ainsi que de grandes puissances comme les Etats-Unis et la Chine ont instauré depuis toujours le service militaire obligatoire pour leurs citoyens. Idem pour les 2 Corées, Israël et l’Afghanistan pour des raisons évidentes.

 

Des pays du Sahel comme le Burkina, la guerre civile en Algérie (1991-2002), le conflit entre le Maroc et le Front Polisario, devraient les pousser à prendre certaines dispositions pour éviter toute mauvaise surprise. L’une de ces dispositions auraient dû être la formation de supplétifs qui viendraient en renfort  aux forces armées régulières en cas de besoin. Hélas, il aura fallu que les groupes armés pseudo-djihadistes occupent des localités entières du territoire national pour qu’on pense de nouveau à former militairement les jeunes Burkinabè, et encore en seulement 90 jours. Que du temps perdu ! Que de retard pour les jeunes Burkinabè ! Car les jeunes Tchadiens sont conscrits depuis 2006, les Maliens depuis 2016, les Marocains depuis 2018, les Algériens depuis 1974.

Mais comme le dit l’adage, « mieux vaut tard que jamais. » Cette réforme du SND est la bienvenue, et même si tous les jeunes Burkinabè ne passeront pas par la conscription militaire pour le rétablissement du civisme et de la sécurité nationale mis à rude épreuve, c’est un pas que fait le gouvernement dans la bonne direction. Reste à souhaiter que les voies de recrutement des appelés à ce nouveau SND : tirage au sort et test pratique en fonction de quotas par région et profil ; sélection sur dossier avec la collaboration des autorités administratives ; transmission de listes de travailleurs du public et du privé, soient transparentes de bout en bout et donnent des chances égales aux jeunes Burkinabè de servir utilement leur pays. Et si les plus exemplaires de ces appelés du SND devaient, pourquoi pas, être retenus à l'issue de leur conscription pour servir au sein des forces de sécurité et de défense, le Burkina ferait d’une pierre deux coups : insuffler de plus en plus le civisme à sa jeunesse et couper court au favoritisme dans le recrutement au sein des forces armées, chose préjudiciable à leur efficacité. On attend de voir.

 

La Rédaction

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