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Gouvernement réajusté : Prise de contact pour de nouvelles orientations

 

La composition des membres du nouveau gouvernement burkinabè a été rendue publique le mercredi 30 juin 2021. Dès le lendemain 1er juillet, les ministres, avec à leur tête le chef de l’exécutif, étaient réunis autour du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, au palais de Kosyam, pour une prise de contact. Ce fut l’occasion pour le chef suprême des armées de donner de nouvelles orientations à la nouvelle équipe gouvernementale.  

 

 

 

 

Cela est bien une tradition. Suite à la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale, une première rencontre est organisée avec les heureux élus, nouveaux comme anciens, pour leur donner les directives qui conviennent dans le sens d’une bonne gestion du pays. Cette tradition a donc été respectée avec la formation du nouveau gouvernement et les journalistes de la presse nationale et internationale ne pouvaient, pour rien au monde, rater ce rendez-vous. Chacun nourrissait le secret espoir de faire une bonne moisson en informations croustillantes pour sa structure d’origine. C’est par conséquent assez tôt le matin de ce jeudi 1er juillet qu’ils ont rallié la salle polyvalente du palais présidentiel de Kosyam. C’est là en effet que devait se tenir à partir de 9 heures le Conseil des ministres, en fait une prise de contact circonstancielle. Ils y ont assisté impatiemment comme de coutume au défilé des bolides ministériels, essayant chacun de mettre un nom sur les nouveaux visages. Sauf que là il n’y avait pas véritablement d’effort à fournir, puisque le gouvernement dans sa grande majorité a été reconduit et que la plupart des physionomies sont déjà connues. Seuls le colonel-major Aimé Barthélemy Simporé, nouveau ministre délégué à la Défense, et Clarisse Mérindol/Ouoba, qui remplace Maxime Koné (propulsé au département de la Sécurité) au ministère délégué chargé des Burkinabè de l’extérieur pouvaient en réalité constituer une véritable attraction pour les gratte-papier. Cette dernière, pour des raisons qu’on ignore, était d’ailleurs absente à cette première entrevue des serviteurs de la République.

 

Chaque ministre, après une photo individuelle s’engouffrait discrètement dans le saint des saints, dans l’attente du début des travaux qu’annoncera l’arrivée du grand manitou. Cela n’a pas tardé, puisqu’à l’heure indiquée, 9 h donc, le maître de céans, ponctuel comme une horloge suisse descend de voiture. L’enfant de Tuiré, après s’être lui aussi fait prendre en photo, s’introduisit dans la grande salle polyvalente, sous le regard des journalistes qui devaient encore prendre leur mal en patience.   

 

Pratiquement six mois après le premier Conseil des ministres du gouvernement Dabiré II, précisément le 11 janvier de l’année en cours, les membres de celui réajusté eu égard à la situation nationale, notamment la question sécuritaire de plus en plus préoccupante, ont eu leur première prise de contact hier jeudi à Kosyam. Rassemblés autour du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, qui a repris le maroquin de la Défense, ils ont reçu tous et chacun des instructions utiles pour les guider dans l’accompagnement de l’action gouvernementale.

 

Des confidences de ce conciliabule des grands commis de l’Etat qui a duré une quarantaine de minutes, les acteurs des médias n’en sauront rien, ou du moins en seront informés de façon détournée, grâce au point de presse assorti de deux questions uniques (lire encadré), donné après coup par le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, en présence des membres de son gouvernement.

 

 

 

D. Evariste Ouédraogo

 

& Aboubacar Dermé

 

 

 

Encadré

 

 

 

Christophe Joseph Marie Dabiré, Premier ministre

 

« Nous ne recherchons pas de responsables ou de coupables mais une nouvelle dynamique… »

 

 

 

« Chaque changement de gouvernement est toujours une opportunité de faire le point avec la presse sur un certain nombre de questions d’actualité et surtout des orientations que le président du Faso donne à l’ensemble du gouvernement dans ce contexte. Comme vous l’avez constaté depuis hier, des réaménagements ont été opérés au niveau de l’exécutif : le président du Faso dans son adresse le dimanche dernier à la Nation a annoncé les couleurs en disant qu’en tant que chef suprême des armées, il a pris un certain nombre de décisions. Cela montrait déjà l’orientation que pouvaient prendre ces décisions, à savoir qu’il prend la responsabilité de gérer désormais le portefeuille de la Défense nationale et des Anciens Combattants qui constituait un ministère plein. De ce point de vue, les différentes attaques que notre pays a connues tout dernièrement et qui sont d’une gravité extrême, ont interpellé la conscience du chef de l’Etat qui a estimé que ce réajustement était indispensable. C’est pourquoi, il a repris les rênes du ministère de la Défense nationale pour procéder à une réorganisation interne de nos structures chargées de la défense et de la sécurité. Cela permet au président qui a été élu par le peuple de renouer avec ce peuple et de récréer la confiance indispensable pour ce qui concerne la nécessité d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Il est important de souligner que ceux qui ont été dans ce gouvernement, notamment à la Défense et à la Sécurité, n’ont pas démérité. Il convient plutôt de les féliciter parce que à un moment de leur participation à l’exécutif, ils ont montré les capacités qu’ils avaient afin que la sécurité soit assurée. A un moment donné, notre pays a connu une accalmie et cela est à mettre à leur actif. Il y a eu une recrudescence des attaques suite aux victoires que nos Forces de défense et de sécurité (FDS) ont remporté sur le terrain et au comportement dynamique de nos Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Les terroristes se sont adaptés à cette situation parce qu’ils commençaient à avoir des pertes dans leur milieu. Avec ce réajustement, nous ne recherchons pas de responsables ou de coupables mais nous voulons tout simplement donner une nouvelle dynamique, un nouveau souffle à notre stratégie de lutte contre le terrorisme.

 

Après avoir repris le département de la Défense nationale, le chef de l’Etat a souhaité avoir à ses côtés un officier qui doit lui permettre de gérer les questions opérationnelles. Cette évolution dans le temps montre que non seulement la gestion de ce ministère sera entre ses mains mais aussi qu’au niveau opérationnel, il ait le contact nécessaire avec l’ensemble de la troupe à travers un officier supérieur qui transmettra les messages qu’il souhaite donner. C’est notamment en demandant à la troupe de reprendre confiance, de se réorganiser, et qu’elle soit beaucoup plus cohérente dans son approche afin que nous puissions apporter les réponses appropriées au terrorisme.

 

Nous avons également fait appel à un jeune au niveau de la Sécurité. Une sécurité intérieure qui doit être revisitée du point de vue de la stratégie et réorganisée pour occuper le terrain que les militaires seront appelés à libérer dans toute leurs opérations militaires qui ont connu beaucoup de succès mais aussi des insuffisances car la relève qui devait être opérée n’a pas toujours eu lieu, causant un certain nombre de problèmes. Avec l’arrivée de Maxime Koné à la tête de la sécurité, nous allons procéder à cette redistribution du dispositif sécuritaire au niveau national et réoccuper le terrain. Cela pour permettre aux personnes déplacées internes de retourner dans leurs zones de départ et contribuer au développement social et économique de notre pays par la production.

 

Nous avons aussi appelé une dame au poste de ministre délégué chargé de l’Intégration africaine en remplacement de Maxime Koné, lui qui a été appelé à d’autres fonctions. Nous pensons que le tandem Alpha Barry et Clarisse Ouoba va contribuer à renforcer davantage notre contribution à la diplomatie internationale et à la lutte contre le terrorisme. Nous avons en effet besoin de la contribution de nos partenaires techniques et financiers qui nous ont toujours accompagnés dans le cadre d’un certain nombre d’unités, d’institutions, que nous avons créées au Sahel. Le chef de l’Etat a donné de nouvelles orientations pour qu’il y ait davantage de collégialité, d’efficacité pour que nous avancions dans la bonne direction.

 

L’attaque de Solhan a servi de détonateur parce que ça a permis de mettre en évidence un certain nombre de dysfonctionnements au niveau de notre dispositif de Défense et de Sécurité. Dans la réflexion globale que le chef de l’Etat a menée, il a intégré cette situation dans les décisions qui viennent d’être prises. Ce serait faux de dire que les attaques de Solhan et l’embuscade tendue contre les policiers à Barsalogho n’ont pas joué dans ce réajustement. Il y a une réflexion qui a été amorcée, ces événements ont servi de détonateur et cela a permis de recentrer notre vision et de faire en sorte qu’un nouveau dispositif soit mis en place afin que nous puissions avoir davantage d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme. 

 

En ce qui concerne la marche de l’opposition politique, mon message ne peut être autre que celui que le chef de l’Etat a lancé. Aujourd’hui notre peuple a besoin d’aller de façon unie contre le terrorisme, il ne faut pas qu’on se trompe d’ennemis. Les agitations politiciennes ont leur place dans le jeu démocratique mais quand le pays est en danger, il faut que l’on sache raison garder, que l’on se donne la main pour combattre l’ennemi et après se lancer dans la gestion politicienne de notre société. Le premier élément constitutif du chef de l’Etat a été de rappeler que le peuple a besoin d’être soudé, qu’il faut une union sacrée pour combattre l’ennemi afin de faire en sorte que la sécurité et la paix reviennent. L’opposition a le droit de marcher parce que nous sommes en train de construire un Etat de droit démocratique.  En respectant les lois et principes démocratiques, elle peut organiser sa marche-meeting mais nous disons que la question qu’on doit se poser est la suivante : est-ce le moment ? Je leur laisse le soin de répondre à cette question mais nous, nous avons tendu la main, il serait mieux de la reporter et que tout le monde revienne au dialogue politique, que nous nous retrouvions pour faire le consensus sur les questions essentielles de la construction de notre pays avant que la politique politicienne ne reprenne ses droits. Il faut que nous évoluions dans la construction de l’Etat de droit et la recherche de ce qui peut contribuer au bonheur du peuple burkinabè ». 

 

 

 

Propos recueillis par A.D.

 

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