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Fête de l’armée : Commémoration dans un Burkina assiégé

 

61e fête de l’armée oblige, la place de la Révolution de Ouagadougou, ancienne place d’armes, ressemblait hier, durant une partie de la journée, à un îlot de quiétude dans un centre-ville où les usagers de la route ont dû faire des tours et des détours à cause du quadrillage sécuritaire plutôt inhabituel.

 

C’est un peu à l’image de la capitale et de quelques autres grandes villes devenues des havres de relative sécurité dans un Burkina mis en coupe réglée par les terroristes.

 

 

Parti du Sahel, le cancer, comme on le sait, s’est métastasé depuis et ronge désormais l’Est, le Grand-Ouest et le Nord.

 

Rarement fête de l’armée aura été célébrée comme celle-là dans une certaine sinistrose.

 

Comme pour d’ailleurs souhaiter «joyeux anniversaire» de la plus sanglante des manières aux Forces de défense et de sécurité (FDS), cinq policiers ont été tués et un autre blessé par les forces du mal suite à l’attaque de leur poste à Di, dans le Sourou, le 31 octobre 2021. De quoi donner raison à la fois au président des producteurs de ladite province qui, dans un enregistrement audio publié la semaine dernière, tirait la sonnette d’alarme et à Saran Sérémé, l’ancien médiateur du Faso, qui vient de quitter la majorité présidentielle pour protester contre la gouvernance actuelle, en l’occurrence celle sécuritaire .

 

Aujourd’hui, ce sont deux anciens chefs d’Etat, Jean-Baptiste Ouédraogo et Michel Kafando, ainsi que les filles et les fils du Gulmu qui s’inquiètent de la situation nationale dans deux déclarations que nous publions dans cette édition (Lire page et page).

 

Plus que jamais, la question sécuritaire est devenue particulièrement préoccupante et on assiste impuissant à une espèce d’encerclement en attendant le jour où la pieuvre pourrait frapper dans les principaux centres urbains. Et s’attaquer au «grenier du Burkina», c’est comme vouloir nous affamer en plus de nous tuer.

 

Que se passe-t-il donc? Posons une fois de plus les questions qui fâchent :

 

- Manque de stratégie comme l’avait naïvement confessé le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, en mai dernier lors de son discours sur la situation de la Nation?

 

-Sempiternels problèmes de logistique et d’armement dont on pensait pourtant qu’ils avaient été relativement résorbés ces dernières années?

 

-Collaboration insuffisante des populations?

 

-Et les forces vives des régions sinistrées dans tout ça?  Que font-elles concrètement sur le terrain au-delà des critiques souvent faciles et politiciennes faites avec un verre de bière ou de whisky à la main?

 

-Défaut d’engagement des FDS qui semblent, aux yeux du profane, se complaire dans une posture attentiste et défensive, ne faisant que dans la réaction et procédant à des ratissages dont certains en viennent à douter?

 

-Problème d’efficacité du renseignement?

 

-Quid du comportement de certains partenaires «stratégiques» comme la France qui, pour de nombreux Burkinabè et même pour une partie de la troupe, jouerait un double jeu?

 

Autant de questions à la mesure du désarroi des Burkinabè, qui ne savent plus à quel saint se vouer et qui, en désespoir de cause, s’en remettent à la Providence pour les tirer d’affaire. Mais ne dit-on pas « aide-toi et le Ciel t’aidera »?

 

En vérité, on se demande si cette guerre est vraiment aussi asymétrique qu’on le dit.

 

Quelle asymétrie y a-t-il alors que la position de l’ennemi est souvent connue?

 

Quelle asymétrie quand des binômes par centaines pétaradent sur de grosses cylindrées au vu et au su de tous, à commencer par les FDS?

 

Quelle asymétrie quand ils viennent à visage découvert imposer leurs lois aux pauvres populations qui n’ont d’autre choix que de s’y  soumettre?

 

Quelle asymétrie y a-t-il quand ils imposent pendant de longues semaines le blocus de certaines localités sans qu’une quelconque opération soit menée pour deserrer  l’étau?

 

Certes, il faut rendre hommage aux FDS qui paient un lourd tribut à cette guerre depuis maintenant six ans et qui comptent dans leurs rangs des soldats dévoués et irréprochables, mais on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les actions de l’armée, et même plus souvent sur son inaction.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

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