Menu

CDP : Le congrès de la discorde

 

Le torchon brûle entre le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, et une partie des cadres et militants dudit parti qui lui reprochent une «gouvernance autoritaire et dictatoriale». Se présentant comme «l’aile historique» du parti, les frondeurs ont animé le vendredi 10 décembre 2021 à Ouagadougou une conférence de presse pour donner leur lecture de la crise qui secoue leur famille politique et dont le point d’orgue aura été le report du 8e congrès.

 

 

 

 

Sur le présidium, la moyenne d’âge devait être haute. Ils ont tous blanchi sous le harnais au sein de l’ex-parti au pouvoir. Mais selon le principal animateur de cette conférence de la vieille garde du CDP, l’ancien ministre et ancien ambassadeur  Mohamed Sané Topan, le conflit qui les oppose au «jeune loup» Eddie Komboïgo n’est pas un conflit de générations. A l’en croire, celui qui a été porté à la tête du parti de l’épi et de la daba en mai 2015 a trahi la confiance placée en lui, si bien qu’aujourd’hui, il serait «esseulé», abandonné par les militants de tous âges. Des huit vice-présidents du parti toujours actifs, aucun, selon lui, n’est encore avec Eddie Komboïgo. La genèse de ce désamour, selon celui qui a été aussi directeur de cabinet du président Blaise Compaoré, remonte à l’arrivée de l’expert-comptable au sommet du parti. « Notre président s’est montré impatient de briguer la magistrature suprême. En un temps record, il a transformé le CDP en un marche-pied pour accéder au pouvoir d’Etat. C’est à cause de cette ambition fièrement affirmée que va commencer le massacre de tous les contradicteurs», a raconté Sané Topan, actuellement 5e vice-président du parti. Et d’énumérer une liste de tous ceux à qui le président du CDP a rendu la vie dure, certains d’entre eux préférant démissionner : Kadré Désiré Ouédraogo, Mahamadi Kouanda, Boureima Badini, Luc Adolphe Tiao, pour ne citer que ces anciens pontes qui sont allés voir ailleurs. D’autres contradicteurs, qui sont restés, ont eu droit, a regretté le conférencier, à des «sanctions abusives et intempestives» comme ça été le cas du secrétaire à la jeunesse, Adama Tiendrébéogo, dit «Colonel», et de deux de ses adjoints, Karim Baguian, dit «Lota», et Ghislain Konseiga.

 

 

A écouter les conférenciers du jour, parmi lesquels il y avait le député Yaya Zoungrana, le secrétaire général du parti, Blaise Sawadogo, la 7e vice-présidente chargée de la promotion du genre, Blandine Sawadogo, l’un des plus grands «crimes» d’Eddie Komboïgo qui lui vaut aujourd’hui la colère de certains militants, c’est sa «défiance larvée, ensuite ouverte» envers le Président-fondateur du parti. « Le président Eddie a conçu la défiance envers le président Blaise Compaoré avec minutie. Il refuse de faire référence au président Blaise Compaoré à travers ses déclarations, discours et interviews avec les médias. Dernièrement, il a jeté un discrédit sur l’authenticité des lettres signées par le fondateur du parti», a noté Mohamed Sané Topan.

 

 

 

Bataille judiciaire

 

 

 

La bagarre au sein du parti s’est déplacée sur le terrain judiciaire. Les frondeurs ont attaqué le parti en justice pour obtenir le report du 8e congrès qui était initialement prévu les 4 et 5 décembre 2021. Ils ont obtenu gain de cause: le 3 décembre, le juge des référés, dans son ordonnance, ayant en effet suspendu l’activité. Une victoire de courte durée puisqu’Eddie Komboïgo a fait appel de cette décision et le juge lui a donné raison le 10 décembre, appelant à la convocation du congrès dans le respect des textes fondamentaux du parti. Mais selon les frondeurs, au sortir des deux procès, leurs objectifs ont été atteints: «Notre démarche répondait à deux préoccupations. Que le congrès soit reporté, nous l’avons obtenu. Qu’un congrès soit convoqué dans le respect de nos textes fondamentaux, nous l’avons obtenu.»

 

 

Les frondeurs, soutenus par le président d’honneur du parti qui a tranché en leur faveur, souhaitaient aussi ce report pour respecter le deuil des familles après le drame d’Inata. Un autre argument qui justifiait leur opposition à ce congrès, c’est le fait, selon eux, qu’Eddie Komboïgo avait prévu au cours de ce conclave de changer le nom, le logo du parti et de supprimer le titre de président d’honneur ou, à défaut, de le réduire à un  rôle honorifique. Il n’en est rien selon  le camp  Komboïgo qui annonce par ailleurs la programmation du congrès pour les 18 et 19 décembre prochain. Une décision prise au cours d’une assemblée générale des secrétaires généraux du parti le 11 décembre 2021.

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemardi, 14 décembre 2021 00:21

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut