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Pré-dialogue tchadien à Doha : Une suspension inaugurale pour mieux avancer ?

 

L’avenir du Tchad se joue depuis hier à Doha. Dans la capitale qatarie s’est en effet ouvert, le dimanche 13 mars 2022, le pré-dialogue entre le gouvernement tchadien et les nombreux groupes politico-militaires qui essaiment à travers tout le pays.

 

Il s’agit de préliminaires en vue de la tenue, le 10 mai prochain, du dialogue national inclusif, étape charnière de la Transition ouverte par la mort d’Idriss Déby Itno le 20 avril 2021 et l’arrivée au pouvoir de son fils, Mahamat Idriss Déby.

 

C’est déjà, en soi, un petit miracle de pouvoir réunir au même endroit des regroupements aux desseins parfois contraires dont certains font le coup de feu depuis une bonne trentaine d’années, depuis notamment le coup d’Etat qui a amené le petit berger de Berdoba au pouvoir. Réunir en effet autour de la même table le général Mahamat Nouri de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), Mahamat Mahdi Ali du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui serait à l’origine de la mort de Déby père, et Timan Erdimi de l’Union des forces pour la résistance (UFR), exilé au Qatar depuis une douzaine d’années, et de nombreux autres rebelles, dont la présence sur place a d’ailleurs pesé lourd dans le choix de cette pétromonarchie du Golf, n’allait pas de soi.

 

Si la présence de tous les groupuscules était d’ailleurs confirmée, jusqu’à hier la présence physique des leaders était incertaine. Il faut dire que le renvoi, pas plus tard que le mercredi 9 mars dernier, de l’ancien président Goukouni Weddeye, qui jouait jusque-là le rôle de médiateur dans le processus, a quelque peu jeté le trouble et même installé une certaine méfiance entre les différents protagonistes. Certains y ont vu une forme de manœuvre dilatoire et d’autres du sabotage purement et simplement. Les six représentants du FACT n’ont-ils d’ailleurs pas quitté la salle et boycotté la cérémonie après avoir écouté le ministre d’Etat pour les Affaires étrangères du Qatar ; eux qui voulaient d’abord avoir certaines clarifications sur l’organisation de ce pré-dialogue ?  Des voix se sont également fait entendre sur le nombre de groupes politico-militaires présents autour de cette table, celui de 59 jugé pléthorique et ne reflétant pas ce qui existe réellement sur le terrain.  

 

Des préalables qui ont conduit le pays hôte à signifier clairement sa position de médiateur dans un premier temps, et dans un second à faire deux propositions qui ont rencontré l’assentiment des participants. En effet, les travaux de ce pré-dialogue, sitôt ouverts ont été suspendus pour 72 heures, le temps de permettre aux groupes armés de se concerter et chaque fraction devrait choisir en son sein une dizaine de représentants à l’effet de mieux cadrer les discussions. Deux points qui font dire à Chérif Mahamat Zene, le ministre des Affaires étrangères tchadien, remplaçant de l’ancien président dans ce dialogue, qu’il espère que cela suffira à convaincre le FACT de rejoindre le processus.    

 

Dans 3 jours donc, espérons qu’au-delà des querelles de clocher, pour ne pas dire de minarets, toutes les parties prenantes n’auront pour seule boussole que l’intérêt supérieur de ce vaste pays de 1, 284 million de km2 miné depuis les indépendances par de sempiternelles coups d’Etat et des rebellions. Les belligérants parviendront-ils, pour commencer, à s’accorder sur un cessez-le-feu et à le faire respecter sur le terrain ? La question matricielle des amnisties pour des gens qui sont parfois coupables de crime de guerre ainsi que de nombreuses autres questions épineuses pourront-elles être abordées profondément ? De la réussite de ce pré-dialogue dépendra l’issue du processus dans environ deux mois au Tchad.

 

Mais on peut d’ores et déjà être sûr d’une chose, le Qatar pèsera de tout son poids financier, diplomatique et même religieux pour l’aboutissement heureux de ces tractations qui vaudront pour leur son pesant d’or, pour ne pas dire de barils de pétrole, en termes de prestige international, sans oublier l’éventuel retour sur investissement qu’un Tchad en paix et réconcilié avec lui-même peut lui procurer.

 

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 14 mars 2022 21:38

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