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Lycée scientifique de Ouahigouya : En état de délabrement avant la réception définitive

 

Dans le cadre du Plan de développement économique et social (PNDES) au cours du premier mandat du président déchu Roch Marc Christian Kaboré, il a été prévu la construction de lycées scientifiques dans les 13 régions. Les infrastructures de celui de la région du Nord, alors même qu’elles n’ont pas encore été  réceptionnées définitivement, sont  déjà abandonnées  et dans un état de délabrement. Constat.

 

 

 

 

Porte principale arrachée, peinture des bâtiments dégradée, murs à l’intérieur  fissurés, une partie du mur de clôture écroulée reconstruite, le moins qu’on puisse dire, c’est que les nouvelles infrastructures du lycée scientifique de Ouahigouya présentent  un visage triste. Observateurs et bénéficiaires émettent des doutes sur la qualité des ouvrages. Sur le site situé dans le village de Tougzagué, secteur 13 de Ouahigouya, à environ 7 km du centre-ville,  on trouve deux blocs pédagogiques de 3 classes chacun, une salle informatique, un laboratoire, deux bâtiments administratifs, un terrain de sport et un château d’eau de 5 m3. Selon nos recoupements, si la réception provisoire a été faite, nous n’en sommes pas encore à la réception définitive.  Au cours du mois d’août 2021, le mur de clôture du lycée a cédé sur près de 8 mètres. L’entreprise «Construction générale des bâtiments et des travaux publics (CGBAT) multiplie les arguments pour expliquer cette défaillance.  La raison principale de cette chute est d’ordre technique, à entendre le directeur de la structure Souleymane Zoetyenga. Il soutient que le ministère de l’Education nationale et de la Promotion des langues nationales n’a pas réalisé d’étude technique avant la signature du contrat pour la réalisation de l’ouvrage. Le site n’étant pas couvert, il n’y avait rien qui puisse ralentir la vitesse des vents alors que le plan d’exécution orientait le portail principal vers l’est, qui coïncide avec la direction des vents. Ayant constaté cette défaillance, il a proposé un autre plan au ministère, qui l’a  rejeté. Pour un mur de 4,5 m de hauteur, explique-t-il, il fallait prévoir un support solide devant supporter le poids de la porte. Qu’à cela ne tienne, quand le vent a détruit une partie du mur, on n’a pas mis du temps à le  réparer. 

 

A propos de la dégradation de la peinture, le patron de CGEBAT argue que cela est dû à un phénomène naturel.  Juste après l’application de la peinture, fait-il remarquer, une pluie s’est invitée. Il pointe aussi du doigt la qualité des produits sur le marché.

 

Le directeur de Zénith Innovation, Edouard Kaboré,  chargé du suivi-contrôle de la construction de la clôture, défend vaillamment l’entreprise qui avait la responsabilité de la construction  du mur.  Il soutient fermement que la dégradation du mur et de la peinture de même que les fissures sont liées à la non-réalisation de l’étude technique. Il précise que les fissures sont liées à la nature du sol qui aurait bougé, étant donné que le site est sur un terrain nu.   

 

Il y a aussi les retards afférents aux  décaissements des fonds par le gouvernement que les responsables des deux entreprises évoquent comme difficultés majeures. Tardant à être payés, les ouvriers et les maçons ont déserté le chantier et il fallait recruter d’autres pour poursuivre les travaux.

 

Autre goulot d’étranglement, le temps mis pour avoir le site devant abriter le lycée. Pour un contrat attribué en 2017 par le ministère de l’Education nationale à l’entreprise «Compagnie Internationale d’Ingénierie (C2i), chargée de la maîtrise d’ouvrage déléguée, il a fallu attendre 2 ans, soit en 2019, pour voir le démarrage effectif des travaux. Sur un premier site retenu, explique le technicien en charge de la maîtrise d’ouvrage déléguée, Elie Zongo, alors que les travaux ont commencé, un particulier s’est présenté avec des documents comme quoi le terrain lui appartenait. Il fallait suspendre les travaux. La même situation s’est répétée sur trois autres sites, engendrant un perpétuel recommencement. Pour un espace de 10 ha exigé par le ministère de l’Education pour abriter le lycée scientifique,  c’est finalement une superficie de 4 ha qui a été mise en valeur. Faute de trouver une nappe phréatique à l’intérieur du site, après neuf tentatives veines, le forage a été réalisé hors site.

 

Les bénéficiaires directs que sont les élèves ne cachent pas leur amertume. «Concernant le site, il y a à redire : non seulement au niveau de la construction et de l’emplacement, mais aussi  au regard de la distance et de la voie qui y mène. Quand on part sur le site, on constate que le chantier a été négligé. Il y a beaucoup de malfaçons. Pendant les vacances, nous y sommes allés et avons constaté que le mur a commencé à se fissurer avec une dégradation de la peinture. Les porte-ampoules ont été arrachés. Les habitants ont commencé à utiliser les latrines. Au terrain de football, on a trouvé des enfants qui y étaient en train de jouer. Vraiment, ce n’est pas motivant de voir que le lieu qui nous est réservé est en train d’être utilisé par d’autres personnes avant la réception définitive. Cela nous démotive », fulmine le délégué  général du lycée scientifique, Ibrahim Cheik Diabaté. L’état de la route  et l’éloignement du site du centre-ville sont aussi d’autres motifs de découragement chez les élèves. Pour s’y rendre, prévient le DG, il faut que chaque parent trouve un vélo à son enfant.  

 

En attendant de rejoindre les locaux de ce lycée ouvert depuis 2019, les trois promotions, à savoir la seconde, la première et la terminale, prennent actuellement les cours à l’Institut national de formation des personnels de l’Education de Ouahigouya. Les pensionnaires du lycée scientifique sont retenus parmi les meilleurs élèves à l’examen du BEPC. Disant elle aussi avoir constaté les défaillances lors de ses visites sur le site, la directrice régionale des Enseignements post-primaire et secondaire, Amandine Ramdé/Ilboudo, soutient que sa structure n’entretient pas de relations directes avec les entreprises chargées de l’exécution des infrastructures. C’est la direction générale des Statistiques du ministère qui est chargée  du suivi. « Les élèves voulaient intégrer  les nouveaux locaux cette année, mais c’est impossible parce qu’il n’y a pas eu de réception définitive, ni d’inauguration. Nous pensons que l’année prochaine, les portes de ce lycée s’ouvriront parce qu’une décision ministérielle a été prise pour l’ouverture de ces centres scientifiques», informe la directrice régionale des Enseignements  post-primaire et secondaire.

 

Pour leur part, les patrons des différentes entreprises assurent que les défaillances constatées sur les différents bâtiments seront réparées avant la réception définitive.

 

 

Emery Albert Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 16 mars 2022 20:24

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