Menu

Prix Pritzker 2022 : Le Burkinabè Francis Kéré sur le toit de l’architecture mondiale

 

Diébédo Francis Kéré. Un nom qui, jusqu’à hier, ne disait pas grand-chose à la majorité des Burkinabè. Depuis le mardi 15 mars 2022, il est sorti définitivement de cet anonymat. La raison ? Le Prix Pritzker, tout aussi peu connu du grand public, lui a été décerné.

 

 

Cette distinction, qui récompense depuis 1979 le travail d’un architecte vivant qui a montré, à travers ses projets et ses réalisations, les différentes facettes de son talent et qui a réalisé un apport significatif à l’humanité, a salué son «engagement pour la justice sociale» et l’utilisation de matériaux locaux pour s’adapter au climat naturel dans les pays marginalisés, où les difficultés sont nombreuses et où l’architecture et les infrastructures sont absentes.

 

Ce Burkinabè, qui réside depuis longtemps en Allemagne, vient ainsi d’inscrire en lettres d’or son nom dans  les annales de l’architecture mondiale, si on peut dire, à côté d’autres prestigieux noms de la discipline comme le Sino-Américain Ieoh Ming Pei, l’Américain Norman Foster, le Brésilien Oscar Niemeyer, l’Italien Renzo Piano, le Britannique Richard Rogers  ou encore le Français Jean Nouvel.

 

Il entre d’autant plus dans l’histoire de cet art qu’il devient, à 57 ans, le premier Africain à recevoir ce que beaucoup considèrent comme le Prix Nobel de l’architecture.

 

Que de chemin parcouru depuis son village de Gando en pays bissa, où il a d’ailleurs réalisé sa première œuvre en 2001, une école de briques de terre comprimée et de ciment surmontés d’un toit de tôle en auvent et d’un faux plafond, percé de fines ouvertures adaptées aux fortes chaleurs ! Beaucoup d’autres constructions, autrement plus prestigieuses, suivront pour celui qui a tâté la charpenterie au Burkina Faso avant d’aller étudier l’architecture en Allemagne, grâce à une bourse d’études. On lui doit notamment l’Assemblée nationale du Bénin à Porto-Novo, le Centre culturel et éducatif « Festspielhaus » de Loango, à la sortie est de Ouagadougou, initié par le regretté Christoph Schlingensief, le musée de l’Architecture en terre de Mopti, le projet de construction du parc national du Mali à Bamako, le centre de formation de Dapaong, le prototype de bâtiment scolaire fondé sur des critères bioclimatiques au Yémen, l’installation permanente du musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève, la transformation d’un port de pêcheurs en atelier et salle d’exposition pour artistes dans la ville de Zhou Shan en Chine.

 

Une consécration bien méritée donc, non seulement pour lui à titre personnel et pour son équipe, mais aussi pour le Burkina qui s’enorgueillit de compter parmi ses meilleurs ambassadeurs à l’étranger un virtuose du 1er art. On ne le dira jamais assez, les artistes, les sportifs… sont souvent nos meilleurs représentants à travers le monde, même si, hélas, leurs mérites ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur. On se réjouit donc d’autant plus de cet événement mondial qu’il arrive comme un vivifiant rayon de lumière dans la nuit noire que le Pays des hommes intègres traverse depuis maintenant 6 ans, en raison du terrorisme.

 

Merci donc à Francis Kéré de nous faire oublier, ne serait-ce que quelques instants, la carte du Burkina invariablement coloriée en rouge par les chancelleries occidentales  et la sinistrose ambiante due aux actes terroristes avec leur cohorte de conséquences comme ces deux millions de déplacés internes, ces milliers d’écoles et de centres de santé fermés.   

 

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 16 mars 2022 20:42

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut