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Décès Soumeylou Boubèye Maïga : Macabres tractations pour une dépouille

 

Quelle mouche a donc pu piquer le colonel Assimi Goïta ? Il aura fallu 24 bonnes heures pour que la famille du défunt, l’ancien Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga, puisse entrer en possession de son corps qui était, pour ainsi dire, pris en otage.

 

Ce sont en effet de macabres tractations qui se sont engagées entre elle et les autorités maliennes, qui ont accepté de rendre le cadavre sous certaines conditions. Notamment que les proches de l’illustre disparu ne fassent pas d’autopsie.

 

Les nouveaux maîtres du pays auraient voulu faire faire eux-mêmes des examens médico-légaux du corps, ce que les frères, femme, enfants… du défunt ont refusé. Et on les comprend.

 

Comment en effet faire confiance à une junte qui a obstinément refusé les remises en liberté conditionnelle et les demandes réitérées d’évacuation sanitaire ? Et cela, malgré la dégradation visible de SBM, comme on l’appelait affectueusement, jusqu’à ce que mort s’ensuive donc en détention, puisque Boubèye était incarcéré à la prison centrale de Bamako depuis août 2021, avant d’être transféré dans une clinique de la place.

 

Autrefois journaliste avant d’embrasser une riche carrière politico-administrative, il fut notamment directeur des renseignements, plusieurs fois ministre, notamment des Affaires étrangères, de la Défense et Premier ministre sous IBK, de 2017 à 2019.

 

A l’origine de ses ennuis judiciaires, l’affaire dite « Air IBK », l’acquisition dans des conditions jugées troubles de l’avion présidentiel en 2014, et les marchés d’équipements militaires sur fond de surfacturations présumées, faux, favoritisme, abus de confiance et trafic d’influence. Des accusations, il est vrai très graves, surtout dans les conditions sécuritaires que connaît le pays, mis sous coupe réglée depuis une décennie.

 

Mais qu’importe la gravité des faits qui lui étaient reprochés. Ce n’est pas maintenant qu’on l’a laissé mourir qu’on en saura quelque chose, puisque le concernant, l’action publique s’éteint automatiquement et il emporte dans sa tombe une partie du dossier.

 

L’acharnement post-mortem des autorités de la transition est d’autant plus surprenant qu’elles s’étaient fendues d’un hommage dithyrambique. Et avec cette indécente polémique autour d’une dépouille, le locataire du palais de Koulouba va même donner raison au président nigérien, Mohamed Bazoum, qui dans le langage peu diplomatique qu’on lui connaît avait purement et simplement parlé d’ « assassinat », qui rappelle le décès également en détention du premier président malien Modibo Keïta.

 

Avait-on vraiment besoin d’ajouter à la douleur de la famille éplorée ?    

 

 

 

D. Evariste Ouédraogo

 

Dernière modification lemercredi, 23 mars 2022 20:58

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