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Transition politique : «Nous ne courons pas derrière les délais» (Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement)

 

Le face-à-face entre le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, a effectivement eu lieu hier 31 mars 2022 au Service d’information du gouvernement. La voix de l’exécutif, qui avait à ses côtés sa collègue des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Olivia Rouamba, a lu « le communiqué très important » annoncé la veille (voir encadré) avant de se prêter aux questions des journalistes. « Nous ne courons pas derrière les délais », la préoccupation de l’exécutif étant d’assainir le territoire, d’œuvrer au retour de la paix afin que le jeu démocratique puisse se mener dans des conditions paisibles, selon ses propos.

 

 

 

«La CEDEAO vous a fixé un délai, qu’en est-il exactement ? Quelle est la position du gouvernement burkinabè ? » a interrogé un confrère aussitôt que le ministre, porte-parole du gouvernement, a terminé la lecture du « communiqué très important » annoncé la veille à Kosyam au sortir du Conseil des ministres. « Le gouvernement du Burkina Faso ne subit qu’un seul délai ; celui de bien faire les choses, d’agencer son action conformément aux réalités du terrain, en toute objectivité, avec la plus grande prudence et le plus grand réalisme. Ce qui dicte notre action, c’est vraiment le terrain, l’opérationnel et le contexte dans lequel le pays est plongé. C’est une situation claire et indéniable et le gouvernement travaille dans ce sens », a répondu le ministre Lionel Bilgo, à qui il avait déjà été posé d’autres questions relatives au deadline du 31 mars fixé pour la libération de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. « Ce temps accordé étant échu, est-ce à dire que le pays est prêt à faire face à des sanctions ? » avait aussi lancé un gratte-papier. « Nous croyons au bon sens de la CEDEAO. Dans le communiqué que je viens de lire, on parle d’une CEDEAO des peuples, et le bon sens voudrait qu’on tienne compte du contexte de chaque Etat, du désir de chaque peuple et pour le nôtre, nous avons touché le fond. Notre désir le plus ardent, c’est de remonter en surface. Nous mettons tout en œuvre pour que cette remontée se passe dans les règles et le plus vite possible. En réalité, nous ne courons pas derrière les délais ; le seul délai que le gouvernement se fixe, c’est celui lié au contexte et à l’opérationnel. Nous devons faire les choses avec réalisme et la plus grande prudence pour le bonheur du peuple burkinabè », a répondu le porte-parole du gouvernement.

 

 

 

La durée de la transition sera-t-elle revue à la baisse ?

 

 

 

La ministre des Affaires étrangères, Olivia Rouamba, a apporté de l’eau au moulin de son collègue en faisant d’abord une clarification sur la date du 31 mars. Selon ses explications, c’est la version anglaise et intermédiaire du communiqué sanctionnant les travaux des chefs d’Etat qui en a fait cas mais dans celle officielle, il n’y a point de date butoir si ce n’est le 25 avril traitant de la « finalisation d’un chronogramme acceptable de la transition ». « Je voudrais vraiment que les uns et les autres sachent que le Burkina Faso est à la croisée des chemins. Il a mal à ses aspects humanitaire, sécuritaire et alimentaire. La situation est très exacerbée et le pays a plus que jamais besoin de ses fils pour s’en sortir. Ses partenaires aux niveaux bilatéral et multilatéral sont plus appelés à nous accompagner. La CEDEAO est dans cette dynamique et dans le communiqué final en question, elle a demandé à tous les partenaires de nous soutenir, particulièrement dans le volet humanitaire. Elle promet de nous accompagner pour que nous puissions relever le défi actuel qui n’est pas que burkinabè », a signifié la cheffe de la diplomatie. Elle dit n’avoir pas manqué d’indiquer à la délégation de l’institution sous-régionale le rôle de verrou que joue le Pays de hommes intègres quand on sait que l’objectif final des terroristes est d’envahir les côtes et d’y développer la piraterie maritime. « Au-delà de cet aspect, j’ai précisé qu’il ne sied pas de prendre des mesures draconiennes car ce serait nous pousser dans une certaine posture de survie. Et le cas échéant, on essaie de se donner tous les moyens pour s’en sortir. C’est dire que l’instance n’est pas seulement une organisation de sanctions mais aussi d’accompagnement », a ajouté la ministre. Elle a annoncé l’arrivée ce jour même d’une délégation conduite par le président de la Commission de la CEDEAO, Jean Claude Kassi Brou.

 

« La conférence s’est dit préoccupée par la période de 36 mois de la Transition. Mais jusque-là, lors des différentes rencontres avec les délégations, il ne nous a jamais été clairement dit la durée qu’elles souhaitent. C’est une longue période, se disent-elles, mais longue par rapport à quoi ? Pour nous, ce délai est assez réaliste au regard des enjeux du moment, la situation sécuritaire est à son summum et il nous faut prendre du temps pour atteindre une situation acceptable pour le retour des populations déplacées », a répliqué Olivia Rouamba. Elle pense que ses hôtes ont plutôt pour préoccupation majeure la libération de l’ancien président Kaboré. Chose qui, si elle est débloquée, va leur permettre de faire preuve de compréhension pour la suite du processus. Témoin oculaire de la visite à l’ex-président, elle dit avoir rencontré « ce monsieur toujours débonnaire, avec un état d’esprit à son summum et avec la même approche de tous les jours».

 

Aboubacar Dermé

 

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