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La CEDEAO et l’agenda des transitions : Le Burkina à l’école du Mali ?

 

La réaction officielle des autorités burkinabè sur les décisions du dernier sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO était  très attendue. Elle a été enfin rendue publique dans l’après-midi du 31 mars 2022 au cours d’une conférence de prÒesse animée par le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo.

 

 

Malgré le ton mesuré à l’aune du diplomatiquement correct, il n’est pas sûr que cette réponse officielle du gouvernement burkinabè aux injonctions des chefs d’Etat de la CEDEAO donne à sourire aux décideurs de la communauté régionale. On peut même dire que le Burkina s’est inscrit à l’école du Mali quant aux exigences de la CEDEAO sur « la finalisation d’un chronogramme acceptable de la transition au plus tard le 25 avril 2022 ».

 

De fait, en affirmant que « sa plus grande préoccupation demeure la sécurisation du pays, une réponse efficace et urgente à la crise humanitaire et aux drames socio-économiques et communautaires provoqués par l’insécurité, sans oublier le renforcement de la gouvernance et la lutte contre la corruption », le gouvernement burkinabè indique clairement qu’il y a plus urgent que la définition d’un autre  agenda de la transition. Du reste, le gouvernement du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba rappelle qu’une charte a été rédigée et a été approuvée par des assises nationales qui ont défini un chronogramme qu’il travaille à mettre en œuvre. En un mot comme en mille, le gouvernement burkinabè a poliment opposé une fin de non-recevoir à l’injonction principale de la CEDEAO qui n’approuve pas le délai de 36 mois pour un retour à une vie constitutionnelle normale au Burkina.

 

Pour la libération du président récemment  déchu, Roch Marc Christian Kaboré, qui peut passer comme une autre demande pressante de la CEDEAO, le porte-parole du gouvernement burkinabè affirme que des concertations sont en cours afin d’«aboutir au retour de l’ancien président dans une résidence familiale de son choix tout en garantissant sa sécurité».

 

Paul Henri Damiba et son gouvernement coupent donc la poire des exigences de la CEDEAO en deux. Au non, souplement affirmé du refus d’un nouvel agenda de la transition, s’oppose le oui franc à une libération prochaine de l’ancien président Kaboré.

 

Le lieutenant-colonel Damiba s’essaye donc à l’école du lieutenant-colonel Assisi Goïta sans l’acrimonie du verbe ni la nervosité du révolté qui crie à l’offense. Pas sûr que ce ton respectueux de gentleman des autorités burkinabè leur vaudra des révérences des chefs d’Etat de la CEDEAO, soucieux d’éviter le 2 poids 2 mesures à propos du Mali, de la Guinée et du Burkina. Il faut craindre que passé le 25 avril, délai de rigueur pour proposer un « chronogramme acceptable», l’organisation régionale ne durcisse les sanctions contre le Burkina.

 

Vivement donc la désignation d’un médiateur régional pour prendre langue avec les autorités burkinabè afin d’éviter que Ouagadougou, qui pourrait être agacé par de nouvelles sanctions, hausse le ton comme Bamako.

 

Au demeurant, en affichant le slogan « vive la Communauté des peuples »  à la fin de la réaction officielle du gouvernement aux conclusions du sommet extraordinaire de la CEDEAO  du 25 mars 2022, le porte-parole de l’exécutif burkinabè reprend à son compte une critique bien en vogue contre l’organisation régionale : celle d’être un syndicat de chefs d’Etat  agissant au détriment des aspirations des peuples.

 

Du diplomatiquement correct à l’agacement de l’offensé, il y a un pas que l’élève Damiba pourrait franchir à la suite du maître Goïta.

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

 

 

 

 

Dernière modification ledimanche, 03 avril 2022 19:44

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