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Une Lettre pour Laye : Diendéré et autres ont fait appel

 

Cher Wambi,

 Comme tu le sais, la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict le mercredi 6 avril 2022 dans le dossier sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara. Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando ont, tous les trois, été condamnés à la prison à vie, tandis que les autres accusés qui ont été condamnés ont écopé de peines allant de 11 à 20 ans de prison.

 

 

Depuis le 6 avril donc, chacun des condamnés disposait d’un délai de 15 jours pour interjeter appel de ce jugement s’il souhaite faire réentendre sa cause au niveau du second degré de juridiction qu’est la chambre d’appel du tribunal militaire. Ce délai de 15 jours expirait hier, jeudi 21 avril 2022.

 

Cher cousin, pour savoir si des condamnés avaient activé ce recours, j’ai passé quelques coups de fil à certains de leurs avocats. En outre, je me suis rendu au siège de la justice militaire dans la matinée d’hier, histoire de confronter et de consolider les données que j’avais déjà pu recueillir. C’est ainsi que je suis en mesure de t’informer, cher Wambi, qu’en dehors de ceux qui ont été acquittés (Alidou Diébré, Hamado Kafando et Bossobè Traoré) et des sursitaires (Djakalia Démé et Albert Belemlilga), tous les 7 autres qui ont effectivement comparu à la barre et qui ont été condamnés ont interjeté appel. Il s’agit précisément de :

 

- Gilbert Diendéré

 

- Jean Pierre Palm

 

- Tibo Ouédraogo

 

- Idrissa Sawadogo

 

- Nabonswendé Ouédraogo

 

- Yamba Elysée Ilboudo

 

- Pascal Ninda Tondé

 

Le dernier cité, à savoir Pascal Ninda Tondé, le chauffeur de Diendéré, comme tu le sais, était poursuivi pour subornation de témoin et a pris 3 ans de prison ferme.

 

Il y a peu de chance que cette liste évolue même si, à tout moment, le condamné peut retirer son dossier d’appel. De plus, ceux qui ont écopé de la prison avec sursis n’ont aucun intérêt à interjeter appel. Mais bon, sait-on jamais ! Avec ces recours, on s’achemine vers un nouveau procès, cette fois devant la chambre d’appel du tribunal militaire de Ouagadougou. Mais bien malin qui saura dire quand cette seconde manche judiciaire aura lieu.

 

Mais, cher Wambi, je devine que tu te demandes ce qu’il en est de Blaise Compaoré et de Hyacinthe Kafando. Eh bien, il faut noter que leur cas est différent de celui des accusés qui ont effectivement comparu à la barre et qui ont été condamnés. Blaise et Hyacinthe ayant été jugés par contumace, c’est-à-dire en leur absence, ils ne peuvent pas faire appel du jugement. Par contre, dès que le verdict leur sera notifié, ils pourront faire opposition ; en clair, dire qu’ils ne sont pas d’accord et qu’ils rejettent en conséquence les peines prononcées contre eux.

 

 

 

Cher Wambi, le Burkina Faso mérite-t-il encore son nom de « Pays des hommes intègres » ? Je suis enclin à répondre par la négative à cette question, tant nombre de noscompatriotes ont un penchant très prononcé pour le gain facile et cela, au détriment même du bien commun. Chaque jour, la presse fait état de faits et de méfaits de ces hommes qui, en lieu et place de la sueur, donc du travail, sont des adeptes de la courte échelle pour se réaliser dans la vie. Sans doute que l’opération mains propres lancée par le président du Faso et exécutée par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) va nous édifier, si besoin était encore, qu’il y a de la pourriture partout.

 

Mais en attendant, je voudrais te parler de cette affaire qui défraie la chronique depuis le week-end pascal. En effet, depuis le samedi 16 avril, sept hommes de tenue, précisément un gendarme et six douaniers, ont été déposés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). D’autres corps habillés, notamment des gendarmes, des douaniers, des policiers et des agents des Eaux et Forêts ont été entendus par les enquêteurs mais n’ont pas été écroués et l’enquête suit toujours son cours. Toutes ces personnes qui ont maille à partir avec la justice sont poursuivies pour des infractions diverses de contrebande de carburant, de corruption et d’enrichissement illicite.

 

Cher Wambi, cette affaire est un pendant d’une autre qui avait éclaté en août 2021. A cette occasion, 72 personnes avaient été interpellées, des stations-service scellées et d’importants numéraires ainsi que des moyens roulants saisis. L’affaire a été jugée en fin septembre 2021 à la barre du pôle judiciaire spécialisé sur la répression des infractions économiques et financières et ceux qui ont été reconnus coupables ont écopé de peines de prison ferme allant de 10 à 15 mois et été condamnés au paiement d’amendes cumulées de plus de 9 milliards de francs CFA.

 

Alors que l’on croyait que la justice allait se satisfaire de ces coupables, que certains qualifient d’alevins, l’organe judiciaire a poursuivi l’instruction d’un autre volet de cette affaire en visant essentiellement des hommes de tenue qui auraient facilité la contrebande de carburant en pactisant avec les contrebandiers. Si cette enquête a évolué positivement, c’est parce que des condamnés qui sont à la MACO ont accepté de parler et de mettre à la disposition des enquêteurs des preuves électroniques, notamment de transactions financières. C’est ainsi que l’étau s’est resserré sur un certain nombre d’hommes en uniforme. Interpellées, ces personnes ont été gardées à vue durant 25 jours pour les besoins d’enquête avant d’être écrouées. Si la justice a pu les garder durant tout ce temps, c’est parce que la loi en matière de répression des infractions économiques le permet.

 

Les enquêtes vont de l’avant et selon certaines sources, de très gros poissons pourraient être inquiétés car impliqués peu ou prou dans ce vaste réseau de contrebande qui a fait perdre des milliards au Trésor public. Mais pas que, puisque, selon toute vraisemblance, une partie de ce carburant, fruit de la fraude, a pu servir à ravitailler les terroristes qui nous pourrissent la vie depuis quelques années déjà. C’est pourquoi j’affirme que sciemment ou inconsciemment, ces hommes de tenue ont contribué à remplir les réservoirs des motos sur lesquelles les terroristes se déplacent pour tuer nos Forces de défense et de sécurité (FDS) déployées dans les zones à fort défi sécuritaire. Cela fait pitié, cher cousin, de voir que certains, rien que pour chauffer leur café, sont prêts à brûler le Burkina Faso.

 

 

 

Cher Wambi, depuis le lundi 18 avril 2022, deux chauffeurs et leurs deux apprentis-conducteurs ainsi que leurs  camions-citernes sont portés disparus sur l’axe Kaya-Dori.

 

Le convoi, parti la veille de Ouagadougou, se rendait dans le chef-lieu de la région du Sahel pour dépotage de carburant de 23 000 et 24 000 litres.

 

Mais quelle mouche a bien pu les piquer pour qu’ils osent s’aventurer sur un tronçon sous le quasi-contrôle des groupes armés terroristes dont l’un des objectifs stratégiques est d’isoler Dori du reste du pays ?

 

C’est vrai, il faut bien continuer à faire des affaires dans les localités à fort déficit sécuritaire, il faut bien que l’économie continue de tourner, fût-ce au ralenti. Mais de là à transporter pareille quantité de carburant sans escorte militaire est un risque aussi inconsidéré qu’incompréhensible.

 

Puisque ce n’est pas la première fois que des camions-citernes sont interceptés par les terroristes, il appartient aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de prendre les dispositions nécessaires sur certains axes routiers afin d’interdire le transport de certaines marchandises sans assistance militaire. Mais en retour, elles doivent impérativement organiser régulièrement des convois sous escorte militaire pour un ravitaillement sécurisé et continu des zones sous emprise terroriste.

 

Cher cousin, la question que je me pose, c’est comment 72 h après leur disparition on peut être toujours sans nouvelles des deux camions-citernes. Nous ne sommes tout de même pas dans la forêt amazonienne ou dans les montagnes de Tora Bora en Afghanistan, mais bien en zone de savane où il est impossible de dissimuler pareils gros véhicules !

 

Dès lors que l’alerte a été donnée, tous les moyens, surtout aériens, doivent être mis en branle pour récupérer la cargaison, voire la détruire, afin de priver les terroristes d’une aussi importante quantité de carburant. 

 

A ce sujet, le ministre porte-parole du gouvernement a annoncé, lors de son point de presse à la sortie du dernier Conseil des ministres, qu’une enquête était en cours. C’est bien. Mais l’urgence devait être la récupération vaille que vaille de ce si précieux butin de guerre que les terroristes viennent d’emporter.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’intrigante.

 

- « Des mercenaires du groupe Wagner ont été repérés au Burkina Faso par les services français. Une note de l’état-major des armées les accuse d’avoir recruté des ‘’supplétifs’’ issus des groupes rebelles, djihadistes ou pas, afin de protéger les sites miniers que lorgnent les Wagner et leurs ‘’géologues’’ à la recherche d’investissements productifs ». Voilà la révélation faite par l’hebdomadaire satirique français « Le Canard enchaîné » dans sa livraison du mercredi 13 avril 2022.    

 

Si cela est avéré, une telle présence est-elle possible sans l’accord des plus hautes autorités de l’Etat burkinabè ? Certainement pas.

 

Dans ce cas, faut-il croire que notre pays a opté d’aller à l’école malienne, c’est-à-dire de faire recours aux combattants du groupe dans la lutte contre le terrorisme ?

 

On se rappelle qu’au lendemain de la chute du président Roch Marc Christian Kaboré, le patron de Wagner, Evgueni Prigojine,  avait salué le coup d’Etat et fait cas d’« une nouvelle ère de décolonisation ». A son tour, l’un des représentants des instructeurs russes  s’est dit prêt à partager l’expérience de  ses hommes en Centrafrique pour la formation de l’armée burkinabè.  

 

Cela dit, si c’est le « Canard enchaîné » qui parle d’une présence de Wagner au Burkina…

Il y a juste quelques  années, un tunnel était  creusé sous le bitume (route nationale Ouaga-Bobo) à hauteur de la maternité de Gounghin-Nord (secteur 7) pour faire  passer souterrainement des fils électriques et de fibre optique. Une innovation louée en son temps mais qui suscite  actuellement de grosses  inquiétudes  pour les usagers. Et pour cause, à certains endroits,  le goudron  s'effrite ou s'affaisse si ce ne sont pas des trous qui y sont perceptibles. En tout cas, si rien n'est fait pour arrêter le phénomène, qu'on ne se dise pas surpris que d'aucuns s'y cassent le nez un jour.

 

- De l’effervescence, des retrouvailles familiales et amicales à Bilbalogho demain samedi 23 avril 2022. La raison ? Le basga annuel du Baloum Naaba Tanga II.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

 

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