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Affaire Astou Sokhna : L’arbre de la «négligence» ne doit pas cacher la forêt de l’indigence

 

Elle a fait grand bruit et continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive ! La reprise du procès des 6 sages-femmes de la maternité régionale de Louga au Sénégal, hier 5 mai, va raviver les passions autour de l’affaire dite Astou Sokhna.

 

 

Astou Sokhna, c’est le nom de cette pauvre mère qui, enceinte de 9 mois, a succombé aux douleurs de la mise au monde de son bébé, qui n’a pas  lui-même survécu. Un drame qui a plongé tout le Sénégal, voire toute l’Afrique, dans une vive émotion.

 

Accusées de non-assistance à personne en danger, les 6 sages-femmes du service de la maternité de Louga se sentent victimes du système public sénégalais de santé, qui cache mal son dénuement en équipements et en produits pharmaceutiques. C’est du moins l’avis d’Aïda Mbaye de l’Association des juristes sénégalaises qui parle, non sans colère, d’un « système sanitaire (qui) semble avoir un problème avec la maternité, et plus généralement avec la femme ». D’autres citoyens sénégalais, membres du collectif « Patients en danger », renchérissent qu’« il y a des milliers d’Astou Sokhna au Sénégal... cette affaire n’est que la partie émergée de l’iceberg ».

 

Oui, partie visible de l’iceberg ou l’arbre de la négligence qui cache mal la forêt de l’indigence des hôpitaux publics sénégalais et de beaucoup d’autres pays africains. Et si les Sénégalais ont manifesté en scandant des slogans du genre « Justice pour Astou Sokhna, brisons le silence » ; « La lumière maintenant » ; « Nous avons droit à la bonne santé », au Burkina, au Niger, au Ghana, etc., d’autres mécontents auraient pu faire chorus avec eux.

 

En effet, les autorités sénégalaises ont beau protester que les conditions du drame de Louga ne sont pas à généraliser aux hôpitaux sénégalais et que le facteur négligence des 6 sages-femmes y compte pour beaucoup, personne n’est dupe. Au demeurant, pourquoi mettent-elles la balance de la culpabilité de ces accoucheuses avant le coup de gong du juge chargé de rendre le verdict du tribunal dans cette affaire ?

 

Qu’importe ! La reprise de ce procès, après sa suspension pendant près de 2 semaines, est une victoire pour tous ceux qui, au Sénégal et plus généralement en Afrique, veulent des praticiens à la conscience professionnelle aiguë, prompts à secourir les patients. C’est connu, s’ils n’ont pas obligation de résultat, ils ont obligation de soigner les malades qui viennent à eux. Mais que de dilettantisme, que de corruption, que de mauvais diagnostics, mais aussi de dénuement dans nos centres de santé !

 

Pour sûr, ce procès sera celui de tous ces manquements qui déshumanisent nos hôpitaux où sont quotidiennement mis à rude épreuve le serment d’Hippocrate et les droits de l’homme, notamment le droit à la vie et à des soins de qualité.

 

On attend de voir.

 

 

Zéphirin Kpoda

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