Menu

Les humeurs de Barry : Ce pays-là n’a plus de freins

 

«S’en sortirons-je ?» La question vaut son pesant d’or et de faute de conjugaison. Le moral de la nation est dans les chaussettes. Je vous le dis. Même dans les bistrots où l’on va pour s’encanailler, les visages sont fermés, les mines apeurées. Il faut tuer le temps et user de toutes les ruses pour que l’unique bouteille sur la table puisse permettre de tenir aussi longtemps que possible, le temps de s’habiller du manteau de la pénombre pour rejoindre son abri… précaire.

 

 

Les Burkinabè semblent perdus, ne sachant plus à quel mode de gouvernance se vouer. Pour beaucoup en effet, le MPSR nous a foutus encore plus dans la m… jusqu’au cou. Il est vrai que par ces temps qui courent, ça fait banal devant l’énorme scandale scatologique qui nous asperge depuis Dubaï, une destination désormais vouée aux gémonies. Non contents de nous rendre la vie impossible dans les villages et hameaux de culture, les Hani viennent nous agresser en agglomération, à l’image de Nouna, cette funeste nuit du 7 au 8 mai. Cinq heures de séquestration, sans qu’aucun coup de feu n’ait été entendu du camp adverse.

 

Le malheur ne venant jamais seul, à la crise sécuritaire, sont venues se greffer des situations  toutes aussi lancinantes comme la cherté de la vie (finies les gros morceaux de viande qui se jouent les icebergs dans la sauce et les bombances pendant les fêtes) et l’incivisme criard (rappelez-vous Yako avec ces populations qui brûlent un poste de gendarmerie). L’horizon est loin d’être dégagé alors que les cinq mois promis par Damiba sont bien entamés. A l’image du serpent qui se mord la queue, on ne sait plus à quel militaire ou civil se vouer.

 

«Laisse-guidon», vous connaissez ? Quand on était petit, jour de marché à Kongoussi, gare à celui qui s’adonnait à ce genre d’équilibrisme sur son vélo. La poignée de gardes-républicains appelés par dérision «gardefordos» veillaient au grain.  Vous étiez sévèrement réprimés, votre vélo envoyé en fourrière avec une forte amende en sus. Et si en plus du «laisse-guidon», vos freins lâchaient, imaginez la suite... Mon pays me rappelle cette image. À mon grand regret.

 

 

 

Issa K. Barry

 

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut