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Décès Goungha Naaba : Journée d’hommage à un grand Tensoba

 

Décédé dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 du mois courant, le Goungha Naaba, ministre du Moro, a eu droit à une journée d’hommage à son domicile à Ouagadougou, le jeudi 12 mai 2022. Une étape qui a permis à nombre de citoyens de se recueillir sur le cercueil de l’illustre disparu, avant l’inhumation qui devait en principe intervenir tard dans la nuit, après des cérémonies coutumières et dans la plus stricte intimité familiale.

 

 

 

 

Depuis l’annonce du décès du Goungha Naaba Tanga, le lundi 9 mai dernier, sa résidence ne désemplit pas. Le défilé des proches parents, amis, connaissances ou simples curieux y était incessant. Nombreux sont ceux qui voulaient compatir à la douleur de la famille du chef disparu.

 

Organisés en petits comités, les membres de la cour royale, chacun en ce qui le concerne, s’activaient vaillamment pour que les obsèques du presque nonagénaire (il s’est éteint à 89 ans) se déroulent sereinement. L’engagement de tous était manifeste et témoignait de l’autorité de celui qui « a rejoint l’ombre », comme on le clame si bien pour des personnalités de son rang.

 

Dès les premières heures du jeudi 12 mai 2022, jour choisi pour les obsèques de Naaba Tanga, le palais de Gounghin était déjà pris d’assaut par la population. Le cercueil du ministre du Moro, recouvert d’un riche pagne tissé et posé sur un piédestal, était exposé dans le grand salon de sa maison à partir de 8 heures. En arrière-plan, trônait un grand portrait du défunt. Un bouquet de fleurs judicieusement choisies ajoutait à la subtilité du décor. A gauche comme à droite du sarcophage étaient assis des quidams la mine triste, certainement de proches parents de la famille Tapsoba, comme pour rappeler qu’un chef est toujours entouré…même dans la mort.

 

En cette fin de matinée où l’astre du jour était particulièrement cuisant, le palais du Goungha grouillait d’un monde fou venu de divers horizons. Des autorités politiques, administratives, religieuses… ont défilé dans la maison mortuaire pour rendre un dernier et vibrant hommage à l’illustre disparu. Sous les tentes dressées pour la circonstance, les discussions allaient bon train. Les « anciens » étaient régulièrement concertés par les organisateurs de l’événement, afin que tout se déroule à la perfection.

 

C’est dans cette ambiance que beaucoup attendaient impatients l’inhumation du chef. Un enterrement qui, selon une source proche de la famille, devrait se faire assez tard dans la nuit, après des cérémonies coutumières et dans la plus stricte intimité familiale.

 

 

 

D. Evariste Ouédraogo

 

 

 

Encadré

 

 

 

«Tensobensoodsé»

 

Une expression discutable

 

 

 

Nous saisissons l’occasion du retour aux ancêtres du Goungha, Tensoba des Tensoba, pour nous interroger sur la conformité de l’expression « Tensobensoodsé » dont on désigne les terroristes en langue nationale mooré dans la presse et le discours public. Cette appellation paraît vraiment inappropriée et dévalorisante pour les vrais Tensoba.

 

En effet, dans les royaumes moaga, ce mot ne désigne pas n’importe quel combattant. C’était plutôt des castes, des familles ou des tribus qui de naissance étaient initiées physiquement, techniquement et mystiquement au métier des armes.

 

Comme nous le savons bien, il n’y avait pas d’armée de métier. Mais quand il y avait nécessité, on procédait à une levée de troupes qui concernait tous les hommes valides en état de porter des armes. Et c’est justement la noblesse d’épée que constituaient les Tensoba qui étaient chargés d’encadrer les troupes ainsi levées. N’était pas Tensoba qui veut, mais qui naissait Tensoba. Selon les régions, ils répondaient à des patronymes comme Tapsoba, Parkouda, Diendéré, Zabramba… etc

 

Le simple fait d’accoler le mot « Tensoba» à cette engeance d’égorgeurs, de sicaires et d’éventreurs qui, eux, massacrent lâchement femmes, enfants et vieillards  dans les ténèbres, est donc en soi malencontreux. Ces terroristes-là, on aurait pu par exemple les appeler « liikè nèba», les hommes des ténèbres, ou encore « liikè gandadan », les fameux braves des ténèbres, ou tout au plus « liikè tabissi », les combattants de l’ombre. Peut-être y a-t-il d’autres appellations plus appropriées, mais tout sauf « Tensobensoodsé».

 

 

D. E. O.

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