Nomination Pap Ndiaye en France : Délit de mélanine
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Comme si elle avait préparé son flingue, il n’aura fallu que quelques secondes à Marine Le Pen pour dégainer. « La nomination de Pap Ndiaye, indigéniste assumé, est la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir», écrit-t-elle rageusement sur son compte twitter sitôt le gouvernement d’Elisabeth Borne rendu public le vendredi 20 mai 2022.
A l’image de la présidente du Rassemblement national, son frère ennemi Eric Zémour de Reconquête et toute l’extrême droite française s’étranglent du choix porté par Emmanuel Macron sur ce métis franco-sénégalais pour occuper le maroquin de l’Education nationale et de la Jeunesse.
Et tous ses contempteurs de rappeler certains propos jugés politiquement incorrects de cet historien de 57 ans, né d’un père sénégalais et d’une mère française qui concentre aujourd’hui le feu nourri des critiques pour ses prises de positions antérieures. Spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis, professeur à Sciences-Po, cofondateur en 2005 du CRAN, le Conseil représentatif des associations noires, puis directeur du musée national de l’histoire de l’immigration, il avait en effet « osé » parler un jour de « racisme structurel en France par lequel des institutions comme la Police peuvent avoir des pratiques racistes ». Un péché suffisamment inexpiable aux yeux de certains, comme Jordan Bardella, le président du RN, qui parle de lui comme d’un « militant racialiste et antiflics » qu’il faut donc abattre à tout prix. Et de crier à la volonté de réécriture de l’Histoire de la France. Rien que ça ! « Il est là parce qu’il partage avec Jean-Michel Blanquer (ndlr, son prédécesseur) l’objectif d’offrir à nos enfants l’excellence et l’égalité des chances et je pense qu’il incarne ça » justifie la nouvelle locataire de l’Hôtel de Matignon.
Faut-il vraiment s’étonner de ces outrances verbales dont on a encore eu la pleine mesure tout au long de la campagne présidentielle qui vient de s’achever ? En réalité, ce qui est en cause ici, ce sont moins les compétences éprouvées de cet universitaire que la couleur de sa peau, fût-elle couleur café au lait. « Je suis peut-être un symbole, celui de la méritocratie mais aussi peut-être de la diversité. Je n’en tire nulle fierté mais plutôt le sens du devoir et des responsabilités qui sont les miennes » se désole presque le pestiféré. On en oublierait presque sa promotion, ce « symbole » que certains veulent envoyer au bûcher la doit plus à sa valeur intrinsèque qu’au bénéfice de la mélanine. Comme avant lui le Togolais Kofi Gnamgnane, secrétaire d’’Etat sous François Mitterrand, Rama Yade, secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme avec Nicolas Sarkozy et de bien d’autres personnalités qui ont souvent été, il est vrai, présentées comme les cautions nègres des présidents pour sacrifier à l’impératif de diversité.
L’arbre Ndiaye, soit dit en passant frère de l’écrivaine Marie Ndiaye, ne saurait pourtant cacher la forêt du «doudouïsme» condescendant, voire de ce racisme ordinaire, conscient et assumé encore prégnant dans la société qui n’aime la France Blanc-Black-Beur que quand des sportifs comme Mbappé, Umtiti, Zidane, Boly, Tigana, Dessailly, Benzema, Diagana, Agbégnénou et de nombreux autres athlètes font retentir La Marseillaise dans tous les stades du monde. Et il faudra bien plus qu’une simple nomination, fût-ce à l’Education nationale, pour inverser cette tendance et changer les mentalités dans « la Patrie des droits de l’Homme ».
La Rédaction
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