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Rwanda/RDC : L’homme mince et le géant aux pieds d’argile

Plus rien ne va entre la RDC et le Rwanda. Ce mardi 31 mai 2022, l’ambassadeur rwandais à Kinshasa, Vincent Karega, a en effet été convoqué par les autorités congolaises.

 

 

En l’absence du ministre des Affaires étrangères, c’est sa collègue de l’Environnement et vice-Premier ministre, Eve Bazaiba, qui a reçu le diplomate.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’entrevue a été expéditive, puisqu’elle n’aurait duré que 10 minutes. Dix petites minutes qui en disent suffisamment long sur le fossé, de plus en plus grand, entre les deux Etats. La ministre a alors officiellement remis le message de protestation et de désapprobation du gouvernement contre le soutien du Rwanda aux rebelles du M23. Selon elle, il s’agit là, ni plus ni moins, d’une «mise en garde sévère » contre le voisin rwandais.

A l’origine de cette nouvelle poussée de fièvre congolo-rwandaise, la recrudescence des attaques et des exactions du M23 contre les populations civiles dans l’est de la RDC, et derrière lesquelles Félix Tshisekedi voit la main de Paul Kagame.

Le samedi 28 mai dernier, deux militaires auraient même été capturés sur le sol congolais, et l’ingérence de son petit mais puissant voisin dans les interminables guerres a cours chez ce géant aux pieds d’argile depuis un quart de siècle.

Après la convocation du diplomate rwandais, quelle sera la prochaine étape de ce feuilleton politico-militaire qui vole d’escalade en escalade ? Après l’interdiction faite aux avions rwandais de se poser sur le sol congolais, ira-t-on jusqu’à l’expulsion du diplomate, voire à un affrontement militaire entre les deux pays ? La question mérite d’être posée d’autant plus que l’homme mince de Kigali, qui a toujours rejeté les accusations, semble de plus en plus agacé et perdre patience. Son chef de la diplomatie n’a-t-il pas affirmé que des tirs de roquettes de la FARDC étaient tombés en terre rwandaise, et que le Pays des mille collines, qui en a les moyens, répliquerait si ça devait se répéter ?

On comprend, dans ces conditions, que l’Union africaine soit préoccupée et que son président en exercice, le Sénégalais Macky Sall, se démène comme un beau diable, multipliant les concertations avec ses pairs, notamment de la sous-région, pour éviter que les choses dérapent totalement.

Il est vrai que si les deux Etats devaient en arriver à un conflit ouvert, c’est toute la région des Grands Lacs qui s’en trouverait encore plus déstabilisée qu’elle ne l’est déjà. Il faut reconnaître que pour avoir contribué grandement à la chute de Mobutu, Paul Kagame semble avoir toujours pensé qu’il avait un droit de préemption sur la RDC et ses immenses richesses.

Il faut en tout cas espérer que les initiatives prises par Macky Sall contribueront à une désescalade, chose  d’autant plus souhaitable que l’axe Kinshasa-Kigali s’était particulièrement réchauffé depuis l’arrivée en 2019 de Tchéky, autre nom de Tshisekedi,  à la tête du Congo.  

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 01 juin 2022 21:56

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