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Procès leaders Wakit Tama au Tchad : A jugement politique, verdict politique

Le tribunal de grande instance de N’Djamena aura finalement eu la main moins lourde que le parquet.

En effet, alors que ce dernier réclamait deux ans de prison ferme, les juges ont condamné les six leaders de Wakit Tama, principale coalition de l’opposition tchadienne, à 50 000 F CFA d’amende et à dix millions de dommages et intérêts à payer solidairement.

 

Dans le box des accusés : deux avocats, deux responsables syndicaux, un chef de parti, et deux activistes de la société civiles, tous poursuivis pour «attroupement non autorisé, incendie volontaire, coups et blessures volontaires et trouble à l’ordre public». 

Ce procès, délocalisé à la maison d’arrêt de Moussoro, à quelque  300 km de N’Djamena, faisait suite aux manifestations du 14 mai 2022 contre la présence française au Tchad et au cours desquelles des intérêts de l’Hexagone, en l’occurrence des stations-service du groupe Total, ont été saccagés et incendiés par les manifestants.

Le moins qu’on puisse dire est que les accusés, au regard des griefs retenus contre eux, s’en tirent à bon compte.

Si certains ont parlé de jugement politique, la sentence n’en est pas moins politique. C’est à croire que le pouvoir judiciaire, inspiré ou pas par le politique, a voulu jouer la carte de l’apaisement.

Une peine plus sévère aurait détérioré davantage l’atmosphère sociopolitique entre le Conseil militaire de transition (CMT), la junte qui dirige le pays depuis la mort d’Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, et les contempteurs du régime, décidés à contrecarrer un plan de succession dynastique de Mahamat Idriss Déby.

L’union des syndicats du Tchad et de nombreuses organisations de la société civile avaient d’ailleurs menacé de hausser le ton si les militants embastillés n’étaient pas relâchés sans autre forme de procès.

Mais pour pédagogiques qu’elles puissent être, ces peines ne semblent pas satisfaire les mis en cause, qui projettent de faire appel de cette décision. A leurs risques et périls, cependant, quand on sait qu’ils encouraient jusqu’à dix ans de prison alors que le jugement en seconde instance peut s’avérer plus dur que les tarifs dont  ils avaient précédemment écopés. 

Toutefois il est vrai que sursis pour sursis, c’est une façon pour le pouvoir de brider la liberté des sursitaires.

Alain Saint Robespierre

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