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Une lettre pour Laye : Transition burkinabè : Un chronogramme pour amadouer la CEDEAO

 

 

Cher Wambi,

 

Je ne sais pas comment se comporte le début de la saison à Laye, mais je suppose que c’est prometteur au regard des projections faites par les scrutateurs du ciel en ce qui concerne la campagne agricole qui s’annonce. 

 

 

Transmets mes vœux de bonnes récoltes à tous les paysans du village et bon courage à eux dont le labeur n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur quand bien même ils constituent l’une des chevilles ouvrières de l’économie nationale.

 

 

Cela dit, voici comme s’est présentée la pluviométrie de la semaine du 23 au 29 juin 2022 :

 

Bobo-Dioulasso : 3,6 mm ; Bogandé : 3,9 mm ; Boromo : 10,4 mm ; Dédougou : 46, 4 mm ; Fada N’Gourma : 00 mm ; Gaoua : 20,0 mm ; Ouagadougou-Aéroport : 9,9 mm ; Ouahigouya : 55, 8 mm ; Pô : 50,7 mm.

 

 

 

Cher Wambi, pour un événement, c’en fut vraiment un.

 

En effet, mercredi dernier, le palais royal du Moro a accueilli un grand nombre de têtes couronnées ou de leurs représentants et pas des moindres dans l’ordre protocolaire de la chefferie traditionnelle.

 

Ce fut à l’occasion du message de « leurs majestés les chefs supérieurs coutumiers et traditionnels du Burkina Faso » sur la situation nationale.

 

Sauf erreur ou omission de ma part, c’est la toute première fois depuis les sept sombres années du terrorisme dans notre pays que les « bonnets rouges » se prêtent à un tel exercice.

 

Est-ce parce que la situation sécuritaire et la détérioration du climat social ont atteint un niveau critique ?

 

En tout cas, cher cousin, à en juger par la gravité des mines et la teneur du message lu en mooré, fulfuldé, dioula et  français, on ne peut que conclure qu’il y a péril en la demeure.

 

Gageons que leur  adresse aux autorités du pays appelées à « concentrer toutes leurs énergies dans la lutte contre le terrorisme, le recouvrement de l’intégrité du territoire », aux acteurs politiques, administratifs, religieux et coutumiers interpellés « sur leur devoir de veiller au respect de l’intégrité de chaque communauté » et aux filles et fils du Burkina « qui pour des raisons diverses ont des visions ou des intérêts divergents avec la nation » ont pris des armes, oui gageons que toutes ces exhortations seront entendues et suivies d’effets afin que la sécurité, la cohésion sociale et la concorde nationale regagnent notre chère nation aujourd’hui à la croisée des chemins.

 

Cher Wambi, je retiens de cette mémorable sortie des gardiens de nos valeurs ancestrales leur disponibilité et leur ferme engagement à jouer pleinement et entièrement leur partition ».

 

Par partition, je pense qu’il faut entendre aussi les invocations et autres rituels expiatoires et propitiatoires à même d’apporter leurs lots de remèdes à la grave crise multidimensionnelle qui frappe la terre de nos aïeux depuis quelque temps.

 

Ce grand rassemblement des « chefs supérieurs coutumiers et traditionnels » préfigure-t-il un retour prochain de nos grands exilés au moment où on a le plus besoin d’une véritable union sacrée ?

 

Sur cette question, je profite te confirmer que l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo s’est effectivement rendu à Abidjan la semaine passée où il a pu rencontrer son  prédécesseur, après Thomas Sankara, Blaise Compaoré.

 

Ce déplacement étant intervenu dans la foulée de la rencontre entre JBO, Roch Marc Christian Kaboré et Paul-Henri Sandaogo Damiba, nul doute que l’émissaire de Ouagadougou est allé prêcher l’évangile de la réconciliation sur les bords de la lagune Ebrié.

 

 

 

Cher Wambi, on en sait un peu plus sur l’agenda électoral devant conduire au retour à une vie constitutionnelle normale au Burkina Faso.

 

En effet, lors de sa rencontre avec la classe politique, le Premier ministre, Albert Ouédraogo, a déroulé la « feuille de route de la Transition ». Selon le document, le scrutin présidentiel est prévu pour février 2025.  

 

Maintenant reste comment cette échéance sera accueillie par l’ensemble des acteurs du processus.

 

Mais en attendant, cette annonce fait déjà grincer des dents, notamment du côté de « Ensemble pour le Faso » qui regroupe l’APR-TILGRE, le PAREN, le SENS, le PUR et le PDS ainsi que de celui de l’ex-Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP).

 

Pour les représentants de cette coalition, aussi bien dans la forme que dans le fond, la démarche du  gouvernement trahit un certain mépris à l’égard de la classe politique.

 

En effet, ils s’insurgent contre le fait que ce fut par simple « SMS » qu’ils ont été informés qui plus est la veille de la rencontre.

 

De plus ils dénoncent la politique du fait accompli puisque n’ayant été associés ni de près ni de loin à l’élaboration de ce chronogramme, car c’est séance tenante que les délégués des partis politiques, ex-majorité, ex-opposition  et non-alignés ont pris connaissance de cette « feuille de route de la Transition ». 

 

En tout cas, cher cousin, si tel est le cas, on ne peut que regretter d’abord l’invitation faite simplement par « SMS » car à l’étape actuelle de la situation du pays, il faut éviter d’en rajouter avec des frustrations inutiles.   

 

Ensuite, dans le fond, on comprend le ressentiment de l’ex-APMP qui n’entend pas servir de faire-valoir car la concertation est un préalable nécessaire à la fixation de toute échéance électorale en période de transition.

 

Cher Wambi, faut-il croire, que cette « manière cavalière du gouvernement », comme jugent certains, n’a d’autre but que d’amadouer la CEDEAO dont le sommet dimanche prochain doit se pencher, entre autres, sur la durée de trente-six mois de la Transition burkinabè qu’elle juge longue ?

 

Ce chronogramme vise-t-il à servir de base de négociation, comme le pensent certains observateurs de la scène politique nationale ?

 

Sur ce point, cher cousin, selon certaines sources, il n’est pas exclu que le gouvernement revienne sur sa position en proposant une durée de vingt-quatre mois de la Transition.

 

Si tel sera le cas, la question est de savoir à partir de quelle date ? Celle du 24 janvier 2022, jour de la proclamation de l’avènement du MPSR ou celle de l’annonce de la nouvelle durée ?

 

Wait and see ! 

 

 

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vont se réunir ce week-end à Accra, la capitale ghanéenne. Au menu de ce sommet, il y a évidemment la situation qui prévaut dans les trois pays en transition politique que sont le Burkina Faso, le Mali et la Guinée. Ces Etats qui sont, comme on le sait, dirigés par des juntes militaires, sont suspendus des instances de la CEDEAO. C’est dans ce contexte qu’est en train de s’opérer le processus de renouvellement des membres statutaires au niveau des différents organes de l’Union.

 

Du coup, il se susurre que certains Etats veulent profiter de cette situation pour s’arroger des postes qui devaient revenir de droit aux Etats suspendus. C’est le cas par exemple à la Cour de justice de la CEDEAO où le Burkina est en droit de briguer un poste statutaire. Mais les juges de certains pays qui sont déjà en poste, feraient des pieds et des mains, à travers un lobbying puissant, pour demeurer sur leurs strapontins au détriment des ressortissants des Etats suspendus. Ce forcing est d’autant plus incongru et inélégant qu’aucun texte réglementaire ne précise que lorsqu’un Etat est suspendu, il n’a pas droit à un poste statutaire.

 

C’est pourquoi les autorités burkinabè doivent taper du poing sur la table et faire respecter les droits de notre pays. En effet, si les velléités de ceux qui ne veulent pas perdre leurs postes et les avantages qui vont avec se concrétisent, qu’adviendra-t-il si un jour le Burkina obtenait la levée de la mesure de suspension qui le frappe présentement. Faudra-t-il qu’on nous remette notre poste ou devrons-nous attendre patiemment durant 4 ans pour avoir accès à un poste statutaire ? La mesure est d’autant plus incongrue que même suspendu, l’Etat a l’obligation de continuer à s’acquitter de ses cotisations.

 

Certes l’Etat est suspendu mais ce n’est pas le citoyen burkinabè qui est suspendu car jusqu’à preuve du contraire, les Burkinabè demeurent pleinement des citoyens de la CEDEAO. A ce propos, il faut regretter la décision de la Cour de justice de la CEDEAO qui a récemment refusé d’examiner le dossier d’un citoyen burkinabè au motif que son pays est suspendu de la CEDEAO. Finalement, cette attitude de la CEDEAO fait plus de mal au citoyen et non à l’Etat qui pourra, si on veut être cynique, se frotter les mains  car aucun recours ne peut plus être intenté contre lui devant la juridiction sous-régionale.

 

 

 

- L’affaire avait été levée par le Courrier confidentiel en novembre 2021. N’Golo Drissa Ouattara, alors président du conseil régional des Cascades, serait impliqué dans l’exécution d’un marché public portant sur l’achat d’un véhicule V8 au profit de la collectivité qu’il dirige. Gardé à vue à la gendarmerie de Banfora pour suspicion de corruption, l’homme d’affaires prospère sera par la suite transféré à Bolomakoté, la prison civile de Bobo-Dioulasso. Six autres personnes ont été poursuivies dans cette affaire qui a été finalement jugée le 28 juin 2022 à la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou. Le verdict lui, a  été rendu, le lendemain mercredi 29 juin.

 

Des sept prévenus, seul N’Golo Drissa Ouattara a été condamné à une peine de prison ferme. En effet, il a écopé de 24 mois de prison dont 12 mois ferme et d’une amende ferme de 10 millions de francs. Il faut signaler que dans le cadre de cette affaire, l’ex-président du conseil régional des Cascades a déjà passé un peu plus de sept mois en détention préventive.

 

Précisons aussi que le Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) dont la constitution de partie civile a été acceptée dans ce procès recevra la somme d’un franc symbolique au titre des dommages et intérêts et 500 000 FCFA au titre des frais exposés et non compris dans les dépens.

 

 

 

- En mi-avril 2022, une dizaine d’hommes de tenue, notamment des douaniers, avaient été déposés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour des infractions de contrebande de carburant, de corruption et d’enrichissement illicite. Ce dossier est le pendant d’une première affaire au cours de laquelle 72 personnes avaient été interpellées, des stations-service scellées, d’importants numéraires et des moyens roulants saisis.

 

En rappel, les 72 personnes qui avaient été jugées en fin septembre 2021 avaient écopé des peines de prison ferme allant de 10 à 15 mois ferme ainsi qu’au paiement d’amendes cumulées de plus de 9 milliards de nos francs.

 

Si ces corps habillés sont poursuivis, c’est parce que des condamnés qui sont à la MACO ont accepté parler et de mettre à la disposition des enquêteurs des preuves électroniques notamment des transactions financières les impliquant. Après une garde-à-vue de 25 jours, ils ont été écroués à la MACO dans l’attente de leur jugement.

 

Ce jugement est intervenu il y a deux semaines de cela et le verdict a été rendu dernièrement. Tous les douaniers ont écopé de 17 mois de prison avec sursis dont deux mois ferme. En outre, ils ont été condamnés solidairement à payer une amende ferme de 10 millions de FCFA. Les gabelous condamnés sont désormais libres car les deux mois de prison ferme qui leur ont été infligés sont couverts par le temps de leur détention préventive.

 

 

 

- Décédé le 9 mai 2022, inhumé le 12, les funérailles de Naaba Tanga de Gounghin, le ministre de la guerre du Moro, ont eu lieu les 28 et 29 du même mois. Se posait dès lors la question de sa succession. Une interrogation à laquelle réponse sera trouvée dans les prochains jours selon des sources proches du palais. En effet, après  le rituel du passage du Kamsaongh-Naaba suivi de la réception hier jeudi des prétendants  par Sa Majesté Naaba Baongho, l'heureux élu sera connu en principe le mardi 5 juillet prochain. A la conquête du trône, Désiré Tapsoba, le fils aîné du défunt, un cadre du ministère de l'Agriculture à la retraite et - la coutume exigeant qu'il y ait au moins deux aspirants - un de ses oncles paternels en la personne de Raogo Lazare. La fin du suspense est donc pour bientôt.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

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