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Nouveau partenariat franco-algérien : Alhamdoullilah !

 

Le président algérien Abdelmajid Tebboune a raccompagné son homologue français jusqu’à l’échelle de « coupé », comme un vieil ami qu’il avait duré de voir et qu’il ne se résolvait pas à quitter.

 

La visite de 72 heures d’Emmanuel Macron en Algérie s’est terminée le samedi 27 août 2022 sur cette image, censée refléter à elle seule le niveau du climat des relations entre les deux pays qui alternent invariablement le tiède et le froid, parfois le glacial, depuis des lustres.

 

 

La « visite officielle et d’amitié » du locataire de l’Elysée était, il est vrai, placée sous le signe du rabibochage entre deux partenaires constamment fâchés en raison des brûlures de leur histoire commune, une plaie pas toujours cicatrisée 60 ans après l’indépendance algérienne et que des actes ou des propos viennent raviver de temps à autre.

 

 

Comme cette malheureuse phrase de Jupiter-même si, au fond,  il n’a pas si tort que ça -, qui, en octobre 2021, avait parlé de « rente mémorielle » de la nomenklatura militaro-politique algérienne qui s’est toujours servie de la guerre d’indépendance pour justifier à peu près tout et n’importe quoi. Depuis, la bouderie algéroise est passée, même si demeurent entre les deux Etats, quelques sujets de friction telles la réduction drastique du nombre de visas aux Algériens désirant se rendre dans l’Hexagone ou les reconduites à la frontière. Et que Paris s’est engagé à revoir.

 

 

« Nouveau partenariat privilégié » donc entre Paris et Alger qui renouvellent « leur engagement à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible ». Et, pour « rehausser leurs concertations politiques », les deux partenaires qui semblent se regarder désormais avec les yeux de Chimène ont convenu de mettre sur pied « un Haut conseil de coopération pour approfondir, dans un esprit de confiance et de respect mutuels, des réponses adaptées aux questions bilatérales, régionales et internationales ». On est tenté de s’écrier Alhamdoulillah ou, si vous préférez, Alléluia ! Comme pour mettre tout de suite la machine en marche, pour la première fois depuis l’accession à la souveraineté internationale du pays de Ben Bella, de hauts responsables des deux parties, y compris militaires, se sont retrouvés en présence des deux chefs d’Etat pour échanger sur des préoccupations communes liées notamment à la sécurité au Sahel et en Lybie.  

 

 

« Excellente, réussie », s’enthousiasme l’hôte du Palais d’Al Mouradia pour qui ce rapprochement qu’on veut historique n’aurait pas été possible « sans la personnalité de Macron ». Brosse à reluire, compliments réciproques, dépôt de gerbes de fleurs et minute de silence au Monument des Martyrs de la guerre d’indépendance, rien n’aura donc été de trop pour sceller ce nouveau Pacte franco-algérien même si le Coq gaulois s’est refusé de faire une quelconque repentance ou à demander un quelconque pardon comme le réclame à cor et à cri une bonne partie de l’opinion algérienne. Il faudra bien pourtant trancher le nœud gordien de la question mémorielle  qui pourrit les relations entre les deux Etats, une mission délicate qui sera confiée à une commission mixte d’historiens à qui toutes les archives devront être ouvertes  pour « affronter avec  courage le passé » ;  un passé douloureux fait de 132 ans de colonisation ponctuée par un conflit atroce et le départ vers la France d’environ un million de pieds noirs.

 

 

Il faut dire que soixante ans après les Accords d’Evian, le moment était on ne peut plus propice pour le réchauffement de l’axe Paris-Alger. En effet, quand bien même la problématique de l’approvisionnement en gaz n’était officiellement pas à l’ordre du jour ; quand bien même le gaz ne représenterait qu’un cinquième du mixte énergétique français dont 8% importés d’Algérie, la présence, parmi la centaine de membres de la délégation hexagonale de Catherine MacGregor, la patronne d’ENGIE, n’était certainement pas anodine. Difficile d’imaginer que cette question n’a pas été abordée autour d’un plat de couscous rose. Comment pourrait-il ne pas l’être alors que l’Algérie est le premier producteur de gaz en Afrique et parmi les dix premiers  au monde ; qu’en raison de la guerre en Ukraine, de nombreux pays, notamment européens, cherchent des alternatives pour se dépêtrer de la trop grande dépendance russe ; et que, dans cette cour assidue, la France semble avoir du retard à l’allumage comparé à des pays comme l’Italie ou l’Allemagne ?

 

 

 Comme quoi le gaz et le pétrole algériens vus de la Tour Eiffel, c’est à l’image comme dirait André Prévot de  l’argent: « il faut toujours le regarder de haut mais il ne faut jamais le perdre de vue ».      

 

 

 

La Rédaction

 

Dernière modification lemercredi, 31 août 2022 21:36

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