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Participants aux Assises nationales : Il faut séparer le bon grain de l’ivraie

Le capitaine Ibrahim Traoré est vraiment un homme pressé. Il l’a souvent d’ailleurs répété depuis sa prise du pouvoir le 30 septembre dernier : « Au Burkina tout est urgent… Nous n’avons pas le temps… Nous voulons aller vite… ».

 

Il l’a d’abord martelé devant les secrétaires généraux des départements ministériels, qu’il a reçus le 2 octobre à la salle de conférences de Ouaga 2000, qui assurent l’expédition des affaires courantes. Il l’a de nouveau répété au corps diplomatique le 7 octobre dans la même salle. Une phrase qu’il répète tel un leitmotiv comme pour mieux ancrer cela dans la tête de ses compatriotes. Il va donc falloir s’habituer au rythme au pas de charge qu’entend imprimer l’officier subalterne de 34 ans à son action.

On en a encore eu la preuve le 8 octobre à travers la lecture, à la télévision nationale, d’un décret fixant la date des Assises nationales aux 14 et 15 octobre prochain. La date de la clôture a-t-elle été choisie au hasard ? Ou est-ce un clin d’œil à l’histoire pour celui qu’une certaine opinion compare déjà au fougueux capitaine Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 87 ?

Symbole ou pas, de la qualité de ces Assises nationales dépend l’avenir du pays puisque les forces vives de la Nation devront non seulement doter la transition d’une nouvelle charte, indispensable après la rectification du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), mais aussi et surtout trouver l’oiseau rare qui présidera à notre commune destinée les 24 mois à venir.

La question se pose d’ailleurs de savoir si le futur président du Faso sera un civil ou un militaire, en l’occurrence le capitaine Traoré lui-même car même s’il a promis dès sa première prise de parole qu’il remettrait le pouvoir à celui qui serait désigné pour retourner au front, certaines voix s’élèvent pour le conjurer de garder « sa chose », pour laquelle il s’est battu, pour paraphraser celui qu’il vient de renverser, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Déjà, il circule une clé de répartition entre les différentes couches socioprofessionnelles, même si ces chiffres sont à authentifier : 

- Partis politiques : opposition : 10 ; opposition non affiliée : 5 ; ex-majorité : 6 ; autres partis nés après le 24 janvier 2022 : 4

- FDS : 20 ; coutumiers et religieux : 10 ; OSC, pas encore disponible.   

Mais plus que le quota qui sera attribué à chaque composante, c’est surtout à l’aune de la qualité de leur représentation qu’on jaugera la qualité de ce qui sortira de ce conclave. On a, en effet, vu par le passé certains qui ne représentent que leur propre personne, des situationnistes, des gens dont l’intégrité et la compétence sont plus que douteuses, nous représenter si bien qu’au finish la montagne a accouché d’un souriceau.

Il faut donc espérer qu’à ce nouveau tournant décisif de notre histoire, les commandes du navire battant pavillon Burkina ne seront pas confiées à des gens dont le seul « mérite » aura été d’avoir battu le pavé, érigé des barricades ou incendié des bâtiments publics pour soutenir l’homme fort du moment. Il faut séparer le bon grain de l’ivraie, comme dirait une parabole biblique. 

 

Aboubacar Dermé

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