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Transition: Le capitaine au régime sec

C’est la décision la plus spectaculaire du Conseil des ministres du mercredi 16 novembre 2022. Le président de la Transition a en effet décidé de conserver son salaire de capitaine.

Au lieu de plus de 2 millions  de F CFA comme Blaise Compaoré et Roch Marc Christian Kaboré, plus de 3 millions comme le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba,  le capitaine Ibrahim Traoré émargera donc à environ 500 000 FCFA le mois.

Pour les autres membres du gouvernement, il a également été décidé  de la baisse de  leurs rémunérations.

En réalité, c’est une demi-surprise  dans la mesure où la décision était attendue depuis que le Premier ministre, Me Joachim Kyélem de Tambèla, avait clairement indiqué que les nouvelles autorités abrogeraient le décret du 15 avril 2022, qui avait revu à la hausse le traitement des membres de l’exécutif, qui était passé à 2 millions pour les ministres.

Il faut reconnaître que cette décision prise sous Damiba avait été mal perçue par une bonne partie de l’opinion, qui la jugeait à  tout le moins inopportune dans le contexte d’insécurité et de vie chère sous lequel croule la majorité des Burkinabè. Quelque part, son abrogation n’est que justice donc.

En prenant pareille décision, «IB» renforce la comparaison avec le capitaine Thomas Sankara, qui avait instauré sous la Révolution une rigueur à tout crin avec des ministres au salaire dérisoire et devant se contenter des modestes Renault 5 (R5) comme véhicules de fonction.

De ce point de vue, on peut reconnaître au président de la Transition le mérite de vouloir donner l’exemple,  et le bon,  au sommet de l’Etat, même si certains esprits chagrins pourraient y voir une mesure sans grande importance sur le plan comptable. Certes, par ces temps qui courent, il n’y a pas d’économie de bout de chandelle, mais on pourrait rétorquer également que c’est sans doute plus facile de renoncer à ses traitements quand on ne paie ni l’eau, ni l’électricité, ni le loyer, etc; autrement dit, quand on n’a pas les charges du Burkinabè Tartempion. Ce qui est le cas du chef de l’Etat et des membres du gouvernement, à moins qu’ils ne renoncent également aux autres avantages indus.

Qu’à cela ne tienne, il faut les encourager, surtout à aller au-delà de cette mesure somme toute symbolique et à secouer véritablement le cocotier dans le sens de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.

Inutile de se voiler la face, ce n’est pas parce que «IB» est un saint que tous ses collaborateurs et les autres grands commis de l’Etat le sont également. Au-delà de ce qui vient d’être arrêté, on espère qu’il se donnera les moyens politiques d’assainir une administration publique et même  une société qui, dans leur ensemble, sont vermoulues jusqu’à l’os au point que même la lutte contre le terrorisme s’en ressent.

Quoi qu’il en soit, là où les Burkinabè attendent surtout le chef de l’Etat, c’est sur le terrain de la reconquête du territoire national. Et c’est véritablement sur ses  résultats qu’on pourra juger de son action, pas sur des annonces comme celles d’hier, quels que soient par ailleurs leur importance ou leur degré de symbolisme.

 

 

Hugues Richard Sama

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