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Diplomatie burkinabè: Après Barbara Manzi, Luc Hallade

Après la coordonnatrice du système des Nations unies, Barbara Manzi, déclarée persona non grata le 23 décembre 2022, c’est au tour de l’ambassadeur de France Luc Hallade d’être désormais indésirable au Pays des hommes intègres.

Le ministère des Affaires  étrangères burkinabè a adressé une correspondance au Quai d’Orsay lui demandant de rappeler son représentant qui était  en poste à Ouaga depuis juillet 2019.

Si le plénipotentiaire français a échappé au sort de Barbara Manzi, qui a dû faire ses valises en quelques heures, l’effet revient au même : Luc Hallade n’est plus un interlocuteur fiable aux yeux des autorités burkinabè.  L’Elysée devra donc lui trouver un remplaçant pour ramener la sérénité sur l’axe Paris-Ouagadougou.

C’est peut-être là l’aboutissement logique des relations tendues qu’entretiennent le Burkina et son ancienne puissance coloniale depuis quelques mois.

Si on ne connaît pas, pour le moment  le péché inexpiable dont il se serait rendu coupable, au moins on sait que Luc Hallade, qui manifestement ne fait pas dans la langue de bois, s’est illustré ces derniers temps par des propos polémiques.

Au cours de l’audition du Groupe d’amitié France-Afrique de l’Ouest du Sénat français, le 5 juillet 2022, il avait notamment qualifié la situation qui prévaut au Burkina de «guerre civile», où «une partie de la population se rebelle contre l’Etat et cherche à le renverser».  Une sortie qui avait provoqué l’ire de Ouagadougou, qui avait dénoncé des propos «discourtois et inamicaux». Face au tollé, l’incriminé avait dû faire amende honorable.

Lors de la célébration du 14-Juillet, il en avait remis une couche : cette fois, c’est la «fachosphère» burkinabè qui a fait les frais de son franc-parler. Luc Hallade a en effet qualifié certains internautes qui servent, selon lui, les intérêts du rival russe d’ «idiots utiles».  

Mais ces derniers temps,  il s’était rabiboché avec les nouvelles autorités issues du coup d’Etat du 30 septembre dernier. Contrairement à son prédécesseur qui avait pratiquement snobé le diplomate français, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla l’avait reçu en audience le 29 novembre 2022. Le chef du gouvernement avait, à cette occasion, demandé le soutien de Paris pour armer et payer les salaires des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont le nombre venait d’être accru.

Concernant l’épineuse question de la présence des forces spéciales de l’opération Sabre, basées à Kamboinsin, Luc Hallade avait dit s’en remettre à la décision du gouvernement burkinabè. Maintenant qu’il est poussé à la sortie, on se demande si après lui, ce ne sont pas les soldats français qui vont suivre. C’est exactement ce qui s’est passé au Mali où, après l’expulsion fin janvier 2022 de l’ambassadeur de France, Joël Meyer, la force Barkhane avait remballé son paquetage quelques mois plus tard.

Pour le cas Hallade, Paris, à ce qu’on dit, aurait apprécié à sa juste valeur la procédure choisie par Ouagadougou en ce qu’elle ne bouscule pas les usages diplomatiques.

 

Hugues Richard Sama

 

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