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Patrice Talon chez Ibrahim Traoré : Un huis clos pour endiguer le fléau terroriste ?

 

Le président du Bénin, Patrice Talon, est arrivé hier en début d’après-midi à Ouagadougou où il a été accueilli et reçu en audience par son homologue burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré. En attendant le communiqué officiel sur ce qui est davantage une rencontre au sommet qu’une visite officielle, nos reporters accourus à l’ancienne primature qui fait office de bureau présidentiel pour le président de la Transition burkinabè se sont entendu dire que l’audience entre les 2 chefs d’Etat était un huis clos.

 

 

Tant pis donc pour les prises de vues des journalistes, allons aux points de vue sur cette visite qui reste un évènement malgré la sobriété qui l’entoure. En effet, si l’on comprend que pour le capitaine Ibrahim Traoré, les urgences sont ailleurs que des voyages à l’extérieur, on comprend moins que Patrice Talon soit un président casanier. Ainsi, en bientôt 7 ans à la tête du Bénin, sauf erreur ou omission, le président béninois n’a effectué que 5 voyages officiels en Afrique, visitant une fois le Burkina en octobre 2017.

 

Qu’est-ce qui le fait donc venir à Ouagadougou une deuxième fois ? A-t-on besoin d’une boule de cristal pour deviner que la situation sécuritaire au Sahel et au Burkina en particulier a été au menu de ce huis clos entre Ibrahim Traoré et son hôte ? C’est connu, l’hydre terroriste ne s’est pas seulement sanctuarisé dans les dunes du Sahel, il a également poussé des excroissances dans la forêt classée du Pendjari au nord du Benin où, il faut le rappeler, 2 touristes français ont été enlevés en mai 2019 et leur guide béninois assassiné. Il y a 4 jours, 2 communes du Bénin à la frontière avec le Burkina et le Togo, Colby et Matéri, ont été déclarées en situation de semi-couvre-feu avec une interdiction de circulation des motos de 2 et 3 roues locales entre 21 heures et 6 heures locales, pour ‘’nécessité de maintien de l’ordre public’’.

 

Les motos d’un certain gabarit mises à index, cela n’est pas sans rappeler la situation dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord, du Nord, du Sahel et de l’Est au Burkina. D’ailleurs, au moment où le président Patrice Talon atterrissait à Ouagadougou, plusieurs incidents graves étaient signalés dans la province de la Tapoa, frontalière avec le Bénin, impliquant les groupes armés terroristes qui ont enlevé, blessé ou tué des éléments des FDS, des VDP ou des civils.

 

Il est loin, le temps où les pays côtiers semblaient loin des théâtres d’opérations des groupes terroristes. En effet, depuis la sanglante attaque de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, cela se voyait comme un furoncle sur le nez que la gangrène terroriste menaçait de s’étendre du Sahel aux pays du golfe de Guinée. Cette menace s’est faite plus précise quand le Togo et encore le Bénin ont été la cible d’attaques de grande ampleur. Ainsi, entre novembre 2021 et novembre 2022, la région de la Savane du Togo, notamment la localité de Towoli, frontalière avec le Burkina, a subi 5 attaques. Le Bénin est plus durement touché avec  27 attaques entre juillet 2021 et décembre 2022.

 

De quoi faire bondir Patrice Talon de son fauteuil de président casanier pour chercher à prévenir et anticiper une métastase du GSIM et d’Al Qaeda dans le septentrion béninois. Si cette volonté d’anticiper pour éviter la gangrène mérite un huis clos avec le capitaine Ibrahim Traoré, pourquoi pas ?

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 19 février 2023 19:37

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