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Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (652)

Procès Ousmane Sonko: Aujourd’hui, le verdict de tous les dangers

Hier s’est ouvert à Dakar le dialogue national politique promis par le président Macky Sall au lendemain de sa réélection en 2019. Un rendez-vous voulu par le chef de l’Etat « afin de trouver des consensus autour de questions majeures relatives à la vie nationale et à l’avenir du pays ».

Le moins que l’on puisse dire est que ce jamboree politique vient à propos dans le contexte actuel où de nombreux nuages noirs s’amoncellent au-dessus de la Teranga, au point de menacer la stabilité politique et la paix sociale d’un pays qui a toujours fait figure d’exemple en Afrique.

Mais hélas, ce dialogue national a des allures de dialogue de sourd puisque plusieurs partis d’opposition dont le PASTEF d’Ousmane Sonko et le F24, une coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, ont décidé de ne pas répondre à l’appel du chef de l’Etat. Le F24 entendait même organiser au moment où s’ouvrait le dialogue politique un contre-dialogue avec comme objectif primordial de barrer la route à Macky Sall, accusé à tort ou à raison de vouloir briguer un troisième mandat. Finalement elle en a été empêchée par le préfet de Dakar faute d’autorisation.

A ce climat politique déjà délétère fait de méfiance entre les différents acteurs, s’ajoute une autre donne tout aussi redoutable, voire hautement inflammable.

C’est en effet aujourd’hui 1er juin 2023 qu’est attendu le délibéré du procès d’Ousmane Sonko poursuivi pour « viols répétés et menaces de mort » sur la personne d’Adji Sarr depuis l’affaire de la masseuse la plus célèbre du Sénégal.

 

Ouvert le 16 mai dernier, le procès a repris le 23 mai en l’absence de l’accusé et de ses avocats et s’est poursuivi tard dans la nuit par un réquisitoire sans ambages du procureur : 10 ans de réclusion criminelle ferme, et cinq autres d’emprisonnement pour corruption de la jeunesse.

Cette proposition de peine du parquet donne-t-elle déjà un aperçu de ce que sera le sort définitif de celui qui s’est rebellé contre l’institution judiciaire et se dit victime d’une cabale politique visant à l’exclure de la présidentielle de 2024 ? Le dernier mot reviendra en tout cas au président du tribunal qui a, au bout de ses lèvres, l’avenir du pays.

Quand bien même certains estiment que le magistrat ne suivra pas à la lettre le procureur, il n’en demeure pas moins que tout verdict qui compromettrait l’éligibilité de l’enfant terrible de la politique sénégalaise est susceptible d’embraser le pays.

Déjà les différentes convocations de l’accusé ont donné lieu à des scènes de violence aussi bien à Dakar qu’à Ziguinchor, son fief politique, occasionnant des pertes en vie humaine et des dégâts matériels.

Actuellement en résidence surveillée après son arrestation musclée sur l’itinéraire de sa « caravane de la liberté » qui devait le conduire de la capitale casamançaise à Dakar, Ousmane Sonko a appelé les Sénégalais à « se lever comme un seul homme contre le pouvoir ».

Que va donc faire le pauvre président du tribunal dans ce procès aux confins de la justice et de la politique ?

Va-t-il au nom de la paix sociale avoir la main moins lourde si jamais le leader du PASTEF était reconnu coupable ou va-t-il aller dans le sens contraire, à moins qu’il ne le relaxe tout simplement ? Une chose est sûre, le nuit dernière aura été l’une des plus longues de l’histoire du Sénégal et la journée d’aujourd’hui s’annonce comme celle de tous les dangers.

 

Hugues Richard Sama

 

 

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Transition guinéenne: Le colonel Doumbouya marque le pas depuis 20 mois

Et voilà le mercure politique qui recommence à monter en Guinée ! Voici déjà deux mois qu’on n’avait pas entendu trop de bruit dans ce pays habitué aux manifestations souvent violentes qui ont parfois entraîné des dégâts matériels importants et des morts d’hommes comme en février dernier.

Mercredi 10 mai, les manifestants se sont rappelés aux bons souvenirs des autorités de la transition, notamment du colonel Mamady Doumbouya.

En effet, les Forces vives de Guinée (FVG), conglomérat de partis politiques et d’organisations de la société civile, avaient appelé à manifester, cela même contre l’avis de la puissance publique qui a interdit depuis mai 2022 ce genre de rassemblements. Comme lors des précédentes fois, l’opposition est passée outre l’oukase.

Conakry était, en raison de cela, quadrillée par les forces de l’ordre qui ont tenu à faire pièces aux velléités des forces vives de Guinée. Elles y seront parvenues quelque part même si, à défaut de se rassembler, les croquants se sont regroupés dans certains quartiers jugés favorables à l’opposition, où des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre.

Fort heureusement, on n’a déploré aucun mort, ce qui est suffisamment rare en Guinée pour ne pas être souligné.

Ces échauffourées interviennent après que les FVG se sont retirées des négociations qui étaient menées sous l’égide des leaders religieux guinéens au motif que leurs revendications n’ont pas été entendues. Les contestataires réclament, entre autres, le retour rapide à l’ordre constitutionnel, la suppression de l’interdiction de manifester et la libération de trois leaders de la société civile arrêtés par la junte.

Le dialogue de sourds continue donc entre les transitaires guinéens, dont on ne sait pas véritablement quel est le terminus, et leurs adversaires, déterminés à obtenir le plus tôt possible le départ des militaires du pouvoir.

Hélas, ça n’en prend pas le chemin. En septembre prochain, cela fera deux ans que l’ancien légionnaire aura renversé le président Alpha Condé, coupable d’avoir voulu pousser des racines sur le fauteuil présidentiel en s’octroyant un troisième mandat.

Malheureusement plus de 18 mois après, la transition semble s’enliser au point qu’on en vient à se demander si les autorités ont véritablement la volonté d’œuvrer à remettre la démocratie sur les rails et de retourner dans les casernes comme elles s’y étaient engagées. En octobre dernier, le président Doumbouya avait en effet promis de remettre le pouvoir aux civils dans un délai de deux ans, à compter de janvier 2023, mais on a de nombreuses raisons de douter du respect de ce calendrier. Ses contempteurs en tout cas n’entendent pas baisser la garde, puisqu’ils ont prévu une série de manifestations à partir d’aujourd’hui pour maintenir la pression. Mais si la journée d’hier s’est bien passée, la question se pose de savoir s’il en sera ainsi les jours à venir.

 

Hugues Richard Sama

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Soudan: Deux semaines en enfer

 

 Ça fait presque deux semaines que le Soudan est sous le feu de l’actualité. Cette fois-ci, ce ne sont pas des soudards en treillis qui martyrisent des manifestants civils aux mains nues qui ont le malheur de rêver à une démocratisation du pays après la chute d’Omar el-Bechir en avril 2019, c’est entre militaires que ça se passe, pour ne pas dire entre deux généraux.

Le patron de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, et Mohamed Hamdân Dogolo alias Hemedti, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), qui avaient pactisé pour prendre le pouvoir des mains des civils s’affrontent désormais dans les rues de Khartoum avec les conséquences dramatiques qu’on voit déjà. Depuis le 15 avril, les combats ont déjà fait, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 459 morts et plus de 4000 blessés, et des milliers d’habitants se retrouvent pris au piège.

Ce qu’on redoute maintenant, c’est l’embrasement général et que le pays sombre totalement dans la guerre civile.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’occasion faisant le larron, il est question maintenant d’évasions massives de détenus avec tous les risques supplémentaires sur la sécurité que cela comporte. Des centaines, voire des milliers de prisonniers se seraient ainsi fait la malle à travers tout le pays, dont Ahmed Harun, ancien ministre de l’Intérieur et recherché par la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2007 pour des crimes contre l’humanité commis au Darfour.

C’est dans ce cafouillis généralisé qu’un cessez-le-feu précaire a été signé par les deux parties. Un accord au forceps obtenu par les Etats-Unis, mais manifestement les belligérants ne sont pas prêts à enlever leur main de la gâchette puisque les combats ont repris hier mercredi, chaque partie accusant l’autre d’avoir violé l’accord.

A ce rythme, la seule question qui vaille la peine d’être posée, c’est de savoir qui, entre al-Burhane et Hemedti, viendra finalement à bout de l’autre. Entre la peste Al-Burhan et le choléra Hemedti, même s’il a beau être putschiste, Al-Burhan a au moins une certaine ‘’légitimité’’ puisqu’il est à la tête de l’Etat et des forces régulières alors que les FSR sont d’ex-rebelles devenus une véritable armée dans l’armée.

Quand on voit les scènes d’horreur qui circulent sur les réseaux sociaux, on tremble d’effroi pour ce peuple soudanais, victime une fois de plus de ses militaires, plus préoccupés par le pouvoir que par leurs missions régaliennes.

 

Hugues Richard Sama

 

 

 

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Sortie Abou Tarka contre le Burkina et le Mali : Mon général, remuez sept fois la langue avant de parler

Les oreilles d’Ibrahim Traoré et d’Assimi Goïta sont sûrement toujours en train de siffler présentement après la sortie malencontreuse du général de division nigérien Mamadou Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP).

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Soudan : Sauve-qui-peut général

 

Après 10 jours d’affrontements au centre de Khartoum et dans quelques-uns de ses faubourgs, la situation politique et sécuritaire reste des plus confuses au Soudan. Aucun des 2 camps antagonistes n’a franchement pris le dessus et les affrontements pourraient encore durer longtemps, les prémisses d’une guerre civile n’étant plus loin d’être réunies. De fait, la lutte pour le pouvoir entre les généraux Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdan Daglo alias Hemetti n’est pas loin d’embrasser tout le pays.

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